1995-005A

No. : 1995 – 005 (Photos des verrières : A et B)
(Photos du mur droite : C à M)
(Photos du mur gauche : N à Z1 et Z2, Z3)
(Photos du choeur : Z4 à Z10)

Titre : ‘’Le jardin de prière.’’

Dimension : Mur gauche, droite et le cœur peint. Le mur d’entrée est une verrière.

Matériaux : Fresques : Huile, encre, papier de soie, feuille d’or, vernis
Verrières : Verres teintés, étain, cuivre.

Catégorie : -

Note : Non

Commentaire et/ou explication :
***** (À la demande de Monseigneur Valois, (Contrairement a ce qui est rapporté dans les coupures de journaux, Mgr. a demandé à Monique, lors d’une rencontre entre elle et lui, de le suivre de son bureau et l’a conduit à sa chapelle, puis lui a demandé si elle accepterait d’y exécuter des murales et de revoir l’ensemble de la décoration.) Monique a peint des fresques sur les murs de la chapelle. Un des murs (celui de l’entrée de la chapelle) comporte des verrières de sa création. Les travaux débutèrent en 1988 et se terminèrent officiellement le 12 décembre 1995 à l’occasion d’un vernissage. Monique peignit la chapelle dans ses ‘’temps libres’’, trouvant ici et là quelques heures pratiquement toute les semaines pour avancer l’Œuvre. Elle fit aussi beaucoup de recherches, d’études, de consultations, de méditations et de prières tout au long de ce ‘’cheminement’’.
***** (Voici le texte qui a été lu lors du vernissage, je le transcris dans son intégralité parce qu’il contient toutes les références religieuses de l’œuvre ainsi que l’identification des personnages et la symbolique qui ce rattache au tout. Note : Chaque image sera situé individuellement.)

Décembre 1995



PRÉSENTATION


L’ŒUVRE PICTURALE ET LES VERRIÈRES
QUI COUVRENT LES MURS DE CETTE CHAPELLE
NE SONT PAS UNE DÉCORATION NI UME ORNEMENTATION

L’ARTISTE MONIQUE JARRY, QUI LES A FAITES
A VOULU RENDRE HOMMAGE
AU DIEU TROIS FOIS SAINT QU’ELLE ADORE ET QU’ELLE AIME,
A SON FILS JÉSUS, ET A LA VIERGE MARIE, SA MÈRE.

C’EST UNE ŒUVRE DIDACTIQUE ET ELLE FORME UN TOUT.
ELLE CÉLEBRE L’ŒUVRE MISÉRICORDIEUSE DU DIEU CRÉATEUR,
PÈRE, SAUVEUR ET LUMIÈRE DU MONDE.
ELLE TENTE D’ILLUSTRER LA GRANDEUR DU MYSTÈTREE DE SES CRÉATURES ET L’INDICIBLE MERVEILLE DE LEUR SALUT.
L’ARTISE A VOULU FAIRE DE CETTE ŒUVRE UN GEST
DE RECONNAISSANCE ET D’AFFECTION ENVERS L’ÉGLISE DE CE DIOCÈSE, SON ÉVÊQUE, MGR. CHARLES VALOIS,
ET TOUS LES FIDÈLES BAPTISÉS.

LOUANGE ET GLOIRE AU DIEU ÉTERNEL,
DANS LES SIÈCLES DES SIÈCLES,

AMEN.

***** (Page suivante)

De tout temps, la foi et l’art ont presque toujours collaboré en parfaite
harmonie pour transmettre au peuple chrétien la richesse et la beauté du
message de la foi. Certains pourront croire et dire que la religion
chrétienne n’est plus une source d’inspiration recherché par les artistes
actuels.

Nous avons ici sous les yeux la preuve évidente qu’une artiste, dont la
culture ne s’est pas fermée à la Révélation, peut encore y trouver une
source de création d’une grande richesse. Vingt siècles d’histoire d’une
foi vécue par les serviteurs et les servantes de Dieu ont accumulé des
trésors inépuisables offerts à ceux et celles qui veulent y puiser. En effets,
toute l’histoire du peuple chrétien a contribué à la compréhension de la
Révélation et à la manifestation de la beauté de l’œuvre de Dieu.

