1975-015

TEXTES SUR L'ART : Image numéro 1975-015.
De la page 201 à la page 240.


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rien n’était encore arrivé puis déjà avec mes
amis on en avait des ‘’idées’’ sur la vie ! ! !
N’empêche que si la vie ça aurait pas été la vie
pis que c’aurait été nos idées, en tout cas
ça aurait sûrement pas pu aller plus mal !

Moi, j’avais l’instinct de cabane’’, ce que j’appelle
l’instinct-de-cabane-dans-les-arbres.
Quand on était petites, envoyée dehors de bonne
heure puis je me proposais pour construire des
cabanes à mes sœurs puis à toutes mes amies.
Tous les vieux rideaux des femmes de la rue
y passaient, puis toutes les épingles à linge
de ma mère. Je faisais des cabanes terribles avec
ça puis des cordes.
L’après-midi quand y avait plus de cabanes à faire,
puis que tout le monde jouait-à-mère…
à un moment donné j’avais inventé l’idée de
faire un théâtre dans la cour…les bancs, c’était
des vieux poteaux de téléphone cordés un derrière l’autre
puis le prix d’entrée c’était ‘’DES ÉPINGLES À
LINGE’’…pour ma mère…(a venait tannée d’en
manquer avec mes instincts- de- cabane)

plus tard quand j’avais dans les 13 – 14 ans,
quand j’étais beatnik,
j’avais parti un théâtre de poche dans la cave
de mon chum. Toujours l’instinct de cabane
…puis l’instinct- de- rêve…
…’’l’instinct de rêve’’…
en tout cas que je t’aurais des envies de me
redévelopper l’instinct- de- rêve…pour que
ça donne d’être réaliste !
après tout quand une place convient pas
on change de crèche, non ? Pis moi dans
vraie vie je suis ‘’incompétente’’
personne se sent à l’aise d’être incompétent
non ?
Ha ! puis la vraie vie, qui la garde donc pour

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eux autres, qu’est-ce que j’en ai à foutre, j’y ai
été, ha ! ça personne pourra me reprocher de pas
y avoir été, puis MOI, LA VRAIE VIE, ET BEN
MOI, J’AI MÊME PAS AIMÉ ÇA.
C’est vrai non ? Qu’est-ce que j’en ai à foutre
de m’en faire parce que je serais incompétente
dans une affaire que j’aime même pas.
Puis à par de ça, qu’est-ce que j’en ai à foutre
d’avoir peut-être été vraiment aimée par du monde
que j’admire même pas, pis même qu’ils
font plein d’affaires que si c’était moi qui les
faisais ces affaires là, ben j’aurais honte de moi.
Pis à par de ça, l’amour, là, ben moi là,
l’amour c’est la dernière affaire dont j’ai
besoin d’ici à fin de mes jours, d’ici à ma
mort.
Ben c’est vrai non ? à force d’aimer crime ! !...
…l’amour, l’amour, l’amour c’est ben
beau mais la VIE ?
Regarde, moi par exemple là, j’ai trente-deux
ans de faites, hen ? Bon on est supposé
d’être ici pour à peu près 80 ans, quoi ?
Ben moi, 32 ans, là, ben ça passé ‘’clic’’ comme
ça, hen ! Ça fait que je vois pas pourquoi je
pourrais m’imaginer qu’une cinquantaine d’années
pourraient durer toute l’éternité –
pis la réincarnation, ça, c’est pas garantie, les amies !
Ça fait que moi, là, je trouve que dans vie
y a rien d’autre à faire que vivre.
Dans mort, on mourra, ou je sais pas quoi,
mais dans vie, moi, j’ai toute mon temps à moi
pour vivre.
Hi ! Hi ! Hi ! ,
Ils disent tout le temps : ‘’LE TEMPS c’est de l’argent’’
puis ils se pitchent comme des fous à gauche et à droite
comme des girouettes
Hi ! Hi !
Pourquoi les contre dire (sont si fragiles, c’est vrai hen !)
Tu contredis un gars et flac le v’là tout à l’envers.

