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TEXTE SUR L'ART : Image numéro img132.
De la page 81 à la page 118.
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au juste. Voici le temps que j’avais à t’accorder pour le moment.
C’est ton choix. Quant à moi, je te souhaite bien sûr, et de
tout cœur, toute la chance du monde dans ta vision de ce dernier.
P. S. J’ai lu ton livre. Je me limiterai par lettre et d’ici à ce que j’ai l’occasion de te voir
en personne à te faire savoir qu’il m’a trouvé dans un certain étonnement compte tenu
du mode de ton discours depuis quelques années.
Je ne m’attendais pas à te lire dans une œuvre, un ‘’discours poétique’’ toi qui sembles vénérer la
forme de discours plus…à ‘’thèse’’…remarque qu’au fond tu tâtais déjà beaucoup du mode poétique
à seize ans…***** (Fin de la note.)
***** (Page suivante)
…Tout spécialisation s’élabore dans une certaine sélec-
tivité où le plus efficace prime sur le moins. En ce sens
…bla, bla, bla, ma peinture exclue dans sa démarche du
pouvoir les démarches des peintures gestuelles, plasticiennes,
etc…sans porter préjudice à priori à leur valeur absolue en tant
que telle…cependant et ici intervient l’incidence dans
le rôle de l’art de ce droit nouveau à l’art qui est dévolu
au grand public par la nouvelle structure que les nouveaux
médias de communication donnent à notre société.
Dans ce que nous appelions une ‘’école d’art’’, l’impression-
nisme, le dadaïsme, le surréalisme, le cubisme etc…
au sein de l’école même, entre les membres qui la formaient
s’établissait une sous ou sur-langage, langage qui
permettait aux initiés de jouir des œuvres y pro-
duites bien davantage que ne pus jamais en
jouir le spectateur extérieur ou occasionnel.
C’est cette communication privilégiée d’ailleurs qui créait
véritablement ‘’mouvement’’. Elle conférait au groupe
une force, une puissance nouvelle à partir de la
quelle le groupe, le ‘’mouvement’’ entier pouvant
passer à la conquête d’un plus grand cercle :
le reste du groupe de l’élite sociale, c.à.d. le
reste de ceux jusqu’à qui l’information frai-
che était susceptible de pouvoir parvenir. Les in-
dividu d’ailleurs qui possédaient le moyen d’OFFRIR
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de l’information fraîche (salon de thé, revue Littéraire, etc.)
s’auréolaient immédiatement d’un prestige fort envié.
***** (Page suivante)
Ce nouveau groupe d’intronisés alors formé
de l’ensemble de l’élite dite sociale,
acquérait lui-même une puissance et une
force nouvelle (un sang nouveau !). Interprétant
à sa façon la vision nouvelle de ses artistes
en créant de nouvelles vogues, de nouvelles fureurs,
de nouvelles modes, de par leur situation financière,
politique et économique. Ces derniers pouvaient
alors laisser filtrer à travers leurs actes et leur poli-
tiques l’influence nouvellement acquise.
Influence qui par ce billet tenu parvenait
jusqu’aux oreilles du grand public.
Soit que le grand public apprenait à voire
et à élever sa famille peu à peu dans cette
nouveauté éléphantine que l’on appela gratte-
ciel sans pour autant très bien connaî-
tre l’existence d’un Mondrian.
Soit que le grand public apprenait
à connaître le nom de Picasso presqu’autant
que celui de Champlain, de Maisonneuve
ou de New-York sans pour autant savoir
quoi que ce soit de son rôle et de sa place dans
l’histoire de l’art.
Soit qu’il intégrait à sa vie quotidienne
des concepts témoignant d’opinions et de
jugements dont il ignorait autant l’origine
***** (Page suivante)
que la portée – témoin, l’expression populaire
au sens bien spécifique de : Fou comme Braque.
Aujourd’hui, où la première instance, après
l’artiste lui-même qui peut recevoir l’information est
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(ou du moins peut et tends
de plus en plus à être)
le grand public lui-même
c’est AVEC le grand public lui-même
que l’artiste créera école, fera mouvement
acquerra puissance et force.