L’Église, bien consciente de cette complicité deux fois millénaire, reçoit
avec enthousiasme l’offre des artistes qui veulent et qui peuvent exprimer
dans des images et des symboles nouveaux l’invitation du Sauveur, faite
aux humains, à grandir jusqu’à lui.

Encore une fois, dans cette chapelle, l’art et la foi se sont retrouvés pour
notre édification.

* * *

***** (Page suivante)

INTRODUCTION


Les fresques de Monique Jarry, qui couvrent les murs de cette chapelle épiscopale, et les
verrières réalisées en collaboration avec Robert Stanton, sont le fruit d’une longue recherche et
de nombreuses consultations auprès de personnes compétentes. L’artiste a longuement réfléchi aux thèmes qui y sont traités et c’est dans une constante méditation amoureuse sur l’œuvre de son Sauveur qu’elle a puisé son inspiration. L’œuvre d’art véritable est toujours l’expression de toute une vie. L’artiste n’est pas une technicienne qui agirait coupée de sa production. C’est elle-même toute entière qui se donne dans son œuvre.

Les questions que ses recherches l’ont amenée à se poser n’ont pas toutes trouvé réponse. Questions sur la destinée des humains, la foi, le salut, le rachat…De telle sorte que cette œuvre est une recherche autant qu’une affirmation de la certitude de sa foi. Un artiste doit-il avoir trouvé toutes les réponses avant de créer ? À propos de la foi, saint Paul lui-même ne dit-il pas ‘’qu’en ce monde nous voyons comme dans un miroir, d’une manière confuse ?’’ (I Co 13, 12) Ce serait demander à l’artiste d’être coupé de la condition humaine que d’en exiger davantage.

L’œuvre ici présentée forme un tout unique dans son contenu religieux. Il s’agit d’un parcours de l’œuvre de Dieu, depuis la création jusqu’à la vision béatifique. Étonnante vocation de la communauté humaine qui, née de la matière et de l’Esprit, accompagnée des anges, protégée par Marie, guidée par Jésus, s’achemine vers une félicité éternelle.

Une œuvre de création étonne parfois. Celle-ci fait choc. Elle en déconcerte plusieurs… cependant, elle cache un mystère qui se révèle à qui se laisse habiter par l’œuvre même.

(Page 5)

L’ENTRÉE


LES DEUX VERRIÈRE QUI ENCADRENT LA PORTE D’ENTRÉE
LA CRÉATION DU MONDE ET L’ALLIANCE ENTRE DIEU ET L’HUMANITÉ


Du fond de l’abîme surgit l’acte trinitaire qui crée l’Univers.

Dès avant la Création, Dieu avait conçu toute l’aventure de l’Univers. La vie sortie de l’eau primitive s’est épanouie en mille formes jusqu’à l’humanité. Étrange mystère de humains, nés
de la matière inanimée et habités par une âme immortelle dans un corps mortel. Alors que le cœur de la rose (fait de métal) représente la matière dont nous sommes faits, les pétales blancs symbolisent l’âme, l’esprit qui fait notre grandeur. Les flammes rouges, dans la matière, signifient ce Dieu trinitaire se manifestant au cœur de la matière. Passage encore plus admirable : les hommes et les femmes, par l’eau du baptême, naissent à une vie nouvelle en Dieu. Les flammes bleues (le bleu pour Marie et l’humanité) représentent Jésus, Fils de Dieu, mais, par Marie, Homme parmi les hommes. Il a pu dire : ‘’Avant qu’Abraham existât, JE SUIS’ (Jn 13, 58). Mystère admirable ! À la suite de Jésus, l’humanité est appelée à une grandeur inespérée : la communion à la vie même de Dieu.

Les deux verrières identiques nous suggèrent ces hymnes de musique sacrée où un même thème se répète, se répond, se relance comme il s’en trouve, par exemple, dans les cantates de Bach.

Ces verrières expriment Dieu, Créateur du monde, Présent dans le monde, Sauveur du monde.

