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TEXTE SUR L'ART : Image numéro img133
De la page 160 (Fin) à la page 200.


au sein d’un mouvement féministe actuellement

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enceinte d’une condition viable de la femme

Quand naîtra cette condition viable pour la femme, une
condition épanouissante sera née pour la femme-mère.
Alors que dire en attendant de cette même femme-
mère et sa et sa condition actuelle de créatrice.
L’art pur ayant toujours été ‘’any way’’ marginal ;
c’est ainsi que plusieurs d’entre nous nous sommes retirées au ‘’maquis’’
plus ou moins vers cette dite ‘’année 1968’’, ayant
saisi que : ‘’Mieux vaut une mère absente et vivante
que morte et présente.’’)

XX

***** (Nous reprenons la suite de la citation de Cybèle.)

… voit même pas que c’est lui
qui ne veut rien savoir de
moi. Il dit qu’il veut que je lui explique ce qui ne va pas
mais il n’y a rien de particulier
qui ne va pas, il y a seulement que je veux lui parler
d’un tas de choses que j’ai dans la tête, des choses qui
existent pour moi, et qui n’existent
pas pour lui,
il dit qu’il veut qu’on parle
mais c’est seulement lui qui
parle même quand c’est moi,
c’est parce qu’il veut que je pense ce qu’il veut
entendre, mais moi aussi je
pense mes pensées à moi et si
je veux en parler il use de
sa force pour me contraindre à faire

XX1

Semblant que je pense pas.
Il croit que depuis deux semaines ça
allait mieux ? C’est seulement
parce que je me tais, parce que

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je ments en me taisant pour ne
pas être battue parce que je
ne suis pas folle…(si calmant)
avant, je ne comprenais pas comme ça mais
une chance que tu es partie…
parce qu’autrement je serais perdue
aujourd’hui, j’aurais été seule
tu m’aurais abandonnée toi
aussi si tu n’étais pas partie
…parce que tu serais morte… » »

- Tout avait été dit d’un jet.
Mais qui ai sans cesse remis en question
pendant plus de dix ans un acte à mes
yeux, politique, que j’avais posé en
ma tout jeunesse quand je ne connaissais
rien aux lois, aux idéologies, quand je
n’avais jamais entendu le mot féminisme.

XX11

Moi qui avais posé cet acte irréversible
de conséquences en un époque où l’on
était encore mineure à 19 ans, au temps
ou l’ignorance de mes droits était sans
grande importance puisque de toute
façon une femme mineure n’en avait pas
face à un mari de sept ans son aîné.
Moi qui n’avais à ma défense
pour justifier mon action qu’une intuition
de vérité à découvrir plus forte que tout,
un sentiment que l’amour était dehors
à ciel ouvert et non ici, que ce monde
meilleur que j’avais tant rêvé de lui offrir
à cette fille plus chérie que tout pendant
que je la portais, que je me regardais
l’accoucher et la voyais naître, seule
œuvre de ma vie dont je n’ai jamais
douté, pendant que je sentais son tempérament,

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son affirmation
jaillir à sa façon de téter mon sein.
mais sentait cruellement déjà alors que ce
monde meilleur n’arriverait pas tout seul
d’ici à ce qu’elle ait atteint l’âge de
conscience si on y mettait hardiment la
main à la pâte.

XX111

Moi qui savais déjà que je n’aurais
rien à lui offrir comme espoir même
dês qu’elle me questionnerait sur le
Sens de son propre devenir car je me
rendais soudain compte après quelques mois de mariage,
que cet événement tant rêvé
depuis mon adolescence avait sabré
Ma vie en deux me révélant soudain
que dans l’état actuel des choses
Je n’en avais pas de devenir
devant, ni comme femme, ni comme
Mère, ni comme amoureuse, ni
comme artiste. Notre maison était
connue comme maison d’artiste, mais pour
tous, la règle était qu’il n’y avait pas
Deux artistes ici, mais un seul et
manque de peaux ce n’était pas moi
Mais l’autre, le musicien.
Comme amoureuse, n’en parlons, il eut
fallu être masochiste et aimer faire
rire de soi par la galerie du mari et
de ses amis. Voyons les idées romantiques

XX1V A

d’une fille de 18 – 19 ans
devant le discours ‘’libéral’’ d’une
poignée de mâles des années 60 entre 25 et
30 ans. D’ailleurs à ma connaissance

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ça fait déjà pas mal de décades que
chez les mecs-à-l’esprit-ouvert
la question du romantisme et de la
passion est dépassée semble-t-il.
Avoir un devenir – ça ressemble au
mot avenir, hein ! – comme mère ? à 19 ans ?
Rien à faire contre les belles-mères, tu
ne fais pas le poids sous l’argumentation.
En tout cas je l’ai quand même nourrie
au sein pendant six mois et elle était joufflue
comme un œuf. J’en avais du lait, même
quand pressant le bout de mes seins deux
ans après j’en avais encore. La belle-
mère disait que j’avais perdu la tête, que
j’étais folle, maigre comme je suis, voire
si je pouvais allaiter un enfant !
Enfin sur la question d’avoir un
devenir-avenir comme femme à 19 ans en

XX1V B

1967, c’est pas à moi à vous raconter
votre propre histoire qu’est la même que
la mienne, hein ! J’avais pas encore connu
le Salon de la Femme pour m’en convaincre,
mais j’avais vu l’expo…Terre des Hommes
et puis j’avais vu le monde qui m’entourait
quoi !, on a des yeux pour voir, non ?
C’est pas une affaire d’instruction, ni d’être
la tête-à-Papineau, ni de ‘’très profonde
maturité’’ quand t’as une âme un peu, me
semble que tu penses, ça se sent ça quand
t’es jeune même si tu comprends pas encore
tout du pourquoi, puis du comment.
En tout cas pour ce qui est de l’histoire
j’ai vite vu, mais si j’aurais pas pu le dire
avec des grands mots que si on la changeait
pas l’histoire par n’importe quel bout on
n’en aurait juste pas d’histoire dans dix

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ans, pas plus ma fille que moi.
Sur le plan professionnel ? Bof c’est la
même chose on est en 1980, les trois quarts
de ce que je peints ne trouve même pas encore
de place à s’exposer, puis pas seulement
ce que je peints ces années-ci, plein de
tableaux qui sont exécutés depuis 10 ans n’ont
jamais pu être exposés ‘’librement’’.