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( hon ! (devrais pas dire ton jock de commère sur l’oreiller…
peux pas m’en empêcher…) hi ! les gars c’est tellement fragile,
un mot de trop ou un mot de pas assez et chlac, hen,
tombée la ‘’virilité, puis c’est sérieux hen, leur affaire
de virilité là c’est TOUT hen pour eux autres, une virilité
là quand ça…’’FLÉCHIT’’ (ramollit) ça se remonte plus comme
ça après). En tout cas moi je suis pas pour être la mère de tout mes maris.
Je suis rien que leur femme après tout, pas leur psychiatre. L’affaire
de ‘’je te prends dans le sens du poil, dans tes bons jours’’ –
eux autres puis leurs histoires de leurs bons jours
puis de leurs mauvais jours – Passer son temps à prendre
le monde avec des pincettes ça prend du temps.
Puis justement, c’est ce que je disais, ils disent
que ‘’le temps c’est de l’argent’’ ?
Et bien, ça m’adonne bien parce que
justement, j’ai peut-être pas grand-chose
d’autre MAIS DE TEMPS J’EN AI
Pas folle la guêpe ! Je viens de trouver c’ te
mine d’or-là inespérée je suis pas pour
commencer à me garocher puis
à toute la gaspiller pour n’importe quoi pis n’importe qui.
Quand je veux me pitcher à la dépense j’ai plein
de folies à faire pour moi puis pour ma fille.
Ma fille puis moi maintenant
on a de plus en plus l’instinct- de- cabane- dins-
arbres, puis l’instinct-de rêve ensemble.
Une sur l’autre on se rempire de plus en plus.
M’étonnerait pas qu’on en vienne à
‘’flober’’ toute notre vie RIEN QU’À VIVRE.

-------------------------

Alice Phase ‘’5’’ : Le contrat

Monique – (donner la lettre cachetée à Cybèle)

Cyb – (ouvre la lettre et commence à haute voix : )

‘’ 22 mai 1980

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à ma fille,…
…(le reste murmuré)………..
Monique - …et n’oublie pas
1

22 mai 1980

À ma fille,

…………………………………………………………
…………………………………………

2

…………………………………………………………
…………………………………………………………
…………………………………………………………
…………………………………………………………
…………………………………………………………
………………………………………………….............
.......................................................

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3
…………………………………………………………
…………………………………………………………
……………………………………………………
tant mieux
si nous avons compris plus vite que
‘’gagner pour gagner’’ n’est rien
en soi.
Nous, c’est le bonheur qu’on veut,
pas moins.

_ ‘’LE BONHEUR
OU
RIEN’’
ya rien de trop beau
pour nous
autres !



- …et n’oublie pas que
vivre, ça compte,
jouir, ça compte.

Tu viens juste d’arriver !

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Le maquis aura pour ton adolescence
Une saveur exaltante de guérilla.

Deux règlements mènent tout ici.

Premièrement, on signe et on revendique
chacun de nos coups.
Et voilà pour assouvir ton besoin
de t’imposer globalement,
toi, avec tout ce que tu penses,
ce que tu fais
ce que tu es.

Deuxièmement, quand on s’entre-donne
le O.K. sur un point, une action,
après coup, quoiqu’il advienne, on
l’endosse toutes ensemble CONJOINTEMENT et SOLIDAIREMENT

Ça, ça veut dire : pas besoin d’avoir
peur du ‘’lâchage’’ genre ‘’Ha, arrange-toi
avec tes troubles, maintenant ; c’était
ton idée, pas la mienne’’ etc, etc…
c’est ça des vrais maquisardes dignes
de ce beau mot.
Et voilà pour alimenter les goûts de
grande solidarité de ton adolescence.

Tu vois, tes vrais amis seront les nôtres.
Et, celles de mes amies que je te présenterai
comme de vraies maquisardes,
tu pourras te dire en toute confiance,
qu’elles sont tes amies.

N’oublie jamais qu’on ne peut pas
donner ce qu’on n’a pas.
Être engagée, faut pas se tromper,
quoiqu’ils en disent, être engagée,
ça ne veut pas dire quitter un esclavage

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pour s’aliéner dans un autre.
Seul le bonheur est séditieux.

Rappelle-toi qu’on entre au maquis
pour agir plus en sécurité ; ce n’est
certainement pas pour devenir martyr,
même pour une cause.

Il n’est pas question de mourir
pour ce qu’on aime. On va peut-être
vivre pour ce qu’on aime, mais
certainement pas en mourir.

De toute façon, ne t’inquiète pas,
on t’en parlera au fur et à mesure.

C’est si excitant de devenir heureuse
et active, tu vas voir.
Comme je disais ‘’y a pas de presse, du
TEMPS, on en a !’’.