(Page 6)

LE MUR DROIT
VERRIÈRES, MURALE ET ÉCRITS
L’ENFANT ÉTERNEL, SA MÈRE ET LES ANGES

Scène étonnante, mystérieuse. Une trombe de feu aux couleurs divines descend du ciel,
apportant un enfant à la tenue et aux gestes militaires. Derrière lui, une troupe d’être qui ont quelque chose d’extra-terrestre. Le jeune commandant semble dire : ‘’Au nom de Dieu, suivez-moi ! A l’attaque !’’ Devant lui, comme dans un médaillon, une femme, recueillie, et près d’elle un personnage mystérieux qui semble lui parler à l’oreille.

Pour comprendre, retournons au récit de la création. Le Malin, le père du mensonge, avait saboté l’œuvre du Créateur. Il avait introduit dans le monde la révolte contre Dieu, l’orgueil, la désobéissance, la souffrance, la mort. Mais Dieu avait promis : ‘’Un jour la descendance de la femme t’écrasera la tête’’. (Gen. 3 ; 15) C’est ce jour qui est ici représenté.

A l’extrême gauche, on voit l’Archange Gabriel demandant à Marie si elle consent à devenir la mère de Dieu. Marie, dans le médaillon, accepte, recueillie et disponible.

Et Jésus paraît, accompagné des anges qui viennent combattre le Malin. ‘’Comme un géant, il s’élance joyeux pour sa course (Ps 19, 6b). Voici, Je viens, Ô Dieu pour faire ta volonté (HE 10, 7). Saint Michel, commandant des légions célestes, vient d’atterrir…Il y a sept anges, une totalité, une perfection du groupe. Leurs nimbes, rouge et or, les identifient au céleste, au divin. Le Fils, en rouge, est vraiment divin. Les cheveux blancs des personnages évoquent leur sagesse, leur spiritualité. La ligne bleue foncée, rappelle qu’ils ne sont pas de la terre, mais d’un autre monde, quoiqu’agissant sur la terre.

(Page 7)

C’est bien ainsi que la Bible nous décrit la condition humaine et son histoire. Tout au long de l’Ancien Testament, mais surtout dans le Nouveau Testament et particulièrement dans l’Apocalypse, on voit le Messie et les Anges venir au secours des humains pour les aider dans leur lutte contre le Mal.

Cette scène, où dominent l’or et le rouge, est céleste quoiqu’elle se passe sur la terre. Tous les personnages sont rassemblés autour de Jésus, l’Enfant Éternel, Roi et Sauveur. On y trouve l’agitation du feu céleste partout répandu : scène de guerre pour vaincre le Mal !

Le poème, sur le mur de droite, nous dit bien comment l’auteur a vécu cette œuvre et le sens très particulier de sa foi, de même que son identification au Christ et au sort des humains. ***** (Le poème se retrouve dans les photos de cette oeuvre.)

Ici, les verrières font monter de l’eau vivifiante, une prière, comme l’encens, vers l’Éternel.

(Page 8)

LE MUR GAUCHE
MURALE ET VERRIÈRES
LA COMMUNION DES SAINTS :
L’ÉGLISE MILITANTE ET TRIOMPHANTE
LE BAPTÊME

On peut dire que cette murale traite d’un sujet éminemment moderne. En effet, la Communion des Saints est essentiellement un système de communication et d’entraide spirituelles. Elle tente de montrer le peuple des humains, vivants et morts, en marche vers Dieu en lutte contre le Malin pour construire le Royaume du Christ. En ces temps ‘’d’égotisme’’, le serpent, comme au jardin d’Eden, propose le culte du moi. Jésus nous dit : ‘’Aimez-vous les uns les autres’’.

Toute la murale baigne dans le climat divin de ces quatre bandes rouges et or qui représentent les quatre évangiles. Le message et la vie exemplaire de Jésus, Homme-Dieu, sont les événements centraux de l’histoire du Salut.

Le poisson, symbole de Jésus dans l’Église primitive, nous rappelle la permanence de la foi dans le Christ Sauveur qui caractérise la communauté des croyants depuis 2000 ans.