XXV A

Entendons-nous, depuis
environ 1969 je reçois régulièrement
la visite de quelque entrepreneur se croyant
subitement désigné par le dieu pour révolutionner
le marché des tableaux comme ils
disent qui en me couvrant de promesses
de roses et de sundae au chocolat assaille
de me convaincre de lui signer un contrat
d’exclusivité ‘’avec carte blanche !’’
Ça ferait un malheur, on ferait toute
une campagne, j’aurais les meilleurs
avocats pour me défendre, et les meilleurs
couturiers, mon personnage pourrait être
si sexé, bien maquillée sans mes lunettes
j’ai un regard si mystérieux.
Ma peinture à tant de sensationnalisme, etc
etc…
Un jour j’avais un local dans une bâtisse
qui appartenait incidemment à
la Communauté des Pères Saint-Sacrement
un journaliste qui avait vu mes tableaux,
je ne me souviens plus comment, titre à mon
insu dans une feuille de chou fort lu
à l’époque, La Patrie, je crois en lettre de deux

XXV B

Pouces sur 8 – 10 colonnes

Page 166

‘’Monique Jarry peintre érotique
chez les Pères du Très-Saint-Sacrement’’.
Le lendemain, la communauté m’envoie
un avis d’évacuer les lieux
Cinq-six ans plus tard j’ai croisé le
‘’journaliste’’. Il s’exclame en parlant du
bon vieux temps et me dit Oui mais quel
tirage ça a fait ! À la prochaine !
À l’époque c’était moins pire au fond, je
n’étais que victime de censure en somme
depuis, c’est le boycottage ‘’idéologique’’ ! ! !
Comme me disait l’an dernier le si cultivé
propriétaire d’une galerie dite d’avant-garde en
regardant le fond d’une de mes peintures : ‘’Ha !
quelle maîtrise, quelle sensibilité, mais, mon dieu
pourquoi aller mettre ce corps-là, là ! !’’ à grotesque
manque de raffinement, faute de goût…
De toute façon le propriétaire d’une encore
bien plus célèbre galerie-institution de l’ouest
me disait l’autre été après 3 heures de discussion sur l’art en général
‘’vous devriez peut-être vous réorienter,
vous avez une force intellectuelle certaine
et une pensée bien à vous, mais vous traitez
en peinture des sujets qu’il me semble ont
beaucoup plus leur place en littérature…’’

XXV1

J’ai cru à ce moment que l’exceptionnellement
longue durée de notre entretien fort distinguer
me permettait tout protocole
respecté de répondre un peu directement
et sans détour je l’ai charitablement
mis au courrant que les peintres
ça pense aussi. Comme il semblait
rire sans comprendre, j’ai précisé d’avantage
‘’Que voulez-vous que l’on peigne, de la
décoration intérieure pour nos clients ?’’
Là j’avais touché, désolée qu’il ait fallu

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insulter le pauvre homme pour lui donner
la chance une dernière fois de se réveiller…

Le théâtre et l’écriture en général sont
certainement plus avancés au Québec

***** (En marge)

(suggérer un autre nom pour les femmes)

que les ‘’Beaux’’ arts…on dirait
que tous les sujets qui parlent de beauté
nuisent toujours aux femmes, non ?
Vraiment la beauté nous va très mal au
Teint de l’âme.
Enfin quoi qu’il en soit le thème
de la mère et la liberté individuelle que je voudrais bien
prendre le temps d’approfondir d’avantage
va de la jeune romantique passionnée

XXV11

qui part seule et sans le sous
en voyage au cœur du vaste monde
avec pour seul bagage la vision d’une petite
fille chérie pour qui il faut à tout pris
par n’importe quel moyen découvrir un
sens et un avenir à la vie d’ici au moins
dix ans – vraiment sans ma fille, je n’aurais
jamais eu le courage de partir si
tôt et je serais restée là à maigrir peu à peu
en cuvant mes déceptions pendant un an,
cinq ans, dix ans…qui sait peut-être
même vingt-sept ans comme ma mère
ça lui en aurait fait une belle jambe
à ma fille,…la même belle jambe
que le stupide sacrifice de ma mère
m’avait faite.

Page 168

Le thème de la mère et la liberté individuelle
parlerait de ces merveilleuses et partielles découvertes
d’un sens que l’on donne à sa vie
qui devient peu à peu notre devenir.
Ce thème parlerait de l’opprobre qui entoure
les plus grandes équipées. Tu pars à
la conquête du plus haut, du plus pur,
de l’authentique et qu’elles sont les vœux
des maris, des parents qui disent t’aimer ?

XX1X

Sale putain !
Mère dénaturée
Chienne femelle en chaleur, je pars
pour trouver quelque chose ! oui on sait bien
ce qui la démange, elle abandonne sa famille
son MARI, pour un bellâtre sûrement, oui,
on connaît ça…comme s’il n’y
avait que la gueule et la quéquette
des gars qui puissent habiter les
rêves d’une jeune femme ; on se demande
vraiment ce qui habite l’idéal des hommes !
Et dans cette longue quête si tapissée, en plein
cœur de la foule, si tapissée de solitude
et de doute et de fantômes et de fantômes…
de silence…
silencieusement je me sentais couler,
je m’éloignais toujours davantage,
surtout ne pas être interrogée sur cette
question qui continuait sans cesse de hanter
mes jours et mes nuits et à laquelle j’avais
beau me consacrer, je ne trouvais toujours pas
de réponse suffisamment claire et forte pour
justifier de tels investissements.

XXX

S’éloigner, s’éloigner discrètement

Page 169

s’éloigner de tous les amis qui en
vieillissant ont de plus en plus souvent
un enfant…dans leurs bras

Trouverais-je ce monde meilleur avant
qu’elle n’ait dix ans.
Pourquoi, pourquoi ne me suis-je
pas révoltée plus tôt, quelques mois
Plutôt, pourquoi n’ai-je pas refusé
ce mariage en m’enfuyant quand
elle était encore dans mon ventre, ha !
être fille-mère, le rêve de ma vie !
Comme elle a été chanceuse mon amie
Marie d’aimer cet homme qui n’était pas
disponible ! Fille-mère, on la critique
mais elle lui parle et l’embrasse quand
elle veut son enfant. Et de toute façon on me
critique quand même e parce que je l’ai
épousé cet homme il a pu me prendre mon
enfant ‘’pour quelques dollars de plus’’
que moi et ce grand- père- d’enfant- de- fille-

XXX1

mère-légitimée-après-coup qui
a organisé ce mariage tout à coup en
quarante-huit heures au petit matin ‘’dans
la plus stricte intimité’’, c’est le moins qu’on
puisse dire, sitôt fait nous a toutes deux
abandonnées, une mère et sa fille
en instance de divorce toutes deux mineures
et hop la petite au vieux mari et à la belle-
mère en cinq minutes de procédure,
treize ans plus tard le fameux grand-
père ne connaît toujours pas son unique petite fille.
Si être fille-mère eut été mon rêve au
moins jusqu’à l’âge de vingt-cinq
ans, j’ai eu à me rendre compte
plus tard que ce rêve-là non plus

Page 170

n’était peut-être pas si facile,
par exemple le jour où je su,
revoyant mon amie Marie après quelques
années d’éloignement qu’un homme qui la
poursuivait de ses assiduités sans succès
depuis déjà plusieurs années apprenant
incidemment que depuis quelque temps mon amie
Marie avait noué une relation intime avec