Les autres ?
Les autres du vaste monde ?
Et bien, c’est de leurs troubles.
Il faut formuler nos prises de conscience
et les communique.
Seulement, on ne peut PAS vivre
pour les autres.
Alors, vois-tu, les autres, s’ils se
lassent enfin de leur stress, leurs embolies,
leurs insomnies, leur
défaillances-cardiaques-à-40 ans ;
s’ils se lassent de leurs angoisses
et leur solitude,
alors à ce moment-là, ils n’auront
qu’à se…’’grouiller’’ eux autres aussi,
comme on le fait nous-mêmes,
se remettre en question,
se saisir et humblement tout

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reprendre à zéro.

(Ne t’inquiètes pas ; ‘’ça ne les
tuera pas tes chums’’.)

Quand à nous, et bien ‘’tant mieux
pour nous’’ si on a compris plus
vite que ‘’gagner pour gagner’’
n’est rien en soi.
Nous, c’est le bonheur
qu’on veut, pas moins.

‘’Le bonheur ou rien’’, y a rien
de trop beau pour nous autres.

----------

***** ( Je ne sais pas où situer ce texte ; cela fait vingt-sept ans …la mémoire… Celui-ci pourrait en effet être la fin ;
la conclusion. Quoique, Monique, dans un autre écrit dit que la performance ce termine sur : ‘’Mieux vaut mieux
n’importe quoi et vivant que quoi que ce soit et mort…peut-être…’’)



Les filles vous m’avez révélée
à moi-même ! ! !

Depuis le temps que je me voyais
humoristique !
Et tous mes maris qui s’en lavaient
les mains en prétendant mon
humour ‘’hermétique ! ! ! !

Je – Ha ! ben (Sagouine des temps modernes, gaillarde presqu’À LA FRANÇAISE)

Moé, j’ai commencé dans la
Construction les filles…
Etc…etc…

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Intervient – ‘’Pourquoi ?’’

Je – Ben comme j’étais
meilleure dans le glaçage à gâteau
que dans le soignage de chats
et souris ou dans l’enseignage
de philos et technos…
alors la maçonnerie le plâtrage
et l’ciment me semblait tout
indiqué. C’était ce qu’il y avait
alors de plus simple et plus facile
quoi !

intervient – ‘’De plus facile ?’’

Je - Ben oui quoi ! Ha bien sûr ça prend
du nerf, la provocation et la promiscuité
la profession est envahie de ces mecs
bien sûr ! Ça travail le torse nu,
le muscle à l’air, et la sueur fumante
…qu’ y a ça…

etc…

etc. les difficultés de la profession
ex : le temps que ça prend à négocier le moindre
emprunt…les gérances de banques etc
envahies par ces mecs… tu peux pas parler
directement de ce que tu veux qu’il te prépare
faut les prendre par les sentiments
les compliments, le sentiment de leur
importance,. D’ailleurs (ton pontifiant)
plus le mec est enfermé hors de la vie,
dans un bureau vitré, hors de l’action
plus faut être ‘’di- plo- ma- te’’ –
tu vois le genre de mec- de- lux, habit
cravate, after shave et tout et tout
et bla-bla-bla…etc
mais non, je ne veux rien gérant, je veux simplement

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ce qu’il me faut pour réussir etc, etc, etc…

- non mais on dirait
qu’tu t’imagine que j’mene
une double vie, crime ! ?
Voir si deux rôles seulement
pourraient me contenir !
Je veux pas mourir sans avoir
vécu, moi !
Deux, trois, quatre, puis cinq
Vies,…au moins,
Avec tout ce qu’il faut pas
montrer, ce qui ne se dit pas,
ce qui ne ce fait pas et patati
et patata dans chaque gang
faut faire partie d’au moins
quatre, cinq gang pour
pouvoir exister un peu, pouvoir s’exprimer
à peu près normalement, convenablement !

Ha mes amies, si j’avais
connu l’instruction !
Ma, qué ! La plus belle petite
diplômée fignolée que j’aurais été.