C’est en commun avec le grand public que l’artiste
élaborera et utilisera ce ‘’sur-langage’’
qui permet aux initiés de jouir le plus
profondément possible des œuvres y produites.
Pour ce faire, au grand jour et en pu-
blic, l’artiste devra annoncer la couleur de
son langage nouveau et particulier : au
grand jour et avec le public directement
il élaborera des jeux de mots et d’e-
prit que seul peuvent comprendre les
initiés. Comme jadis parmi les
intellectuels – même le créateur devait sélectionner
les pairs désirés et se faire élire d’eux
***** (Page suivante)
en excluant les perturbateurs dissidents
du cénacle des élus pour parvenir à faire
école et mouvement ; c’est aujourd’hui
à même la masse de l’ensemble du grand
public que l’artiste-créateur établira
la confrérie de ses pairs et ce à
l’exclusion des perturbateurs dissidents à sa
vision. Deux amateurs d’art ainsi formés
pourront ne pas goûter les mêmes œuvres
ni les mêmes artistes. Deux artistes
pourront non seulement élaborer différem-
ment sur l’art mais encore de façon même
absolument divergente et ce à la vue
et la connaissance du grand public cette fois.
Les divergences et les incompréhensions bien
que visibles à plus de gens ne sont pas
pour autant un phénomène nouveau. Qu’il
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suffise à ce sujet de feuilleter quelqu’ancienne
revue ou chronique des arts et lettres pour se
ressouvenir des animosités et incommuni-
cabilités d’antan. Qu’il suffise de lire quel-
ques échantillons des correspondances jadis
échangées entre deux artistes ou deux auteurs
que l’on a pourtant appréciés autant
***** (Page suivante)
l’un que l’autre et de les y entendre s’insul-
ter, se ridiculiser, s’accuser l’un l’autre
de n’être pas dans le coup, pour réaliser…
Ou encore qu’il vous suffise de revoir avec
plaisir un ancien confrère de classe pour
réaliser combien vous regrettez que la vie vous
ait tant privé de sa présence, mais qu’une
bonne bouteille vidée à deux dans le doux
enveloppement du souvenir rappelle à votre
mémoire combien vous aimiez jouer au
hockey ensemble et parler des filles mais
combien par ailleurs vos sympathies et aversions
n’allaient pas aux mêmes auteurs.
Ces divergences et ces incommunicabilités
n’origine pas toutes que de rivalités et jalousies
ou encore d’étroitesse d’esprit et d’en-
têtement futiles ; souvent leur racine est bien
plus profonde, aussi profonde que le besoin qui
vous pousse à tuer l’agneau : c’est pour le man-
ger et vivre et non par haine, ni même par peur, pour le détruire.
Il y en a qui sont heureux n’importe où pour-
vu que l’air soit frais et le soleil éclatant. Il y en
a d’autre qui sont heureux même s’il pleut
deux cents jours par année pourvue qu’ils vivent
***** (Page suivante)
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dans le foyer par eux construit, décoré et
aimé. Qui a tord, qui a raison ? Cela dépend
auquel des deux groupes l’on appartient soi-même.
Il en va un peu de même des écoles de pen-
sée en art comme ailleurs. L’on attend de ceux
que l’on rencontre qu’ils nous parlent de ce qu’ils
vivent, qu’ils nous exposent leur univers et qu’ils
nous le fassent apprécier. Parmi les univers les
plus riches, l’on optera souvent pour celui que
l’auteur aura le plus réussi a nous faire aimer,
celui qui parlera le plus à notre esprit, qui fera
le plus rêver notre cœur, celui qui nous
permettra le plus de croître nous-mêmes, de
grandir. Les autres on les appréciera peut-
être mais avec une admiration davantage
empreinte de respect que d’amour et d’enthou-
siasme. Le cœur a besoin de se soulever.
L’humain a besoin de vivre et de se sen-
tir grand, plein de vibrations, de possibilités.