XXX11

une femme s’était mis
à la harceler de chantage
brandissant désormais la menace que si elle ne se rendait pas à ses
arguments de séduction il lui
ferait perdre la garde de son fils pour
ses mœurs dites selon lui scandaleuses
et contre-‘’nature’’. Remarquez que l’on se
demande ce qu’il y avait de ‘’naturel’’
dans ses mœurs de séduction à lui, mais
enfin !
Mon amie avait les nerfs à terre, bref
était complètement terrorisée !
Heureusement qu’à force de tourner et réfléchir
sur la question des droits de liberté individuelle
de la femme-mère j’avais fini par
trouver quelques arguments ; car simplement
affirmer à Marie que chantage, quelqu’il
soit est encore illégal ici n’aurait pas suffit
à la rassurer. Ça a dû me prendre un
mois et demi d’ailleurs pour lui faire comprendre
que sur la question des mœurs ni ce gars
ni personne n’avait aucun point contre elle ;
bon dieu de merde ! Elle n’élevait tout de

XXX111

même pas son fils dans un
bordel. Elle couchait avec des femmes, bon

Page 171

mais pas plus la loi que quelque personne
morale n’a le droit de s’introduire dans
la vie privée de quelqu’un et de lui dire calisse
où mettre et où ne pas mettre son cul !
D’ailleurs ça serait une forme de voyeurisme
pornographique et ça c’est très laid !

Il n’était pas ici question de Marie couchant
avec toutes les femmes de la ville de Montréal
et en même temps, sur la place publique
entraînant un pauvre enfant dans des
orgies et des actes ‘’scabreux’’.
Merde il s’agit simplement d’une Marie amoureuse
menant sa vie intime selon son cœur de
citoyenne libre et mère aimante
de son enfant. C’est simple, limpide et
serein, non ?
Marie était en ce temps-là si terrorisée qu’heureusement
pour l’amener à croire que ma vision
des faits était défendable et logique, j’avais
en main l’atout de n’avoir jamais ‘’connue’’ moi-

XXX1V

même de femmes du sens biblique du
mot ‘’connu’’, Marie pouvait se dire qu’évidemment
on ne pouvait pas m’accuser
de penser ainsi parce que je suis lesbienne.
On a parfois presque le goût de n’être
rien du tout s’imaginant que l’on pourrait
alors parler plus librement sans que toutes
nos pensées soient balayées, niées les
unes après les autres par le sempiternel :
‘’Évidemment, tu dis ça parce que tu es ceci
ou cela’’.
Dans les polémiques j’ai envie de crier
souvent ‘’Non je n’ai jamais été ni
une enfant, ni une adulte, d’ailleurs
je ne suis ni un homme, ni une femme

Page 172

je suis une aînée !’’
De toute façon, demain Freud me dira : ‘’tu
dis ça parce que tu as souffert d’être une
aînée depuis ton enfance’’.
À quoi bon parler, ça fait que je peints.
Ho ! c’est pas que j’aime pas causer comme on dit,

XXXV

j’adore parler discuter mais comme disait
Mouffe (?) pour ‘’le gars ben ordinaire’’

‘’Quand je chante c’est pour qu’on m’entende
si je crie c’est pour me défendre
j’aimerais ben me faire comprendre.’’

J’aimerais tant me faire comprendre de
temps en temps. Je ne sais pas quand
on se fait comprendre, c’est comme
si on avait parlé à quelqu’un, quoi !
Ça fait qu’il me reste tout plein
à réfléchir et travailler pour témoigner
de ce vaste thème de la mère et la liberté
individuelle dans notre société avant de
pouvoir performer là-dessus avec mes
peintures. Pour le moment seules
mes images-peintures peuvent performer
je n’ai pas encore les mots, les chants
et les gestes de ce vaste thème.

Ce que je viens d’en dire c’est la
première étape de la performance : l’ins-

XXXV1

piration.
Ce que j’ai fait sans le réaliser
durant les deux premières semaines de
préparation, c’était la deuxième étape

Page 173

du thème : le déblayage.
Le déblayage d’un thème c’est souvent
la création de l’embryon du tas de thèmes
futurs.
Si la performance avait dû avoir lieu
en ce lundi-là, au moment où j’écris
ces lignes, car on est bien rendu au
lundi maintenant, j’aurais présenté
tous ces flashs embryon qui ont jailli
depuis les deux semaines que je me
penche sur le thème de cette mère de
maintenant.
Car l’idée qui m’est venue cette nuit-
là c’est que ma performance du 22 mai
veut parler d‘une démarche de création
sur le thème qui jaillit dans ma tête à
partir de l’énoncé mieux vaut une mère
absente et vivante que présente et morte.

XXXV11

À ce titre, où que j’en sois rendue
dans cette démarche créatrice sur ce
thème, et ma peinture, c’est ce que
je présenterai le 22 mai. L’art ne conclut pas,
l’art ne fait pas d’énoncés finis
la seule conclusion possible d’une œuvre
intervient avec l’éteinte
de la voix même de l’artiste qui
parle, c’est-à-dire avec sa mort et
encore cette conclusion ne dure qu’un
instant car aussitôt s’élève la voix
intérieure et créatrice de l’autre
cet autre qui reprend l’œuvre à
son comte en la voyant de son
œil unique et personnel et qui la recrée
à nouveau autant que son premier
auteur l’avait d’abord fait, cet autre qui
est tout public. Je possède ce que je

Page 174

vois et saisis. Tu possèdes ce que tu
vois et saisis. C’est la loi de l’amour et
de l’art. Tu possèdes ce que tu saisis car
c’est toi-même.

XXXV111

Je ferais comme une faute
professionnelle, presqu’une falsification
si je me mettais en frais ce 22mai
de témoigner d’autre chose que de la
création de Monique Jarry puisque c’est
à ce titre que je viens.
Et s’il fallait même
en création transformer son discours
vrai ‘’pour les besoins de la cause’’
dans quel domaine alors pourrions-
nous nous présenter telle que l’on est ?
Je peux présenter mes peintures
et parlers de ce qu’elles représentent, les
décrire et les expliquer, je
serais alors à coup sûr dans le thème
mais ceci n’est pas le propos d’une
performance mais davantage de l’histoire
de l’art. Le propos de la performance doit être
créateur lui-même par rapport au discours
original.

XXX1X

Donc il s’agit bien ici de présenter
une création-performance sur le double
thème d’une œuvre picturale et de l’énoncé
sur la mère et la liberté individuelle.
Et cette performance, première d’une série
sur le même double-thème doit être
identifiée comme telle, c.à.d. une première
approche de déblayage du sujet.