- Calisse !
Réveillez-vous torrieu
Sont toute là comme si
qu’on était éternel !
Ousque tez toué, mon père
Ousque tez toué ma mère
Quesce que je parle là, icitte,
c’est l’histoire
s-Pas toute notre vie
on ai pas juss l’histouère
câlisse.
Ma mère, mon père ! ! Ousque vous êtes ?
Vous voyez pas
qu’ c’est nott vie qui passe

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Nott seule vie à nu autre

(l’histoire elle, à sera toujours
là…(bas))

* - les deux images 2 - à Robert – la fille et le taureau
1 – la femme et l’offrande

***** (Fin du dossier ‘’Performance, théâtre expérimental des femmes’’.)

----------------------------------------

***** (Bio., page : 973) (1981) (Ce dossier va de la page 211 à 252)

***** (DOSSIER : Monique a composée ce petit livre (‘’Cours d’art pour aînés.’’) pour ma grand-mère, celle-ci lui
avait demandée de lui donner des cours d’art. N’habitant pas dans la même ville, il devenait difficile de la rencontrer
à toutes les semaines. Alors, Monique a écrit (manuscrit) sa méthode de cours (incluant réflexions et exercices) dans
un petit cahier ‘’enjolivé’’ et l’a offert à ma grand-mère pour qu’elle puisse continuer par elle-même tout en ayant
des conversations téléphoniques d’appoint. Monique et ma grand-mère ont entretenu des liens d’amitié spontanés
dès leur première rencontre. L’essentiel de sa méthode s’applique à tous les groupes d’âge, la présentation en est
modifiée en fonction du groupe d’âge à qui il s’adresse. Monique a aussi observé que sa méthode n’obtient pas de
résultats significatifs enseignés aux enfants de moins de dix ans. Note : je respecterai la pagination de ce texte et
aussi les changements de ligne.)




16 juin 1981

À Marie-Jeanne Stanton,
ma grand-mère.

***** (Page suivante)

L’art est une philosophie
et
la peinture

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est
un Langage.

***** (Page suivante)

Trouver les images pour le dire.

(Page suivante)

1
Première série
d’exercices

COMMENT VOIR

* Pensez que le
fusain peut faire
des lignes larges
ou fines, très
noires ou grises
pâles ou encore
des masses ou
des ombres
tout dépend de
comment vous
vous l’appliquez
et combien vous pesez. Utilisez le
fixatif

***** (Page suivante)

Créer, c’est
SAVOIR CHOISIR

SAVOIR DISTINGUER
SES PENSÉES

***** (Page suivante)

Page 213

1 . Choisissez un mot
représentant une
chose abstraite

ex. :
Prenez ce mot comme
titre pour exécuter
un dessin RAPIDE au
fusain.

2 . Choisissez un mot
représentant une
chose concrète

ex. : idem

3 . Choisissez un mot
représentant un
sentiment concret

ex. : idem

4 . Choisissez un mot
représentant un
sentiment abstrait

ex. : idem

***** (Page suivante)

DE QUOI SONT REM-
PLIS LES FORMES ET
LES ESPACES

5 . Prendre un pouce
carré de chacun des
quatre premiers
dessins et l’agrandir
à la grandeur de

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la page, comme
si vous le voyer
au microscope.

Si vous ne voyez pas
assez de choses pour
que votre page n’ait
pas l’air vide, prenez
un ‘’microscope’’ plus
gros et agrandissez

***** (Page suivante)

encore un pouce
de votre essai sur
une autre grande
feuille

. Vous savez que vous
auriez pu choisir
n’importe quel endroit
(de un pouce) de vos des-
sins du début pour faire
vos études d’agrandisse-
ment.

***** (Page suivante)

ÉTOFFER UN SUJET

***** (Page suivante)

6. Enfin, choisissez
maintenant l’un
de vos quatre thèmes
du début, celui dont
le sujet signifie le
plus pour vous
ET À LA LUMIÈRE de

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l’expérience que vous
venez d’acquérir,
refaites une peinture
(couleur) avec ce même
thème.

* lire notes aux pages suivantes –

***** (Page suivante)

NOTES :

8 Quand on dit :
‘’reprenez ce thème’’
en couleur par
exemple,
cela ne veut pas
dire de recopier
le MÊME dessin,
mais de garder
le même sujet-thème
et de refaire une
autre image, comme
pour montrer un au-
tre aspect de la même
question.

***** (Page suivante)

* à la gouache :
mélangez les cou-
leurs de base ou
couleurs primaires (rouge, jaune, bleu)
pour obtenir
vos couleurs secon-
daires (jaune+bleu=vert, rouge+bleu=violet, jaune+rouge=oranger.)

* quand vous faites un
mélange : commencer

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TOUJOURS par prendre
la couleur la plus pâle
pour y ajouter à très

***** (Page suivante)

petite dose la couleur
la plus foncée

*bonne chance*

***** (Page suivante)

II

ART
Toujours doser son effort :
une part de réflexion
et une part d’exécution.