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***** (Bio., page : 524) (1976)
***** (Le 10 mai 1976, Monique fit une demande auprès de l’université Concordia pour être admise dans
le programme de ‘’Masters in Fine Arts’’. Malgré tout ses compétences et les références à l’appui, elle a été
refusée. Elle m’a dit qu’elle avait pleurée deux jours de colère, de frustration et de peine. La raison du refus
est qu’a l’époque la faculté de ‘’Fine Arts’’ était entièrement ‘’dominée’’ par le mouvement ‘’Abstrait’’ et
que Monique oeuvrait dans la ‘’figuration et le collorisme’’. Comme requis dans la présentation de son dossier,
voici l’écrit que Monique a joint à sa demande d’admission.)
10 mai 1976
Faculty of Fine Arts
Graduate programme
Sir George Williams University and Loyola of Montreal
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A qui de droit,
Afin de m’introduire et de présenter les motifs qui président
à ma demande d’inscription au programme d’Art-Studio offert par
votre faculté, j’adjoins ce document à mon dossier.
A l’âge de onze ans, je commençais à subvenir à mes besoins
en vendant de l’artisanat. Toutes les pièces que je fabriquais
étaient exclusives.
Je commençai véritablement à peindre en 1959. Je m’adonnais
à cette activité en attendant le jour où je pourrais disposer d’un
équipement adéquat pour aborder la sculpture. Du moins, voilà
ce que je croyais alors. Le mouvement et la qualité de la cou-
leur et de la luminosité me fascinaient. J’écrivais aussi une
prose poétique qu’avec mes amis, nous interprétions dans toutes
‘’les coures et les caves’’ alentour, la disant et la chantant.
En 1961, j’écrivis un essai. Ce travail constituait ma première
critique sociale avouée. De ce jour, j’appréhendai l’art sous
l’angle du produit-témoin de l’expression. Mes amis et moi
avions créé le théâtre ‘’Des loups’’ qui avait pignon sur ruelle
Louis-Hémon.
En peinture, d’abord nourrie aux ressources de l’environne-
ment, après avoir tâté du traditionnel, de la stylisation, de l’abs-
trait, puis d’un ‘’pop’’ teinté de l’influence du ready made,
c’est seulement en 1964 que je découvris soudain le sens de
l’engagement profond qui lie la créateur-concepteur à son œuvre.
J’entrevoyais alors la richesse des ressources d’appréhension et d’ana-
lyse qu’offre l’expression. L’art semblait devoir se lier à ma quête
de la compréhension et de la conscience. Créer pouvait être plus
qu’un jeu- de- l’esprit. Créer devenait outil de conceptualisation
et d’objectivation des perceptions. Créer, une approche possible à
la vie.
Le ‘’soul expression’’ devenait alors approche, mouvement, école
et technique. C’est avec cette approche que j’ai appréhendé
les lignes de force et d’influence de notre société contempo-
raine. C’est à l’aide de cette technique d’apprentissage par-
ticipant que j’ai abordé la maîtrise des instruments de com-
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munication et d’information de notre temps.
***** (Page suivante)
Mon cheminement s’inscrit dans la démarche d’une génération
qui tend à la polyvalence et à l’adaptabilité, consciente que
l’heure sonne de retrouver le sens profond de la vie et la maî-
trise de l’environnement.
J’ai pu me faire les dents à ce monde en travaillant à par-
tir de 1966 au niveau de l’éducation pratique et de la forma-
tion dans différents secteurs, loisir, perfectionnement, jeunesse
délinquante, enseignement institutionnalisé, etc…
Je suis concepteur et designer.
Comme le cheminement de ma pensée est avant tout concep-
tuel, le langage de l’image est mien avant même celui de la
parole. Si les produits de ma créativité se situent au niveau
des multi-média, ma personnalité peut être saisie à travers mon
travail au niveau de la peinture psychanalytique ou analyse
conceptuel par l’image. C’est pour cette raison que, considérant
la difficulté de présenter aujourd’hui un échantillonnage
exhaustif de ma production, j’ai choisi de vous faire parve-
nir des diapositives illustrant quelques-uns de mes produits
au niveau de l’image.
En posant ma candidature au programme de maîtrise offert
par votre faculté, je réponds particulièrement à un souci dou-
ble de ressourcement et d’intégration.
Ressourcement : à la lumière de recommandations émanant de
l’extérieur de votre institution et de l’information que m’a ap-
porté un premier tour d’horizon effectué auprès de certains mem-
bres de votre faculté et de votre programme, je crois pouvoir atten-
dre de l’encadrement qu’offre votre programme de maîtrise
en art plastique et de la polyvalence de l’équipe étudiants-
professeurs qui y participe, un contact renouvelé avec un mi-
lieu pluridisciplinaire de création et d’information.