Monique Jarry (mai 1980)

----------

Page 175

***** (Cet écrit s’adresse à l’équipe de femme responsable du théâtre expérimental.)

- Je vous ai tellement pensées, vécues
dans ma tête.
Je vous ai tellement habillées, déshabillées, maquillées, démaquillées –

« « et nous nous touchons, et nous travaillons,
et nous nous aimons et
nous nous embrassons. » »

et alors Pol ne comprend plus et
ne voit pas où est la différence et
elle ne comprend pas où je justifie
la différence et elle me ‘’re’’- demande
encore une fois : ‘’Mais, pourquoi
aimes-tu tant les hommes ? ? ? ! ! !
« « et coquine, je repars à danser
chlac, chlac, CHLACK ! et m’arrête
sec et la darde de mes yeux très
théoriques : ‘’Et si je te disais : C’est parce
que je suis CLITORISTOCRATE et que
je n’ai jamais vue autre chose dans
les hommes que des petits choux, minous, lapins, toutous’’ » »
et je repars en dansant : Hé, non ! que veux-
tu, ce n’est pas cela, hé non ! pas encore…
on ne ‘’choisit’’ pas son idéologie
en art, son école ou son mouvement
ça dépend de combien de minutes
l’individu créant (sans rapport avec son I.Q. ou son génie, je ne parle ici
que des ‘’génies’’) peut (par son
‘’type’’ de pouvoir-(talent)-personnel
peux maintenir PERCEPTIVEMENT (pas consciemment-animalement)
une perception devant lui ABSOLUMENT
identique, quelles que soient les

Page 176

‘’sollicitations’’ venant de l’extérieur
(soi de lui-même soit ‘’extérieur’’ à
la dite perception)
alors dépendant de ce calcul, il sera
l’inventeur du cubisme, du surréalisme
ou minimalisme etc…

----------

***** (Texte d’introduction à la performance.)

1

‘’Festival de créations de femmes’’
Théâtre expérimental des femmes.

22 mai : soirée ‘’Beaux-Arts’’

Monique Jarry, peintre-concepteur

PERFORMANCE : ‘’Mieux vaut une mère absente
Et vivante que morte et présente’’.


Art et intimité
- - - - - - - - - - -

…’’Transcender la peur et l’insécurité
par l’art et l’intimité’’


CRÉATION PURE ET CONDITION DE LA FEMME

Art et intimité
Oppression et auto-répression
Révolte et création

Liberté Libératoire

Page 177

***** (Je fais une interruption entre la page 1 et la page 2. Ici commence la performance. Sur scène il y a Monique,
faisant face au public (environ une soixantaine de personnes, hommes, femmes et enfants : les hommes sont en minorités…)
Tout près d’elle, dans l’ombre, il y a Alice Ronfard qui fait la voix ‘’off’’ et celle de Cybèle (elle est la fille de M. Ronfard
et de Marie Cardinal, qui ont toutes deux, incluant Alice, fortement sympathisé avec Monique. Marie Cardinal fait
d’ailleurs partie du public en cette soirée Beaux-Arts. En plus, sur scène, il y a moi Robert Stanton. Je suis dos à Monique
et au public, mon rôle est de manipuler les deux projecteurs qui projettent sur le mur arrière de la scène les peintures que
Monique a choisies pour cette performance. Malgré le fait que je lui avais dit que je ‘’vomirais’’ si jamais j’étais sur une scène,
elle a réussi à me convaincre de participer. Étant dos au public m’a grandement aidé en plus de la concentration dont je devais
faire preuve pour bien synchroniser les diapos avec les paroles du texte de la performance. Je dois vous confier que ma présence
sur scène a procuré un ‘’petit velours’’ à Monique. C’est que les responsables du théâtre était tous des ‘’lesbiennes/féministes’’
et à ce titre acceptaient volontiers que des hommes face parti du publique, mais n’appréciaient pas vraiment qu’un ‘’d’eux’’
face partie du spectacle. Le petit ‘’velours’’ en question de Monique ce traduit par cette citation libre : -‘’ Moi je collabore
avec qui je veux dans mon art et nul ne m’imposera avec qui je travaillerai, qu’il soit homme ou qu’il soit femme ou autres
ou tout autre!’’
Donc, Monique imposa ma présence sur scène à ces dames.
Monique était ‘’costumée’’ d’un pantalon en cuir très moulant et d’un poncho long en cuir noir et orné d’une fourrure
de lapin blanc autour du col.
Je vous relate tous ces détails pour vous situer : J’ai été témoin et participant de cette performance.
Les textes qui suivent sont ‘’approximativement’’ dans l’ordre qu’elles ont été ‘’livrés’’ ce soir-là. Ces textes sont tirés
du dossier que Monique a gardé, ils sont un ensemble de notes personnelles qu’elle utilisa sur scène. Il ce pourrait très
bien que quelques un de ces textes n’ont pas servit, ma mémoire ne peut en certifier la rigueur, mais ils ont certainement
servis à ‘’créer’’ la performance : donc, pour citer Monique : ‘’ Dans le doute ne jamais s’abstenir’’, j’ai ais inclus.
Je débute les textes de la performance par la ‘’feuille de route’’ que Monique a établis, puis, suivront les textes en soit,
incluant les notes de mise en scène.
En plus, fait à noter, il y avait la présence d’une équipe de Radio Canada qui enregistrait la performance dans le cadre
d’une émission…X ?)

----------

Show Note la conférence du 14
Mon texte mardi matin au plus tard –

Page 178

- Intro –

- quelque phrase-clés off – sur l’art et création

- América sur scène ***** (Chanson, composition de Monique)

- je marche de long en large
je parle tout seule
ma vie, des flash, je n’osais plus le
regarder le monde en face, surtout les
enfants, je décris mes peintures

- interruption par la voix d’enfant
dis maman etc…chante moi ma
chanson.

- je me tourne vers le public et lui parle
j’ai la chance de vivre une expérience
extraordinaire…

- expliquer ce qui se passe.

- interruption de l’enfant adolescente :
sa révolte, jeux de pouvoir et sexisme
c’est effrayant, révoltant.
Je ris et je l’attire à moi, la prend
dans mes bras et lui explique le concept
que non c’est pas révoltant, ce qui est
croche c’est le réel, nous nous l’avons
à tâtonnement, ‘’posé’’ ce réel, maintenant
que l’on sait où l’on s’en va, que l’on n’est pas
folle, qu’il y a vraiment problème ; C’EST TOUT
SIMPLEMENT MERVEILLEUX, car c’est nous
qui avons la chance d’accomplir cette si haute tâche,
la plus merveilleuse, faire évoluer la conscience et la condition humaine
- image off -
nos enfants ont besoin d’espoir et de grande cause pour soutenir
leur jeunesse, des causes vraies, justes et tangibles.
Et par tous les diables, moi qui me croyais pauvre

Page 179

voilà que je tiens la plus belle cause à offrir à leur entièreté
et leur fierté de vouloir être utile.

- fin le texte de la petite fille -




***** (LA PERFORMANCE)

11

Performance
Exposé
Témoignage
Rencontre
Conférence
Manifeste
Spectacle
Lecture
Show



PERFORMANCE

Qu’est-ce qui singularise spécifiquement
la performance ?