PHILOSOPHIE
DE L’ART

***** (Page suivante)

Vous savez qu’à
voir au microscope,
c’est-à-dire ‘’à y
regarder de plus près’’
vous avez découvert
bien des lignes et
des couleurs qu’on
ne voit pas au pre-
mier coup d’œil,
les mystères cachés
qu’il y a dans toute
image, ces secrets

***** (Page suivante)

Page 217

que l’homme de la
rue ne voit pas,
ne sait pas voir
dans la nature
et dans la vie,
mais que
‘’l’œil-amoureux-
sur-le-monde’’,
l’œil du cœur et
de l’imagination,
cet œil de l’artiste
peut découvrir.

***** (Page suivante)

L’œuvre de l’artiste
créateur est de mon-
ter à l’aide de
lignes, formes, cou-
leurs, tout ce que
son cœur, son
imagination, sa
sensibilité, sa per-
sonnalité propre
lui permettent de
percevoir, saisir,
imaginer, mais

***** (Page suivante)

que la vie pratique
et quotidienne
ne permettent
pas toujours d’ex-
primer.

***** (Page suivante)

Page 218

Donc, si le but
de l’artisanat (tous
les artisanats, autant
la cuisine, que le tricot,
que la tapisserie ou le fer
forgé ou le verre, etc…)
si le but de l’artisan-
nat est d’apprendre,
conserver et amélio-
rer une technique
pour en faire un
produit beau, bon
et/ou utile,

***** (Page suivante)

le but de la
création pure
comme la peinture
par exemple est
un peut différent.

*

Le but de la pein-
ture est le suivant :
en utilisant des tech-
niques, si on en a
en en inventant,

***** (Page suivante)

si on n’en a pas ou
si on en a envie,
comme ça nous tente,
et quand ça nous tente,
on essaie d’exprimer
ce qui ne se dit pas
mais qui existe pour-

Page 219

tant.

Par exemple : un
beau coucher de soleil,
ça peut se photographier
MAIS les sentiments

***** (Page suivante)

que l’on éprouve
devant ce coucher de
soleil et les idées qui
nous viennent alors
comme si ce beau
coucher de soleil nous
faisait justement,
sans trop que l’on
sache pourquoi,
penser à ceci ou cela…
…un jour le cou-
cher de soleil nous
donne un grand
sentiment de paix

***** (Page suivante)

et de sérénité, un au-
tre instant au con-
traire, il nous fait
frissonner comme si
on se sentait in-
quiète, …un autre
jour, il nous fait
nous rappeler de
quelqu’un que l’on
a aimé bien fort un
instant jadis, ou
d’un objet dont on
avait remarqué

Page 220

***** (Page suivante)

la beauté, dans le
temps, c’était une
maison, ou…c’était
une petite dentelle de
couleur au bord d’une
nappe ou d’un vête-
ment, ou…c’était
un sapin brillant
de glace, un hiver…
oui, oui,…on se sou-
vient, c’était juste-
ment au coucher
du soleil, et notre

***** (Page suivante)

pensée se poursuit,
les images et les
ambiances se succè-
dent.
Que de belles pein-
tures on peut faire
avec toutes ces ima-
ges !

et on s’aperçoit
que l’on est RICHE
d’images, riche en

***** (Page suivante)

créativité.

On croyait qu’il
fallait être une es-
pèce de génie austère

Page 221

pour avoir des images
à profusion comme
les grands peintres
qui en ont la tête
pleine,
et voici que l’on
réalise que,

***** (Page suivante)

quand on a du cœur,
que l’on est capable
d’être généreuse
et attentive à la vie,
à la nature, aux cho-
ses comme aux gens,
quand on a du cran,
que l’on n’a pas eu
peur de vivre et d’al-
ler au devant de l’ex-
istence,
automatiquement

***** (Page suivante)

on a amassé toute
une riche expérience
de sensations, de
visions, d’idées,
qui par le simple
fait de faire un
peu travailler son
imagination pour
y penser, se trans-
forme en un beau
grand capital d’ima-
ges qui ne deman-
dent qu’une chose :

Page 222

***** (Page suivante)

qu’on veuille bien
consacrer un peu de
temps pour les ra-
conter, toutes ces ima-
ges, c’est-à-dire
pour les dessiner,
les peindre, les
colorer.