Intégration : ma formation d’autodidacte limite parfois mon
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champs d’intervention au niveau de normes syndicales en cours
dans certains milieux de recherche, d’enseignement et d’ani-
mation. A cet effet, les garantis de reconnaissance attachée
à l’apprentissage effectué dans le cadre des programmes of-
ferts par votre institution viendraient ajouter une facette nou-
velle à mon expérience.
Enfin j’aimerais préciser que les renseignements pertinents
à ma candidature qui manquent actuellement à mon dos-
sier vous parviendront dès qu’il sera possible d’absorber un
retard qui est actuellement imputable aux ralentissements
administratifs que nous subissons conséquemment aux diffi-
cultés qui assaillent les relations patronales-ouvrières au Québec.
***** (Page suivante)
N’ayant pu rencontrer personnellement le Dr. J. G. Smoke
avant cette date limité de la mise en candidature, telle que
le préconisait Mademoiselle E. Bradley au moment de notre
rencontre le mois dernier (en avril M. Smoke était retenu à l’ex-
térieur et à son retour, j’ai dû moi-même effectuer deux voyages
d’affaires), je n’ai qu’une idée très imprécise du type de
documents qui tout en représentant mon travail, conviendrait
aux informations que désire obtenir le comité de sélection formé
pour étudier les candidatures.
Je vous envoie donc copie de mon curriculum vitae afin d’en-
cadrer un peu le ‘’personnage’ (sic). J’y adjoins un extrait de mon
rapport d’étape du projet-pilote du Ministère de l’Éducation dans
le cadre auquel je suis responsable de la ‘’formation’’ au Départe-
ment des Techniques Administrative du C. E. G. E. P. de St- Jérôme, tel
qu’il était présenté le 29 avril dernier au Colloque tenu par la
Coordination Provinciale sous le thème de ‘’La résistance au chan-
gement’’ et déposé depuis le 5 mai aux Service de Recherche de
la D. G. E. C. du Ministère de l’Éducation à Québec, afin de situer
un peu mon niveau d’intervention.
Par ailleurs, comme je l’exposais plus haut, je vous fais par-
venir un carrousel de diapositives numérotées de 1 à 58, accompagné
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de la littérature présentant la liste et le détail succincts des pièces.
Espérant le tout conforme.
Je vous remercie.
Monique Jarry
Mirabel.
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***** (Bio., page : 528) (1976)
***** (Le prochain texte est celui que Monique a joint à sa demande à l’Université Concordia concernant les toiles
qu’elle leur présentait. Je n’inclus pas les photos de ses toiles : Ce qui est d’importance dans ce contexte-ci, sont les
réflexions, commentaires et les pensées que Monique formules en regard de l’Art et de son cheminement et de sa propre
évolution. Je le transcris dans son intégralité.)
Série numérotée de 1 à 30
Ce sont des ‘’mandalas’’ créés selon les techniques de conscientisation du ‘’soul expression’’. Chacun a été analysé
psychologiquement et l’aboutissement double de cette recherche donne naissance à la psychanalyse conceptuelle.
La mention d’année qui figure à côté de chaque titre correspond à la date de conceptualisation objectuelle de l’image.
Celle-ci n’est considérée comme achevée qu’au moment où son implication rejoint ma conscience ; bien que le tableau
comme ‘’peinture’’ ne soit plus jamais retouché après la conception initiale, il ne sera donc achevé par fois que plusieurs
années plus tard.
Il est alors remanipulé comme ‘’objet’’ puisqu’il est à ce moment scellé dans une résine liquide dont la composition
chimique a été étudiée à ce effet.
Cette longue recherche me permet de dégager des données pertinentes au sujet du processus de la création et de
l’assimilation- interprétation de l’environnement par nos perceptions individuelles. Je travaille actuellement au
classement et à la rédaction de ces données.
Comte- tenu des médias de diffusion dont nous permet actuellement de disposer l’avancement technologique auquel
nous assistons, je n’ai eu aucune hésitation à ‘’immobiliser’’ aussi longtemps ces créations pour fin de recherche.