La performance peut englober tout contenu
sans restriction.
La performance peut adopter toute forme
sans restriction.
Le propre de la performance…est…son uni-
cité…peut-être.
Sa réalité se lie à son existence même.
Une ‘’poésie-performance’, par exemple,
n’en n’est pas la simple interprétation ;
c’est la re-création de cette poésie en pré-

Page 180

sence de l’autre.

111

Une performance est toujours un témoignage
actuel.
La ‘’performance’’ est un instant de
révolution.


Sans engagement, la création n’est que fabrication,
divertissement, ou décoration intérieure,…….

L’acte de création est irréversible.


La création est investigation du monde
La science est investigation du monde
L’analyse est investigation du monde
…………………………………
La création a ceci de particulier de ne jamais
conclure définitivement, ni de statuer.
La création ne peut prétendre démontrer,
la création tente de créer.

Il y a pour l’artiste, dans l’art, tellement
plus que les objets produits.

La vision de la création et la vision de l’œuvre appartiennent
IMPRESCRIPTIBLEMENT à l’œil qui les visualise.

1V

La démarche créatrice s’élabore dans la pré-
sence absolue et totale de l’artiste à son thème.
L’œuvre de création ne respire pas aux éclairages
des tabous, des puritanismes et des valeurs tom-
bées en désuétude.
Militer, c’est…militer. Et créer,…c’est créer.

Page 181

Militer, tantôt provoquant, tantôt dénonçant
ou médiant auprès de l’ignorance ; militer
éduque.
Créer : l’énoncé sans dirigisme d’une critique
intransigeante.
Créer : imposer unilatéralement sa vision du monde
Sans commentaire, la créativité est un art martial.

Que dire de la femme créatrice évoluant paral-
lèlement et au sein d’un mouvement féministe
actuellement ‘’enceinte’’ d’une condition viable
de la femme…
Quand naîtra cette condition viable pour la fem-
me, une condition épanouissante sera née pour
la femme-mère.
Alors que dire, en attendant, de cette même fem-
me-mère et sa condition actuelle de créatrice !

L’art pur ayant toujours été ‘’any way’’ marginal,
c’est ainsi que plusieurs d’entre-nous entrèrent au ‘’MAQUIS’’,
plus ou moins vers cette dite ‘’année 1968’’,
ayant saisi que : ‘’Mieux vaut une mère absente et
vivant que morte et présente’’

------------------------------

- Viva la luz del tiempo
que venga a su sombre vida
Viva la maria
Y viva su hija

------------------------------

***** (Chanson écrite et composée par Monique ; elle s’accompagne à la guitare)

America America

Viva el senor Don Christobal
Que viva ma patria mia

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Viva los tres caravellas
La Pinta, la Nina y la Santa Maria

Des hommes ont marché
À pied, à cheval et en fusée
Pendant trois cents années
Pendant trois cents année

De la Tierra del Fuego
Aux Territoires du Groenland
Ont assassiné Kennedy
Ont assassiné Allende

America, America
But you’re dtill unknown
But you’re still unknown

Comment pourrais-tu comprendre
Qu’ici le matin s’est levé
Du jour où notre âme,
S’élève à sa conscience.

La peur et l’insécurité
Comme l’amour et la liberté
Naissent du feu des passions`quand le fleuve rejoint sa source

America, America
But you’re still unknown
But you’re still unknown

Viva la orientacion
(vive l’engagement)
Que atrae la felicidad
(qui invente la bonheur)

La qual es sediciosa
(qui seul est séditieux)
Y viva sus hijas
(et vive ses filles)
-------------------------

Page 183

- ‘’Mademoiselle, Madame…
un homme est venu…
avec la police, des
papiers, des photos…
…ils ont dit que votre
enfant c’était sa
fille…
…et il l’on emmené…
…qu’est-ce que je
pouvais faire ?...’’

_ Voici l’histoire de
Marie-Antoinette Monique
1960 – 13 ans, Beatnik.


Paf !
1968 dans x mois
sortira la ‘’nouvelle loi
sur les divorces,
en attendant, j’attends
mais ils disent ‘’abandon
du foyer conjugal’’,
j’attends et je suis dans
mon tord

1970 ? ? x milles
femmes illégalement
séparées assaillent
les tribunaux pour
régulariser leur situation
que justice leur soit rendue…

19xx les jeunes citoyens
québécois deviendront
‘’Majeur’’ à 18 ans
j’ai 20 ans

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le père parle…Va dont
te coucher avec tes histoires
de fou ! Tant mieux pour toi
ma fille si tu peux aller rester
au centre-ville si tu ne vis plus
avec lui
je t’airai au moins mariée
assez longtemps pour que Cybèle
porte son nom.
Et tant mieux si y a fait la gaffe
de la reprendre comme ça t’ai libre.
Quand tu seras majeur
Tu pourras refaire ta vie
Ni vue, ni connue…
- Moi : Mais, Mais…
- Père : Écoute ma fille écoute ma fille…
moi, ma fille,…moi la vie… mais
la crise, t’as pas connu, moi ma fille
oui ? oui ? oui. Moé mon gars
la crise, l’argent,
la crise t’as bien fourré.

Inutile de nous présenter moi
pis mon père ; elle pis son père
par exemple
moi pi mon père on s’bat
je me bats donc j’existe
Moi pis son père à ma fille ?
y me fait chanter
on me fait chanter ?, ha
pour exister, j’existe, je
résiste donc j’existe…
ma fille pis son père ?
ma fille ? c’est elle la monnaie d’échange
‘’Elle’’ a l’existe pas
elle attend qu’on se lâche
pour Naître.
Ça fait que le jugement

Page 185

de Salomon : Que ses parents
à lui la garde en attendant
que j’aille de l’argent puis
…que je sois majeure
Ben !...ben c’est que
Toc, Toc, Toc, Maître xx
rend son jugement : j’ai entendu
des cloches plein ma tête
c’était sûrement par un cœur
d’archange parce que le juge s’est
pas écrié comme dans la religion
en chassant les vendeurs du temple
Voici la vraie mère qui préfère
perdre son enfant plutôt que de
le voir déchiré entre deux gangs.
Puis il m’adressa un sourire
gêné en me disant (voix de serpent) ‘’ vous savez
c’est bien les arts, je n’ai
rien contre les artistes, d’ailleurs
c’est sûrement vous qui avez dû
donner ce nom si poétique à votre
enfant : Nadja Cybèle…
bonne chance mon petit…

***** (Ce sont des toiles de Monique)
(caricatures 1- sur le juge
2- la jambe coupée
3- mon âme bouille.

‘’à force de ronger mon frein
j’ai peur de manquer de
breaks’’ ‘’à force d…
j’ai peur, à force j’ai
peur…’’
ralentir, ralentir
rouler le moins possible, y a moins de danger
pas bouger, m’absenter
devenir invisible
juste sortir un peu pour