Les silhouettes en bleu, au bas de la murale, représentent tous les humains. Certains ont l’air misérable, d’autres tendent la main vers les Saints comme pour obtenir de l’aide. Les reflets qui couvrent leurs corps ajoutent au tragique de leur situation. C’est l’évocation de la lutte continuelle entre les partisans du Malin, sans cesse, sèment partout dans le monde la haine, la cruauté, la violence, l’injustice, le mensonge sous toutes ses formes, en un mot, le mal, et les disciples de Jésus qui travaillent à bâtir le Royaume. Disciples se sentant parfois dépassés, impuissants comme Pierre dans la barque pendant la tempête. ‘’Seigneur, réveillez-vous’’.

(Page 9)

Comment ne pas douter et ne pas penser que le mal va triompher quand on regarde la situation actuelle de l’humanité ! Mais notre foi nous dit que la victoire du Bien est certaine.

Mais il y a aussi parmi ces faibles disciples, des saints, des personnes habitées par la force de Dieu. Chez nos contemporains, Mère Térésa, le Père J. Wrésinski qui a fondé Entraide Quart-Monde, Jean Vanier, et combien d’inconnus qui luttent vaillamment et victorieusement : c’est l’Église militante.

Ensuite viennent ceux que l’artiste a choisis pour représenter l’Église triomphante. Un choix qui n’est pas le fruit du hasard. Ce sont des saints importants et très significatifs pour notre époque. A gauche, c’est Thérèse de l’Enfant-Jésus, ‘’la petite Thérèse’’. On l’a surnommée ‘’la petite rose’’. Elle nous présente la croix où a souffert celui qu’elle aimait tant. Deux roses sur la croix nous font penser qu’elle accepta d’être crucifiée dans la vie quotidienne, par amour. Une sainte récente, ignorée pendant sa vie. Spécialité : l’amour, c’est tout. Et elle a promis de passer son Ciel à faire le bien sur la Terre.

La croix et ‘’le serpent qui brûle’’, que Moïse y avait cloué. Ceux qui avaient été piqués par un serpent venimeux guérissaient s’ils regardaient le serpent cloué à la croix. Annonce évidente du salut par la croix de Jésus. (La pointe au bout d’un bras de la croix est une signature que Monique met toujours dans ses œuvres)

Après la croix, François d’Assise, le pauvre, qui allait par les chemins annonçant l’amour de Dieu et la beauté du monde. L’écologiste, non par la loi, mais par la découverte de la beauté de l’œuvre de Dieu. Le frère de tous les humains et des animaux, surtout celui des oiseaux qui chantent la gloire de Dieu. On voit deux oiseaux devant lui.

(Page 10)

Ensuite, Catherine de Sienne, morte en 1380. A 18 ans, elle commence à s’occuper des pauvres et des malades et rassemble autour d’elle des compagnes et des compagnons. Elle devint conseillère de deux Papes bien qu’elle soit morte à 33 ans. Elle travailla beaucoup à la réforme de l’Église, au retour du Pape d’Avignon à Rome, à la pacification de l’Italie divisée en plusieurs petits royaumes sans cesse en guerre. Elle eut une influence religieuse considérable autour d’elle pendant sa vie et après sa mort. Elle n’écrivit qu’un seul livre, mais le Pape Paul VI la déclara Docteur de l’Église universelle comme Thérèse d’Avila. Aujourd’hui, les femmes veulent jouer un rôle important et reconnu au sein de l’Église. Catherine est un modèle par son rôle dans l’Église et la société de son temps.

Jean de Damas, ou Damascène, à droite du groupe, une main tendue sur une icône de Jean-Baptiste, notre patron national.

Jean a vécu à Jérusalem où il fut évêque. Il est mort en 750. Il était musicien, poète (on dirait aujourd’hui chansonnier), orateur et écrivain.

Certains chrétiens intégristes répandirent l’idée que Dieu, dans la Bible, interdit de faire des représentations du monde visible et invisible. (Ex. 20 ;4) Certains évêques les suivirent et l’empereur d’Orient les appuya de toute sa puissance. Jean Damascène entrepris de combattre ces gens qu’on appela les iconoclastes (briseurs d’icônes). Il réussit à arrêter ce mouvement et il formula la doctrine des images. Il est patrons des artistes peintres et sculpteurs.

Il combattit aussi l’empereur parce qu’il voulait diriger la religion : nommer les évêques et les destituer, interdire les images, etc. Jean a formulé la doctrine de la séparation de l’Église et de l’État.