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Devant la couverture d’une revue sur laquelle apparaît une photo d’un monument historique, quelle est l’œuvre
originale se demande-t-on ? Le monument ?
La photographie ? Le ‘’front page’’ ? La revue elle-même ?
L’utilisation du médium de base de l’œuvre de création artistique change : mais change aussi l’utilisation de l’œuvre
elle-même… par quel cheminement le médium devient-il le message ?
Ainsi donc cette immobilisation de l’œuvre elle-même n’a-t-elle jamais signifiée dans ma vie des dernières dix années,
carence de diffusion de l’œuvre. Ces images ont été création et support à l’environnement, matière à spectacles, light show,
environnent show, conférences outils pédagogiques, etc.
Je ne tente ni de suivre, ni de précéder les préoccupations d’ordre esthétique dans lesquelles s’étaient engagés les arts dits
plastiques depuis quelques décades. Je poursuis les préoccupations d’ordre existentiel de mon époque à travers ceux des
moyens qu’elle m’offre qui conviennent le mieux à mon expressivité.
C’est à la lumière de cette question que je pose à l’art que ces images peuvent être appréhendées : DE QUEL SECOURS
LA FONCTION CRÉATRICE PEUR-ELLE ÊTRE POUR PERMETTRE À L’HUMAIN D’ACCÉDER À
SA PROPRE VIE ?
Série numérotée de 31 à 39
Ces images sont tirées d’une série d’une trentaine de plaquettes exécutées sur un papier que j’ai préparée moi-même.
Il s’agit d’un recueil d’images illustré de quelques textes.
L’illustration littéraire n’est pas achevée encore.
Le refrain de la chanson qui lui tient lieu d’ex-libris prétend
que : ‘’Papa, papa,
La vie, la vie,
is the phoenix
of America.’’
Le thème de l’ensemble tourne autour de l’idée que même un simple pauvre petit moineau peut voir du haut des airs à
peu- près tout ce qui se passe en bas…même sans être grand oiseau de feu.
L’allégorie tient compte de la relation que l’analyse de ma symbolique a mise en évidence entre l’oiseau et la conscience. 1973
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Les formats des plaquettes varient entre : 8½’’ X 11’’
6 X 8
3 X 4
Série numérotée de 46 à 50
L’idée comme telle de la gravure manuelle m’intrigue…
Thème : Les témoins
Linogravures à impression simultanées – monotype. 1973
Série numérotée 51 et 52
Maquette d’une histoire racontée par photogramme. 17 X 22
Thème : América, la femme- cathédrale
‘’Dans les tribus matriarcales dites primitives, on prétend que tout en contrôlant la société, la femme y serait plus
exploitée qu’ici…
Quel sera l’issu de cette histoire ? Je ne peux encore y répondre…
Série numérotée de 53 à
Cette recherche de la luminosité et de la transparence qui hantait déjà ma jeunesse alors que j’essayais de ‘’fabriquer’’
des couleurs qui ne CHANGERAIENT pas en mêlant des pigments aux vernis, aux blancs d’œufs et à tout ce qui se
trouve dans une maison, faillit être mon Waterloo…
Résine et plastique !
Partie des uréthanes opaques comme une galaxie sans soleil vers 1968… :
53. des ‘’bonhommes’’ moulés à l’air libre avec une densité – 2lbs
54. des ‘’gâteaux’’ décorés moulés à la résistance avec densité – 6lbs
…J’arrivais à quelque chose vers 1972, c’était lumineux, transparent ; mais il fallait encore couler sur une image opaque,
recouvrir…puis en 1973, la trouvée se fit.
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55. 56. 57. murale réalisée pour la compagnie de meubles en altuglas G. P. S., Paris France, devant être incorporée à un
aquarium moulé sans armature métallique de soutien. 16’’
58. l’aquarium en question.
Recette chimique ? – Secret d’état ! ! ! Rien n’est encore parfait pour le climat québécois, ça craque encore à – 30 degré.