Page 186

aller au coin de cette rue
dans le Nord, si loin du faubourg-à-mélasse, des fois
qu’elle jouerait dehors,
faire du linge, bricoler des bijoux
traîner le soir devant leur porte
si les stores restent ouverts peut-être je la verrai
chanter quelques tounes au
café, passer le chapeau
avoir de l’argent à leur donner
il me la laisseront peut-être
une journée, pour de l’argent au petit matin
ils flanchent parfois et me laissent l’amener
faire un tour, je la garde toute la journée
quand on revient elle dort aux anges
sur mon sein.
Peuvent pas crier pour pas la réveiller
mais me l’arrache pour aller
la coucher,
Je peux pas rentrer dans sa chambre pour l’embrasser
ma place
n’est tolérée que dans le portique.
Belle-mère : ‘’Si c’est pas une
honte fatiguer cette enfant jusqu'à ce qu’elle tombe
de fatigue ! Quelle mère dénaturée.
D’ailleurs faut plus que la petite te voie ça lui fait du tord quand elle s’éveille
pendant des jours chaque fois.

mais je suis sa mère ! C’est parce qu’elle s’ennuie
vous ne voyez pas. ‘’Voyons donc comme si une si jeune
enfant peut comprendre que t’es sa mère, c’est moi qu’elle appelle
maman.’’ Laissez-la moi, vous verrez elle ne pleurera plus
‘’Voyons donc, laissez notre petite Cybèle vivre avec une artiste fauchée
c’est t’es vraiment sa mère, ouvre-toi les yeux, regarde ici, les murs
les tapis, les meubles, ses jouets, le frigidaire plein, l’argent,
l’argent, l’argent. Qu’est-ce que t’a à lui offrir ! !’’…je l’aime
et je sais qu’elle m’aime…et j’ai mes seins…deux ans
après y avait encore du lait quand on pèse sur mes mamelons…
sûr que je peux pas me payer de plan de carrière, mais
j’ai des histoires, mon atelier est plein de toutes les couleurs du

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monde, je peux lui montrer à accouchés des fleurs en leur
parlant et …bas…les fleurs lui répondraient à elle aussi…

Belle-sœur entrant en trombe, petite jeune fille pas beaucoup
plus jeune que moi, mais je suis si vielle, si lasse,
si brisée, je perds du sang par mon vagin depuis
des jours et des jours, des semaines, plusieurs mois,
je vois pas les médecins souvent ( pas de castonguette en ce
temps-là, j’aime mieux prendre mes sous en cas qu’on
pourrait faire la fête encore une fois la Cyb et Moi…
Donc Belle sœur en trombe en larme, en cri, en hoquet
d’amour soeurternel-fraternel pour son unique
grand frère aîné, se jette sur moi : Menteuse, Menteuse
Menteuse, mon frère ne peut pas être si méchant, c’est
sûrement que tu est une putain, une hypocrite et une
putain – humour noir : hé ! oui ! Cruelle tendresse
des collaboratrices avec le pouvoir – Que dire à cette
belle-sœur, enfant elle-même, comme Cybèle, comme moi ?
l’assassiner en tuant l’image de son premier grand amour
son grand frère ? Se taire, à force de ronger mon
frein, j’ai peur…à force…j’ai peur se taire bouger le
moins possible, passer entre les gouttes, en bougeant pas
peut-être que je ne sauterai pas, sourire, tendre l’autre joue
je ne veux pas blesser, ça fait trop mal de l’être, pardonné
à ceux qui ne savent pas ce qu’ils font (encore faudrait-il
passer au travers de la sainteté sans crever, dur de
pardonner quand t’es morte) sourire, tendre l’autre joue,
Calis que t’es con le dieu d’engendré des Fils si capotés
Calis que t’es criminel que donner à tes espèces de jésus tant
de pouvoir et de charme auprès des foules, tu l’exploites
ce grand dadet de fils qu’il parait que tu chérissais
tant…tant pour l’envoyer nous tuer à ta place ordure
en lui faisant croire qu’il venait nous sauver,
quels naïfs pathétiques ces cons de jésus qui se laissent
massacrer au nom de l’autre, - humour cynique : et
notez que plus ça change, plus c’est pareil, quand je
pense à Pierre, Jean, Jacques, c’est si charmant et
adorable con qui continuent toujours au nom de leur
DEVOIR.

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C’était l’histoire de
Marie-Antoinette Monique
1980 – 33 ans. Féministe

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Pourquoi je vis seule ?
Comment on peut en
venir à être seule.

- Ben quand j’étais jeune
ma beauté me nuisait
maintenant forcément ça me
nuit moins…seulement
les gens se laissent moins
attendrir quand on est plus vielle
Que ça soit auprès des hommes
comme des femmes c’est pareil.
En tout cas, petite, ne crois surtout
Jamais les adages populaires.
‘’Le visage est le miroir de l’âme’’.
Ho ! c’est pas que ça soit toujours
si faux seulement à quoi crois-tu
que ça sert ? À rien, à rien qu’à te
faire foutre ou…au mieux à rien du
tout.
Tiens moi, regarde-moi, tous ceux qui
me connaissent, ceux qui m’aiment comme
ceux qui me haïssent on toujours
affirmé qu’on peut me lire
dans la face tout ce que je penses
les uns diront ‘’Elle a le cœur étampé
dans le sourire’’
ou ‘’ l’âme lui colle au
front comme la pureté’’
les autres ‘’Ho ! rien que de lui
voir la gueule on croirait

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voir ses sales peintures
pornos’’
ou ‘’Rien que de lui regarder
la mâchoire on croit entendre
toutes ses idées de
fous’’

Bref unanimement chacun s’accorde
à croire que mon visage soit le reflet
même de mon âme.
Résultat quoi que je dise, quoi que je fasse les ‘’uns’’
diront en me pinçant les fesses ‘’trop belle pour être honnête’’
et les ‘’unes’’ penseront ‘’trop belle pour penser’’
Ça fait que je me retrouve ‘’très parlée, très discutée’’
‘’très désirée, très méprisée’’
mais surtout l’un dans l’autre SEULE

- voix de petit ‘’le pire c’est que j’aime tellement le monde…’’

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De la théorie du rétroviseur
(McLuhan)

- ha ! quel avantage, pauvre veuve
de Cartouche, pour nous les femmes,
au moment où notre civilisation
mutera ou laissera sa
place à une nouvelle ou…s’effondrera,
de n’avoir eu aucun modèle
(ou à peu près) en qui nous identifier
avec admiration ou crainte dans l’intransigeance
et l’idéalisme de notre
jeunesse. Neuves, amoureuses et vierges
pour nous, tout est à construire,
directement.
Nos frères ‘’loadés’’ à bloc d’images,
de rôles et d’archétypes des mâles –
héros d’une civilisation mourante,

Page 190

s’achevant, s’effritant, ont tant à déblayer
avant de pouvoir s’identifier
au moment même où l’urgence d’être
s’abat sur notre histoire.