(Page 11)

Au centre de la murale on voit le Christ transfiguré. Les couleurs divines de rouge et or se confondent. Cet homme-Dieu, parfait serviteur du Père, montre ainsi la récompense qui est promise à ceux et celles qui, à sa suite, auront livré le bon combat.

Près de la croix, ‘’le buisson ardent’’ (Ex. 3, 4 ; Act. 7, 30), d’où Dieu demanda à Moïse de retourner en Égypte pour délivrer son peuple. De même, Dieu a envoyé son Fils pour nous libérer du malin. C’est l’évocation de la présence du Dieu-Père auprès de son Peuple.

A l’extrémité droite de la murale, il y a une jeune fille dans un environnement faisant évidemment allusion au baptême. L’eau, la colombe, la jeune fille : une nouvelle baptisée… enfant de Dieu. Sa tenue vestimentaire rappelle l’Acadie traditionnelle. Patrie de l’artiste.

Cette murale porte un message d’entraide et d’action. L’action de Dieu, l’action des fidèles, l’action des saints et saintes, tous unis pour construire le Royaume. Les saints et saintes sont proposés comme modèles. Ces exemples réels, vécus, peuvent faire beaucoup pour l’éducation chrétienne des jeunes, nous dit l’auteure.

(Page 12)

LE CŒUR
LE CIEL

En pénétrant dans l’enceinte de l’autel, nous nous retrouvons au cœur du mystère. L’artiste a voulu exprimer l’inexprimable : la vision béatifique au terme de la vie humaine et l’impossibilité de l’atteindre par nos seuls moyens. Dieu a bien voulu se révéler à nous dans l’éblouissement de sa transcendance, mais, ‘’c’est comme à travers un miroir, d’une manière confuse que nous la percevons (I Co 13, 12).

Mais comment illustrer ce qu’il y a derrière le miroir ? Quelle forme, quelle couleur choisir ? Le dénuement du cœur, par rapport aux murales de gauche et de droite, dit bien notre incapacité à imaginer l’Au-delà. Sur des blocs aux formes imprécises – évocation de la difficulté d’entrer dans le mystère, d’en cerner la profondeur -, l’artiste passe du blanc, signe de l’impuissance à saisir ce mystère par les couleurs grisées (bleu et rose) du doute qui assaille les humains, en ajoutant une touche de brun pour la condition de pêcheurs (celle du vitrail). Mais, en même temps, il y a une luminosité : les blocs jaunes et le puis de lumière évoquant la vision béatifique qui nous est promise.

Depuis le début des temps, les humains veulent savoir, comprendre, dominer les mystères de la nature sans jamais y parvenir vraiment. Mais c’est encore bien plus les mystères de l’Invisible qu’ils voudraient posséder. Impossible ! Seule la foi qui est ‘’la certitude de l’Invisible’’ (HE 2, 1), nous dit saint Paul, soutient notre confiance en ces réalités, sans que nous puissions jamais les voir. Sans cette confiance, les humains imaginent et inventent mille religions et croyances pour dominer et asservir l’Invisible. Ici-bas, la seule façon de voir Dieu, c’est dans les autres. ‘’Tout ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens…’’ (Mt 25, 40). Cette parole de Jésus est en transparence, à gauche, tout en haut du mur.

(Page 13)

Pourtant, le Ciel nous sera donné gratuitement par pure miséricorde sans qu’on ait mérité un don aussi incroyable. ‘’Dites seulement une parole…et je serai guérie’’ (Mt 5, 8), inscription à droite du tabernacle. Sans cette parole, nul ne peut y parvenir. Tout est grâce ! Tout est don ! Tout est mystère ! Les trois branches d’olivier, de part et d'autre de la verrière, sont des symboles de la Trinité et du Salut.

Comme pour Moïse sur le mont Horeb, comme les apôtres sur le Thabor, le sanctuaire est un lieu sacré, un lieu de la rencontre avec Dieu. Ce lieu semble terrible parce qu’inconnu. La Nature est absorbée, subsumée par l’Invisible qui l’assume. Devant le Tout Autre, on ne peut qu’adorer, se recueillir, supplier, se convertir, s’offrir. C’est ce qu’exprime le vitrail central. Au-delà du miroir, au-delà des perceptions confuses d’ici-bas, une lumière éblouissante nous attend. Elle nous a été promise par la rencontre du Christ lumineux de la transfiguration, le Christ Ressuscité !