***** (Page suivante)

Je pense que c’est
probablement pour
ça qu’il y a très
peu d’enfant-prodige
en art.
Un petit Mozart
de temps en temps
bien sûr, mais
surtout des dizaines
et des dizaines

***** (Page suivante)

d’homme et de
femmes d’âge mûr
qui sont parvenus
à savoir ‘’quoi’’
peindre, ‘’quoi’’
composer,
seulement plus
tard, après se l’être
demandé toute leur
vie.

***** (Page suivante)

Page 223

Si on s’est intéressé
à l’art depuis sa
jeunesse, si on a
eu la chance de
suivre quelques cours
qui ont pu nous
faire comprendre
le sens et le but
de la création
dès notre jeunesse,

***** (Page suivante)

on a beau se
pratiquer toute
sa vie,
on fera des tas
de choses ‘’intéressan-
tes’’.
mas, c’est seule-
ment plus tard que
l’on parviendra à
peindre ce que le
critique d’art ou
le professeur ap-

***** (Page suivante)

pellent des ‘’œuvres
de maturité’’

parce que pour faire
des ‘’œuvres de ma-
turité’’ : il faut de
l’expérience de la vie,
de la maturité.

Un jeune qui
veut peindre

Page 224

***** (Page suivante)

quelque chose
‘’d’original’’
c’est-à-dire
de personnel,
comment le peut-il ?
Où trouvera-t-il
en lui-même ses
choix, ses goûts ?...

Le jeune veut être
personnel mais il a
un cœur et une

***** (Page suivante)

imagination neufs
et quasiment vierges.

Quand il croit avoir
une idée originale,
ça n’est souvent qu’une
critique par rapport
à l’idée de quelqu’un
d’autre.
Le jeune n’accepte
pas facilement l’idée
qu’il n’a pas d’ex-

***** (Page suivante)

périence ; il croit
que c’est injuste,
qu’il peut bien avoir
des goûts à lui,
dès maintenant.

Page 225

Alors,
quand il croit affir-
mer un de ses goûts,
tout ce qu’il fait bien
souvent, c’est simple-
ment de critiquer
ou rejeter un des

***** (Page suivante)

goûts de ses parents.

(Je ne l’aurais
jamais admis !
…si ce n’était
que j’ai un faible
pour vous ! ! ! !)
Car ce que le jeune
ne sait pas encore,
c’est que les goûts
ne sont pas des cho-
ses que l’on comman-
de. On ne peut pas
arriver comme ça,
quand on se croit
assez grand, et dé-
cider de s’inventer
de toutes pièces des

***** (Page suivante)

goûts bien à soi.

ho ! on essaie, on
le fait, mais les
gens d’expérience
nous regardent et
disent : ‘’tiens, la
voilà partie dans

Page 226

une autre de se
passades !’’

Car la personnalité

***** (Page suivante)

qui est la nôtre
propre,
c’est comme
l’amour et l’affection :
ça nous arrive…
on ne peut que cons-
tater nos plaisirs,
nos sympathies

***** (Page suivante)

quand on les réalise.

On a beau chercher
à les expliquer par
toutes sortes de théo-
ries, ça ne change
pas le fait, par ex-
emple, que Robert et
moi, même si on a
passé notre jeunesse
dans le même quar-
tier, dans le même
milieu, connaissant
souvent les mêmes

***** (Page suivante)

personnes depuis
dix ans,
ce n’est que récem-
ment que nous nous

Page 227

sommes remarqués
et que nous nous
sommes aimés…

…peut-être que ce n’est
que récemment que
nous avons eu enfin
assez d’expérience
pour SAVOIR ce que
nous aimions.

***** (Page suivante)

C’est pour cela
que lorsque l’on en
vient à quelque chose
qui touche d’aussi près
l’expérience humaine
que la création picturale,
il est d’un si grand avan-
tage d’avoir d’abord
VÉCU et le plus longtemps
possible.

***** (Page suivante)

Car alors, il suffit
de savoir clairement
ce qu’est la peinture
et d’avoir envie d’y
consacrer du temps
pour être capable
de trouver ce qu’il
est bien de peindre.

***** (Page suivante)

Une personne d’ex-
périence n’a qu’à

Page 228

se laisser aller à
y penser un peu
pour trouver en elle
CE QU’ELLE éprouve,
toute la gamme
des pensées, des
émotions et des rê-
ves humains et
alors, il n’y a pas
d’autre recette que

***** (Page suivante)

d’y aller et peindre
COMME ça vient et
Ce qui vient.