***** (Note : C’est cette recherche de la lumière et de la transparence qui mena Monique vers le verre teinté (vitrail)
en 1979. Elle dira : - ‘’Avant d’arriver à La Maison de Verre, (1979, atelier/boutique de vitrail), je m’attardais
songeusement de temps à autre devant les vitrines de magasin qui exposaient des œuvres en verre teinté.
C’est quand j’ai vu ce que vous faisiez (mon associer et moi) que ça l’a ‘’flashée’’ : vos lignes de soudure étaient d’un
raffinement et d’un professionnalisme qui manquait à ce que j’avais vue jusqu’à là. Ce que j’avais vu était mal fini,
un peux grossier, pas vraiment esthétique dans la finition et en voyant vos œuvres, là j’ai bien vu qu’il y avait quelque
chose de beau à faire avec le vitrail.’’
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***** (Bio., page : 531) (1976)
***** (Monique, comme beaucoup d’artistes a eu des ‘’périodes’’ tout au long de son oeuvre. Dans les années soixante,
elle acceptait que l’on appelle sa peinture ‘’psychédélique’’. Elle cherchait à faire comprendre que le tout était une
question d’imagination et de recherche intérieure. Que la drogue n’avait aucun rapport avec la capacité de pouvoir
créer (Cela a fait partie de sa collaboration avec l’aide à la jeunesse qui lui envoyait des sujets espérant que ses cours
de peinture puissent aider à les orienter). Vers la fin des années soixante, elle parlait de ‘’soul expression’’. Puis dans
les années soixante-quinze et seize, elle formula ‘’La psychanalyse par l’image ou la peinture conceptuelle’’. Depuis 1987,
elle ressaisit le tout et s’engagea dans L’Art Sacré religieux et formula les principes de l’Art Sacré séculier. Le fond de sa
démarche n’a pas vraiment changé depuis les tout débuts. La recherche de l’être, la communication, un langage pour
s’exprimer, évoluer, prendre contact avec soi-même et les autres. Seul la définition ‘’du langage’’ a changé au fur et
mesure de sa propre évolution, raffinant pour ainsi dire la conception d’un langage par l’image qui engloberait le plus de
variables possible dans le but d’atteindre un niveau de compréhension et de connaissance nécessaire qui serait à la mesure
de ses aspirations personnelles et ceux de ses frères et sœurs humains. Je m’arrête ici, je ne suis pas un ‘’expert’’ en art,
je ne puis que vous proposer mes observations, jointes aux vôtres, laissant ‘’l’analyse’’ à d’autres
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personnes plus compétentes que moi en cette matière. Le texte suivant est en fin de compte une ‘’formalisation’’ de la façon
que Monique cherche à interpréter ‘’l’image’’. Ce texte est l’introduction à son album de photos de ses toiles et date de 1976.
Enfin, ce ‘’guide/grille’’ (Catégories) d’analyse est valable pour l’ensemble de son œuvre quelque soit la période.)
Peindre est un art
Je n’ai pas encore eu le temps de me pencher sur la définition de l’art comme tel ; ma démarche de définition de la vie
et du bien-être préconise, bien sûr, une orientation utilitaire du geste et de l’objet d’art, j’en conviens.
S’il fallait identifier ma filiation à l’esthétique, la démonstration de théorèmes plasticiens tel que l’académie nous
les présente jouerait un bien petit rôle au niveau de mes préoccupations fondamentales.
La qualité de mon voyage dans le vaste monde (prévu compte tenu des circonstances pour une durée approximative
de quatre-vingts ans, eut égard à ma nature de mammifère humain) retient principalement mon intérêt, mon engagement
et catalyse les énergies de mon effort.
Ma démarche d’initiation, d’expression et de confrontation au cœur du langage pictural, s’offre en exutoire à ma volonté
d’observation, de compréhension et enfin de communication avec et par moi-même, ma race, mon environnement et le
phénomène d’existence.
Au moins deux points sont nécessaires pour tracer une ligne tangible à l’observateur. C’est ainsi qu’à priori, pour
différencier et évaluer les éléments de mon champs de perception, j’ai établi la pratique de ma vision selon deux angles
d’appréhension dont chacun origine d’un système d’évaluation distinct.
Un système pour l’expérience duquel j’ai utilisé l’enseignement social que mon environnement culturel m’offre.