LE VITRAIL DU CŒUR :

Cette verrière résume excellemment notre sort actuel et futur. Humilité et grandeur. Maintenant prier, nous convertir. Au Ciel, nous voilerons notre visage devant l’éblouissement de la Vision béatifique, comme la personne représentée par le vitrail.

Ses mains tendues sont aussi un geste de supplication au Soleil divin de l’Amour (les deux cercles rouges) pour qu’il nous éclaire, nous réchauffe et donne à nos mains le pouvoir de répandre l’Amour pour la gloire de Dieu et le Salut du monde. Et pour cela, que notre amour ait des mains. ***** (Cette verrière est une reproduction d’un fusain de Monique : Réf. : Voir les nos. : 1977040 à 080.)

ENVOI


Mme Monique Jarry s’était donnée ici un projet immense et très difficile : exprimer sa foi et formuler le mystère de la destinée humaine. Elle avait aussi rêvé d’une création artistique considérable. Elle y a consacré tout son talent, tout son cœur, toutes ses forces. Elle dit : ‘’L’artiste participe à la création à hauteur de ses humbles moyens, il accompagne Dieu et Dieu l’accompagne’’.

Accueillons cette œuvre et son auteur avec confiance et ouverture. L’œuvre artistique est appel à la contemplation. Pour qui se donne de se laisser habiter par elle, l’œuvre devient catéchèse, prière, interpellation religieuse. ‘’UN jardin de prière’’, comme le suggère l’artiste.

La chapelle est un lieu de silence, de méditation. Cette œuvre invite au combat, à la lutte, au travail pour bâtir le Royaume. Cela ne convient-il pas à notre époque ? L’invitation nous est faite d’entrer dans ce ‘’jardin de prière’’ pour nous préparer à militer et à nous engager.

QUE DIEU NOUS SOIT EN AIDE !

Gérard Lemay

Texte rédigé après avoir longuement conversé avec l’artiste Monique Jarry


11 décembre 1995

***** (Page suivante)


SYMBOLES et ÉVOCATIONS

1. LES COULEURS :

A - BLANC : l’âme,
la sagesse, l’intelligence (comme les cheveux des anges)
l’esprit, la spiritualité,
l’impuissance (comme dans le cœur, l’humain est impuissant à
atteindre Dieu).

B - BLEU : l’humanité,
le monde créé, le monde mêlé à la matière,
l’humanité de Jésus,
Marie qui a donné son humanité au Christ.

C - BLEU TRÈS FONCÉ :
dans la murale des anges, elle sépare ce qui du Ciel et de ce qui
est de la Terre.

D - LE ROUGE : la divinité, tout ce qui est divin. (Les langues de feu)

E - LE JAUNE : le surnaturel, le divin aussi, le céleste.

F - LE BRUN : la pénitence.

Les couleurs rouge et jaune dominent évidemment ici.

2 . L’EAU : la vie, les début de la vie, le baptême.

3 . LE POISSON : Jésus, en grec, signifie poisson et contient les lettres.

I pour Jésus pour Jésus
C pour kristos pour Christ
T pour téos pour Dieu
U pour uios pour fils
S pour soter pour sauveur

4 . LE BUISSON ARDENT :
Le Père a décidé de mettre fin aux souffrances de son peuple.

5 . LE SERPENT BRÛLANT SUR LA CROIX :
Celui qui regardera le serpent ne mourra pas. Comme celui qui
regardera Jésus en croix ne mourra pas.

6 . LES ROSES : Sainte Thérèse.

7 . LA COLOMBE SUR LA TÊTE DE LA JEUNE FILLE :
Le Saint-Esprit au baptême.

8 . LES BRANCHES DU CŒUR : La Trinité avec des feuilles rouges (divinité).

9 . L’OR : la grâce. (Sur les colonnes.)
10 . LE SOLEIL : Dieu.