***** (Page suivante)

En peinture,
l’orgueil n’a pas
sa place,
seule la vérité
compte.

Et il ne faut pas s’y
tromper : je dis bien
la vérité et non
la réalité.

***** (Page suivante)

Car pour montrer
au monde de quelle
couleur exacte et
quelle forme exacte
est le coucher du
soleil, on n’a pas
besoin d’être ‘’artis-

Page 229

te’’, c’est-à-dire fem-
me d’expérience,
il suffit d’avoir un
bon appareil photo-
graphique.

***** (Page suivante)

MAIS,

pour montrer
au monde-qui-
cherche, les jeunes
surtout, ce que c’est
que de vivre, ce que
c’est que d’être un hu-
main qui vit, qui sent,
qui éprouve, il faut
avoir vécu, chaque
jour, longtemps,
avoir de l’expérience

***** (Page suivante)

non seulement l’expérien-
ce de telle ou telle chose
particulière, mais la
vraie expérience de ce
que c’est que de vivre
une vie humaine.

CE message
qui est celui
de l’art, ce don

***** (Page suivante)

que nous fait l’ar-
tiste de prendre le

Page 230

temps de nous trans-
mettre un peu de
son expérience, de
ses sentiments hu-
mains
face aux
plus petites comme
aux plus grandes
choses de la vie,
VOILÀ CE QUI FAIT
QUE L’ON DIT DE
L’ART QU’IL EST

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ÉTERNEL.

Alors que toutes
les écoles, toutes les
universités du monde
ne nous enseignent
que des ‘’choses’’,
des techniques, des
connaissances,

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l’art nous mon-
tre la Connaissance,
celle que les jeunes
cherchent tant.

Beaucoup de jeunes et
souvent les plus intelligents
laissent leurs études de
nos jours parce qu'après
un certain temps, ils se
rendent compte que l’uni-
versité avec tout son cortège

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de science, ne répond au-
cunement aux questions

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qu’ils se posent.
Qu’est-ce qu’une personne ?
Qu’est-ce qu’un lapin, qu’une
fleur, qu’une roche ?
Qu’est-ce qui est différent
entre une personne et une
autre créature de la natu-
re ?
Quel est mon destin, qu’est-
ce que je peux voir dans
la vie que mon chat ne voit
pas ?

La vie est si complexe quand
nous arrivons au monde ;
nos parents sont en train
d’apprendre à vivre et de

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réussir à prendre soin
de nous, mais on a l’im-
pression qu’ils n’ont pas
le temps de nous montrer
à nous, les apprentis-
humains ce qu’est
vivre, parce qu’ils
sont trop occupés à
vivre eux-mêmes.

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LE jeune est dans
l’étape des

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questions

LE parent dans
l’étape de
l’action
Heureusement que la nature est bien
faite car juste à ce moment
LE grand-parent
est dans l’étape de ce
que j’appellerai l’ex-
périence de la vie

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c’est-à-dire que la
maturité a donné
à la grand-mère
la sérénité de savoir
ce qu’elle ressent
face aux choses et
aux gens.

LA grand-mère,
même si elle ne sait pas
‘’pourquoi’’,
elle sait toujours si
elle aime ou n’aime
pas,
ce qu’elle trouve beau
et ce qu’elle trouve bête.

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C’est pourquoi la
grand-mère peut
peindre ce qu’elle
veut, car elle sait
reconnaître ce
qu’elle connaît

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de ce qu’elle ne
connaît pas.

L’Art peint ce qu’il
y a d’éternel dans
le cœur humain,
les sentiments, les

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‘’feelings’’.

ET c’est pour ex-
primer et trans-
mettre cette sim-
ple expérience in-
térieure qui est
cependant la seule
vraie richesse que
l’on amasse à vi-
vre sa vie,
que depuis le dé-

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but des temps,
des hommes et des
femmes ont tout-
à-coup décidé
de peindre.

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Qu’est-ce
qu’un artiste ?

C’est quelqu’un
qui décide d’ex-
primer et de trans-

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mettre par des li-
gnes et des couleurs
ce qu’il ressent,
son expérience
et sa fantaisie.

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C’est pour-
quoi, dès que
l’on décide de pein-
dre de ‘’la vraie pei-
ture’’,
on doit cesser de
perdre son temps
à se demander :
est-ce que ça se des-
sine comme ceci ou
comme ça ? Est-ce la
bonne ligne ? Est-ce la
bonne couleur ?