C’est-à-dire, toute cette définition de l’existence et de la vie selon le principe communément appelé de la RÉALITÉ et
qui sous-entend tout un ensemble de valeurs spirituelles, psychologiques, sentimentales, intellectuelles, physiques,
sociales et économiques. Système que je qualifie de ‘’directivo-critique’’ et duquel bien sûr procède un ensemble
d’organisation, de
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méthodes et de langages. J’y rattache le langage ‘’verbal’’ que l’on peut aussi qualifier de langage ‘’progressif’’.
Et un autre système pour l’expérience duquel j’ai utilisé les différents enseignements que m’apporte l’écoute attentive
des observations autonomes de mes sens au contact des stimuli qu’ils reçoivent, projettent, échangent, surimposent et
complètent. Cette ‘’co-science’’ objective du vaste monde et qui identifie et définit tout un ensemble de valeurs et d’actions,
d’énergies et de pouvoirs, de désirs, de besoins et de finalités, on peut la qualifier OBJECTIVATION. De ce système
d’expérience de l’existence procède également un ensemble d’organisation, de méthodes et de langages. J’y rattache
notamment le langage de ‘’l’image’’ que je qualifie de langage ‘’conceptuel’’.
On comprendra mieux alors le cheminement de ma pensée à travers l’image, médium où je m’exprime sur le mode conceptuel.
Il s’agit ici de mettre près de deux cents des réflexions conceptuelles importantes de ma vie depuis 15 ans en ordre de
conséquences les unes par rapport aux autres.
Pour faciliter l’introduction de ces images-reportages issues d’un système de co-(n)-science objectivante de la perception
dans cet autre système organisé dit de réalité, je trace une ébauche de catégorisation des fonctions de la perception
mises à contribution lors de la production de chacune de ces images.
Elles se subdivisent donc en six grandes fonctions de la réflexion :
1 - le témoignage existentiel :
pratique qui évalue la conscience autonome que je réalise à partir d’expériences tangibles qui m’adviennent,
dans cette partie de ma vie qui évolue dans le cadre et selon les modes de la ‘’réalité’’.
2 – la réflexion analytique objectivante ou re-conditionneur :
pratique qui consiste à observer d’une part une incidence spécifique (évènement, sentiment, comportement, etc.)
évoluant dans le système de ‘’réalité’’ et qui, tout en concernant mon environnement, n’est pas nécessairement
influencée directement par l’évolution de ma propre existence, donc l’art témoin de son siècle ;
d’autre part, pratique qui consiste à évaluer cette incidence spécifique à la lumière du système de ‘’co-(n)-science objectivante’’,
donc l’art réfléchissant son siècle ;
enfin, pratique par laquelle je m’auto-conditionne à jouir de façon toujours plus tangible de ce merveilleux voyage
dans le vaste monde que j’ai choisi d’effectuer à
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travers ‘’l’ensemble’’ de ce véhicule sensible, perméable et influent qu’est le mammifère humain, donc l’art ascèse de vie.
3 – l’organigramme-condensateur :
pratique qui exprime les perceptions, les préoccupations, les sentiments et les impressions sous forme de structure organique
qui met en lumière la chaîne de conséquences qui les relie et qui a pour fonction de clarifier les concepts qui cherchent
à s’exprimer dans l’enchevêtrement des différentes fonctions de la perception.
4 – l’exorciste :
pratique qui a pour objet de libérer la pensée objectivante d’une préoccupation urgente et mal identifiée qui la subjugue
et entrave son libre fonctionnement.
5 – le conceptogramme :
pratique qui favorise l’émergence objectuelle et articulée d’un concept clairement identifié auquel la globalité de sa
structure confère une autonomie imprescriptible.
6 – le corollaire :
pratique qui consiste à faire la preuve de l’énoncé d’un conceptogramme par l’application de ses prémices à une situation
autre ou plus spécifique que celle dans le cadre de laquelle le conceptogramme initial était né.
Il s’agit en somme, ici, d’images-reportages qui se sont formées spontanément ou sous l’impulsion de ma volonté de clarification
tout au long de mon cheminement de par le vaste monde de l’existence. Je suis consciente que le mode de rédaction que j’ai
utilisé pour noter mes reportages est une forme de sténographie analytique de la perception. À ce titre donc, pour rejoindre
un langage plus commun, chaque image nécessite à tout le moins une certaine explication. C’est à la traduction littéraire
de cette initiation que je travaille actuellement, au moment où mon apprentissage terminé, j’entre dans la phase du compagnonnage.