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De la guérilla

Note

fourrer les mecs sur leur
propre terrain (car enfin pourquoi
polluer le nôtre de ces basses
‘’mises au points’’)

s’t’un jeu d’enfant
suffit d’avoir le ‘’déguisement’’
approprié, savez, ce look si ‘’charmant’’
qui neutralise ce qui leur tient
lieu d’intelligence, un peu
d’empathie, une heure ici
et là consacrée à observer les
techniques employées dans les
films, la télé les passe tous
à l’œil maintenant, (ha ! la
‘’gratuité’’ du mass-média ! !)
un petit, tout petit peu d’information,
l’ennemi n’est pas la tête-à-papineau
entre les mains de quelque
pin-up que ce soit – pas besoin que
le déguisement soit si au poil que
ça, les mecs ont la vue basse et vole assez
bas devant le moindre déguisement de
gonzesse

une bonne équipe, un maquis bien engagé, décidé
structuré et organisé opérationnellement, et DISCRET
avec une ou deux rabatteuses, quel malheur

Page 191

et en peu de temps, c’est ça le pire. Ho ! oublions
ça, quel péché ce serait ! quelle subversion !
PERVERSION clameraient les gens de bien.

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Le vieux ‘’pim’’ familier

Le vieux con s’occupe pas
de sa famille, sa fille
fait tout pour le ‘’protéger’, de ses
responsabilités et c’est lui
qui la traite de putain.

-------------------------

De la psychologie masculine

C’est si fragile la psychologie
d’un homme, que veux-tu !
même pas un ‘’mot plus haut
que l’autre’’, simplement un
mot ou un autre de moins
et v’l`sa ‘’virilité’’ par terre.

La virilité ?
La virilité ?
?

…hé ! bien, ma fille, c’est dur
à définir…(ici reprendre tous les clichés
vagues sur la féminité)…
…et quand ça tombe
ça se relève pour ainsi dire ‘’pu’’.

- quels sont les noms vagues que Freud donnait
aux maladies ‘’féminines’’

Page 192

?????????????????

- passage sur le ‘’p’ tits au jeux
à l’école
à l’usine
ou au bureau’’

Ils se sont mis les pieds dans les plats
depuis trente ans inventant des machines qui
les remplacent, les rendent ‘’désuets’’
en somme…(je – la guerre ça se fait en
pesant un bouton maintenant
plus besoin de muscle.
Le mec – ben oui mais si j’avais
pus d’homme, qui c’est qui
déciderait quand partir
la guerre ? ? ?)

on peut tout de même pas les
ramener dans la vraie vie ! !
ça sait pas se nourrir soi-même
(ce faire cuire un œuf), s’accoucher, se faire naître
se soigner, s’éduquer, la vraie vie de grande personne,
quoi !,…pour un peu que ça se laisserait ‘’s’éteindre’’
sans même s’en apercevoir en jouant à Monsieurs-les-affaires-importantes

enfin on peut tout de même pas se les salir, se les abîmer…les
mains dans le pain, l’eau et le sang (note : dire ces trois mots avec
un ton de respect) enfin…sont pas fait pour la vie, non, ya pas
à dire ma fille, sont pas faits pour ça…
-------------------------
- Une collecte pour lutter contre le sous-développement
des hommes, sommes civilisées non ?
-------------------------

La créativité

L’ART peut-il

Est-ce l’art seul qui démarche
au fil du temps

-------------------------

Page 193

L’artiste ?

À quoi l’art peut-il servir au créateur
lui-même ?
L’art un simple outil plasticien
pour explorer ou exposer des idées,
des approches ou des concepts
ou une ascèse vécue pour
saisir le réel, l’analyser et s’y
situer.
L’art témoigne-t-il de son siècle
auprès de l’histoire ; …seulement ?
…utilisant l’artiste comme
véhicule de ce ‘’reportage’’ ? ?
ou
l’art approche et outil d’investigation
à l’usage et la disposition du
créateur lui-même. L’œuvre cautionnant
l’âme de l’artiste auprès de son auteur même ?

l’art ? de deux choses
l’une, ou c’est quelque
chose ou c’est rien
si c’est de la foutaise, inutile
de s’en préoccuper, qu’est-ce qu’on
en a à foutre, quoi !
Et si au contraire c’est quelque
chose alors ça doit bien laisser
des traces quelque part, un indice
quelconque dans l’âme…pourquoi
dans l’âme, hé bien l’art c’est
pas des petits pois, ça intervient pas
précisément dans
la vésicule biliaire ou dans le muscle

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de la hanche…du moins pas de façon
générale, non ?
Donc l’art, si c’est quelque chose
en soi, pas question d’imaginer en
découvrir l’essence n’importe où n’importe
comment, dans n’importe quel lieu d’intervention
– comme l’amour quoi : n’importe
quelle personne seule avec n’importe quelle autre
isolée par hasard dans un ascenseur en panne même
pendant toute une nuit ne saurait conclure que l’amour
aura nécessairement fleuri en elles au petit
matin
ou encore deux sexologues discutant
de thèmes aussi fondamentaux que naissance
mort et sexualité ne peuvent être assurés
d’avoir connu l’INTIMITÉ au cours de leur
colloque…

-------------------------

- ma haine ?
connais-pas !

mon amour…est sans limite
mes besoins, mes réserves (suscitées
constamment mais sous utilisées
manque ‘’d’occasion’, - prière de
noter qu’il est question ici d’amour
et non de cul, de jouissance et
non de pouvoir, d’intimité
et non de possession…)

- petit je
D’ailleurs l’amour est cumulatif et j’en
ai tant que je ne vivrai jamais assez pour
tout le donner avant de m’éteindre,
vu la ‘’baisse’, que subit la demande
pour cette donnée dans ma civilisation.


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Ma révolte par contre est sans
bornes…’’sauf moi-même’’…
pas folle la guêpe ! !, je la jugule
cette hémorragie de ma révolte sinon elle
m’emporterait et me ferait sauter, moi la première
sous l’impacte…Sartre je crois, ou un
autre disait ‘’chaque page qu’écrit un
créateur est un geste pacifique qu’il pose
face à l’humanité ; il aurait pu tout
aussi bien placer une bombe’’ ou quelque
chose du genre.
Faudrait p’têtre ajouter un acte
de ‘’self-conversation envers lui-même,
le pauvre créateur miné à bloc de sa propre
révolte !
…enfin peut-être que les créateurs
n’éprouvent pas se genre
de pression intérieure, d’engagement
intime de l’âme à l’égard de leur
révolte ; après tout comment pourrais-
je le savoir, moi, je suis une
‘’CRÉATRICE’’, alors…peut-être s’pas
pareil…sais pas…faudrait voir…

-------------------------

Avant-hier pour être artiste une
femme perdait son enfant
hier avoir fait l’amour une femme
perdait son enfant (le chantage d’un homme à Marie-Claire)
aujourd’hui pour…idées politiques
…un peut
demain…la race…

Je suis anarchiste de ‘’an-arkiend’’
‘’sans-gouvernement’’
individualité (ou lisme ?) et solidarité
vous pouvez écouter ma voix, je ne suis
étiquetée d'aucuns parti, d'aucuns allégeance

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d'aucuns extrémisme, d'aucunes culture reconnue
et…d'aucuns diplôme d’ailleurs, je suis une voix…

‘’Je vais vous faire payer pour tout
ceux que votre beauté a fait languir’’
- Voix de Denis Roch : la vie est bien ingrate pour les belles.