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Toutes les lignes
et toutes les cou-
leurs sont dans
la nature et
la nature, ce n’est
pas seulement
ce que l’on voit,
c’est aussi tout ce
que l’on peut
sentir et imaginer
avec l’âme, le cœur
et la tête que la Cré-
ation nous a donnés.

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Page 235

Pour rendre homma-
ge aux possibilités
de pensée qui nous
ont été données,
il y a mieux à
faire que de per-
dre son temps à
toujours effacer et
corriger chaque
ligne.

Quand on peint
avec son cœur et

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avec son talent natu-
rel, qu’importe
qu’il soit grand
ou petit, habile
ou maladroit,
on doit respecter
les images qui
nous sortent des
doigts. Verrait-on
cela, une mère
qui dirait à son
enfant qui fait
ses premiers pas à
taton : ‘’Reste couché

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tu marches trop mal,
tu te lèveras seulement
quand tu seras assez
bon pour marcher droit !’’
…on rirait d’elle

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ou on dirait qu’elle est
idiote, non ?

Imaginons seulement
que l’art ait un cœur,
que l’art soit une
bonne mère ou un

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bon père qui souhaite
voir l’artiste débutant,
qui qu’il soit, lui
parler et venir à sa rencontre.

Que l’on vienne à
l’art en dansant ou en
balbutiant, l’art
comme la bonne mère
devant son enfant,
sera toujours enchanté.

Car l’art ainsi qu’une

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mère, comprend tou-
jours parfaitement
la joie ou la tristes-
se de son enfant dès
que celui-ci ouvre
les yeux, qu’il
parle ou non.

***** (Page suivante)

On comprend
pourquoi de grands
maîtres de la peinture

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passaient des heures
et des années à
contempler le même
coucher de soleil ou
comme les japonais
â peindre les mêmes
fleurs dans des
ambiances différen-

***** (Page suivante)

tes.

devant un seul
coucher de soleil,
une personne-à-
la-longue-expérience
peut avoir l’idée
pour peindre des
dizaines de sujets
différents.

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III

Deuxième série
d’exercices

‘’OÙ TROUVER
SES IDÉES’’

Stimuler son imagination

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1 .
Imaginez que vous
ayez une petite fille de

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quatre ans.
Cette petite fille ayant
beaucoup d’oncles et
de tantes, se serait
fait conter des tas
d’histoires et de contes
classiques.
Un jour, vous vous
trouvez seule avec
elle et pour l’émer-

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veiller, vous lui ra-
contez une histoire
inédite tirée de votre
cru.
Vous avez tous les dons
et vous pouvez faire
voir à l’enfant le
monde merveilleux
où se passent les
faits.

ex. : Dépeignez l’ambi
ance de beauté
magique dans laquelle

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votre imagination
entraînera celle de
l’enfant.

* Nommez votre
peinture
Quel est son titre.

technique :

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Travaillez à la goua-
che en mêlant du
blanc à toutes les
couleurs que vous
préparez.

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2 .
Vous vous trouvez
avec un enfant de
7 ans.
C’est votre petit fils.
Aujourd’hui, il est
calme et tout disposé
à vous écouter.
Vous, vous êtes en
forme et prête à
entreprendre quelque
chose.
Sachant que les en-
fants s’arrêtent si
peu longtemps et

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qu’il faut saisir au
vol les occasions qui
se présentent, l’idée
vous vient d’en pro-
fiter pour faire un
brin d’ ‘’éducation’’.

Vous savez que votre
petit fils vous aime,
et vous préfère même
par moment à sa mère
à qui il reproche de

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trop ‘’s’occuper de lui’’.
C’est que la plus gen-
tille mère du monde
est quand même celle

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qui vous dit de ramas-
ser vos jouets, de venir
manger au moment où
l’on est le plus occupé,
de prendre votre bain
etc…celle qui défend,
corrige et contrôle,
tandis que la grand-
mère ‘’est toujours
gentille, elle !’’.

Donc ne voulant pas
perdre votre statut
privilégié, vous déci-
dez quand même de
parler avec lui, genti-
ment, sans sévérité,
en toute confiance

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et liberté, mais
sérieusement tout de
même.
Vous essayez d’avoir
avec lui une de ces
conversations ‘’qui parle
de la vie’’ et qui mar-
que les petits enfants.
Vous savez ces petites
confidences que font
les grands-mères sur

***** (Suite : Image numéro img134.)