***** (Réf. Bio. Page : 2681 : Dossier, ‘’La chapelle épiscopale de l’Évêque’’.)
***** (Pour terminer cette fiche, voici maintenant le poème composé par Monique et qui est affiché sur le mur de la chapelle :

SEIGNEUR, VOICI NOTRE JARDIN DE PRIÈRE

J’ai souvent choisi de peindre
Pour déguiser ma pensée
Car ma voix pourrait te révéler
Et mon peuple était en colère contre toi.

Je pensais que son cœur s’apaiserait bientôt
Comme il en va si souvent des émotions ;
Vive flambée muette, révoltée et brève,
Car mon peuple souvent ne sait pas se dire.

Les ans ont passé
De métaphore et contre- point
En ésotérisme et contre- façon
J’ai perdu la clé de ma propre symbolique.

Un long chemin d’isolement s’alourdissait sur moi ;
Je marchais en souriant pour les enfants
Comme me l«’avaient appris mes ancêtres.

Puis nos enfants grandirent.
Leur silence n’en était plus un d’impuissance
Mais de froide colère.
Toute allusion à ton Nom attisait la haine.

Notre peuple avait l’oreille fine :
Un silence, une discrétion au moment propice
Et l’anathème m’était craché au visage.
Je ne peignais plus depuis longtemps.

Je portais encore les costumes nationaux, le menton haut
Je savais que mon inaltérable enthousiasme s’effritait au creux de mon être.
Mais au lieu de comprendre, je me mis à souffrir ;
Sous l’assaut de mes amis, je sentais que ce n’était plus l’artiste que l’on visait.

Mon originalité servait de caution…
Je souriais davantage, mais en silence désormais.
Sous le front fier de mes ancêtres
L’inquiétude en était venue à me définir.

Comme une somnambule, je me mis à marcher.
Insidieusement, l’inquiétude avait engourdi mon esprit.
Ton Nom s’absentait de moi au même rythme que moi-même
Jusqu’au jour où je constatai que je ne voyais même plus mes mains.

Je ne désirais pas mourir ;
Je regrettais d’être.
L’acrimonie de mon peuple
Était la couleur des jours et ne me frappait plus.

J’avais perdu mon langage
Sans l’avoir réalisé.
Mais voici que le tien me revint :
‘’Père, pourquoi m’as-tu abandonnée ?’’

Avec ce geste de détresse ouvertement affirmé
Un tout nouveau sourire naquit sur ma face,
Sourire triste et tremblant, mais sincère.
Des jours et des jours, je répétais tes mots.

Du fond de la retraite
Où je m’étais réfugiée
Depuis le temps
Où je m’étais ramassée en pièces, disloquée.

Un triste sourie de complicité,
Mais une tristesse à visage humain,
Qui me réconfortait.
Quand je vis que j’étais au désert : je me mis à hurler.

‘’Seigneur, écartez de moi ce calice !’’
‘’Seigneur, écartez de moi ce calice !’’
Du creux de ma tristesse, une petite joie incompréhensible
M’habitait doucement ; car j’avais crié vers Dieu.

Jamais je n’avais pensé qu’une simple personne comme moi
Puisse crier vers Dieu
Dans un élan sans retour.
Que je n’oublie jamais ce jour !

A voix haute, je répétais sans cesse et chaque jour tes mots.
L’image me revenait, je voyais des couleurs.
Un violet extraordinaire et de vieux oliviers.
‘’Dieu, écarte de moi ce calice’’… et peu à peu cela souriait du dedans…Si tu le veux…
Mais ta volonté vaudrait mieux
Car la mienne n’a plus l’air de rien.

Après être restée en ton sein
Avec ces seuls mots
Pendant un temps…qu’il ne me tardait pas d’interrompre,
J’ai compris ce qu’était le désert et je l’ai aimé.

Lorsque je suis venue au monde,
C’est toi qui tenais mes pinceaux,
Notre symbolique .tait devenue mon langage
Et j’ai vu plus de désolation dehors qu’au désert.

Il y a beaucoup à peindre
Pour qui parle sa propre image
Et ne se laisse pas déconstruire
En s’y camouflant.

Sans aucun mérite
Je suis limpide dans ma joie et mes faiblesses
Car je vis de ton cœur
Qui bat en place du mien.

Le 20 décembre 1988 Monique Jarry)

1995-005A : Deux verrières qui encadrent la porte d’entrée.

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