…ordinaire d’ici, de parmi nous
ce que j’ai vu toute personne
peut le voir (voix des chœur) ‘’toute personne si elle regarde’’
ce que je sais n’importe qui
peut le savoir. Je ne suis ni laide
ni frustrée, quand je rentre au café
les hommes me regardent tous
m’abordent très souvent avec galanterie
m’offrent des fleurs, j’ai le genre
de gueule pour le pied desquelles plusieurs
feraient des folies, on m’offre souvent
le mariage – (chœur : ‘’elle est si décorative’’)
- voix d’homme ‘’tant qu’elle se tait’’
et quand je ne jouis pas, nul n’ose
affirmer que je suis frigide
`- chœur : ‘’les copains riraient de lui ‘’
Ceux qui me haïssent – chœur : ‘’les mêmes
qui la trouvent si décorative’’ n’oseraient
surtout pas avancer que je
manque de passion.
Je ne fais pas pitié, c’est un air de
naissance, même a moitié morte et
crevant de faim et…triste (chœur :
‘’et triste’’) je n’ai pas (chœur : ‘’Elle n’a pas’’)
le genre à faire pitié.
Dressage parfait a masquer ses
faiblesses…depuis l’enfance
ni fille, ni garçon, ni enfant
ni adulte je suis une aînée
(chœur : ‘’non ni garçon, ni fille, elle-est-une-ai-née, 3 fois scandée,)
- voix off : ‘’aînée, débrouillarde pas
pleurarde, sage, fair, raisonnable

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(chœur : ‘’rai-son-na-ble
rai-son-na-ble
- voix de folle : ha ! ha ! ha ! raisonnable
raisonnable, ha ! ha ! ha ! raisonnable
---------------Silence-------------
Ce ‘’je’’ reprends la parole :
ET SOUVENT JE NE
JOUIS PAS…

Petit ‘’je’’
pourtant la sensualité me submerge
n’ayez pas peur je suis si peureuse,
et si si polie, je suis si peu
la voix de l’extrême, ho j’ai rêvé
d’être oiseau de feu, mais je ne faisais
pas le poids- Cybèle : ‘’mais c’est pas grave
en maman, même les petits moineaux
quand ils sont là-haut ils voient tout
dis, maman, dis, c’est le point
de vue qui compte non ?’’ (Cyb. Au public :
‘’c’est de voir qui compte non ?
Ho ! maman chante moi ma chanson

***** (Monique chante la chanson de sa composition et s’accompagne à la guitare)

Chante chante mon oiseau
Vole vole mon amour

Le monde joue, se déshabille
Mange ou se suicide,
En souriant, comme si rien de rien n’étant
comme si rien de rien n’étant

chante chante mon oiseau
Vole vole mon amour

Si on demande pourquoi tu chantes
Bouche tes oreilles, je t’entendrai
Si on questionne pourquoi tu voles

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Couche toi sur le vent, je te suivrai

Chante chante mon oiseau
Vole vole mon amour

L’amour n’existe que dans la clairvoyance
De l’amoureux, tu dois voler
La solitude n’est qu’invention
De l’impuissance, tu dois chanter

Chante chante mon oiseau
Vole vole mon amour

Ils te diront que l’énergie du désespoir
Est la plus forte, ne les crois pas je t’aime
Moi mon désir est bien plus fort que la volonté des apparences
Ne les crois-pas je t’aime
Et chante chante mon oiseau
Et vole vole mon amour

-------------------------

- Monologue ‘’Cybèle’’

- As-tu confiance en moi ?

‘’Quand tu n’auras plus le choix
de t’en aller ou bien de rester
tu écouteras ta voix
et ta pensée se libérer’’

- Ne me parlez pas d’action
dont l’issue m’apparaîtrait que
dans plus de 13 ans
car il y a 13 ans que je vis sur cette terre
et pour moi, plus de 13 ans, c’est plus que toute la vie.

Maman, maman
regarde-moi aller

Page 199

voit-tu venir le (ton) jour tant espéré

(As-tu confiance en moi ?)

- Ils nous diront de nous lever
d’aimer, de rire
faire et acheter
d’oser tout payer en français

Ils nous diront qu’il faudrait bien
Nous reconnaître le droit, la force
et la citoyenneté
Ils me refusent la responsabilité de
mon désir
De mes goûts, mes choix et leur
formulation

- Quand j’interroge
Ils me disent d’agir
Et quand j’agis
Ils m’interrogent

Maman, maman
pour m’aider il faudrait
que tu existes pleinement

(As-tu confiance en moi ?)

- La confusion, la peur et la suspicion
dirigent la mode, mes amours, mes
danses et mes chansons
Prend-moi de n’importe quel côté
je suis ICI ; tout autant pour toi
que pour moi

La confusion, la peur et la
suspicion
dirigent la mode, mes amours, mes
danses et mes chansons

Page 200

Je ne suis ni diable pour investigues
le passé
Ni dieu pour hypothéquer l’éternité
Prend-nous de n’importe quel
côté
Nous sommes ici, tout autant
pour toi que pour moi
Ne cherche plus pourquoi les
autres ont tant de
pouvoir sur nous,
Ils nous regardent, tandis que toi et
moi, nous nous fuyons,
nous nous fuyons.

-------------------------

La prise de conscience

Et puis j’me suis dit,
inutile de farfiner avec des théories ;
c’est un fait, comme disait l’autre :
‘’le bonheur va pas chez les gens malheureux’’ !
…j’me demande bien à quoi je pensais
quand je pensais pas…
…Mais qu’est-ce que j’avais donc d’l’air dans le temps
que ma mère dit qu’il paraît que je touchais
à tout, mais que ça aurait été dur de me le
reprocher parce que je réussissais tout…
…qu’est-ce que c’est que je touchais tant que je
réussissais…qu’est-ce que je faisais ? ?...
comment j’étais quand je jouais
c’est-tu vrai ça que ‘’déjà’’, tout était simple,
tout allait bien ? ? ?...
Bof !, ça doit être des idées à ma mère…

N’empêche que quand j’étais jeune…’’la vie’’
j’en aurais parlé pendant des heures !
C’est drôle pareil quand tu y penses, qu’est-ce
que j’en savais de la vie ? puis justement,

***** (Suite au numéro 1975-015.)