Les Laurentides, Québec 1976
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***** (Bio., page : 536) (1977)
***** (Extrait d’un cahier : ensemble de textes sur l’art et le comportement humain)
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***** (14 mars au 15 avril 1977)
le retrait la promiscuité l’utopie
1 : le retrait
comme la tortue
il s’abrite en lui-même
et comme sa carapace naturelle protège et isole le reptile
de l’orage, du danger, des cataclysmes immédiats
le retrait garde le mammifère humain
1 – des atteintes inopinées du destin
2 – de la science de l’expérience
3 – de l’échec individuel et du rejet social,
de la responsabilité du choix et de la sélection
4- du tonnerre et de la tempête
5 – du choc et de l’éclaire
de l’éclaire et de la lumière
6 – du soleil et la lumière
7 – du combat et du mouvement
8 – de la mort et de l’amour indistinctement
il résiste et s’enferme à souffrir
‘’avec honneur, comme un seul homme’’ dit-on
pendant que la moitié passive de son âme
rêve impuissant de s’envoler aux pays de libertés,
enchaînée ici pourtant
par cette autre moitié active d’elle-même
qui concentre son énergie pure l’incessante
reformulation de sa protestation contre les forces
de l’adversité, subjuguée par l’ennemi
comme l’homme anéanti par
l’arrogance et le mystère
du serpent.
l’intelligence qui appréhende
les ravages possibles de la douleur
cède aux assauts d’une tradition
dite de conservation
Page 97
qui s’élabore à chacun des pas d’une certaine démarche
culturelle.
L’âme civilisée abandonnée à l’insécurité
intellectualisée
se mire dans une glace de pyrite
où la névrose collective prétend se qualifier de conscience
et le temps du cycle de vie des retraités en ce monde
s’effrite en phantasmes stériles
sans même que son nez resté en somme
d’une fade virginité naïve et ignorant, ne pleure la
carence des fragrances des pays de
liberté dont il ignore tout de leur
structure et même leur existence
tangible.
ainsi la tortue reste isolée
en elle-même de peur du tonnerre
sans savoir qu’au dessus d’elle
le soleil est reparu et sèche déjà
les dernières réserves d’eau douce
laissées par la pluie
les tortues vivent des centaines d’années
leurs chances d’entrevoir un arc-en-ciel
sont nombreuses…
et d’autre part, leurs estomacs supporte
l’ingestion d’eau salée…
le mal est donc moindre.
Qui d’ailleurs aurait craint
que ce reptile aux origines apocalyptiques
eût pu sombrer dans l’aberration
au point de choisir de se protéger
d’un danger passager
au prix d’un risque mortel !
il ne saurait en être question
puisque ces animaux dit-on
ne sont pas doués d’intelligence…
11 la promiscuité
Page 98
111 l’utopie
14 mars 77
A)
En ces temps-ci
ma pensée se résumerait
de la façon suivante :
1 – ‘’je ne suis pas née
pour entretenir les objets
que j’ai achetés avec l’argent
gagné par un autre’’
11 – ‘’je ne suis pas née
pour acheter les objets dont j’ai besoin
avec l’argent gagné par un autre’’
Et ces deux phrases
me semblent résumer
une bonne partie
du malaise de vie
que ressent une bonne partie
de mes confrères et consoeurs
humais
en ces temps-ci
en ces pays-ci
B)
Par ailleurs observant et analysant
toutes les toiles qui sont actuellement
en chantier autour de moi
une chose me frappe
devant (principalement) celle de cette double-femme ***** (Toile no. 1976-010)
qui se libère d’un elle-même
1
‘’Cet archétype de dédoublement
est né d’un sentiment premier
de l’être neuf, régénéré qui succède
Page 99
à l’être diminué qui avait été
malade physiquement et psychiquement
et moralement’’
11
‘’surgi dans l’enthousiasme
cet archétype a stagné, inachevé
durant une période approximative
de quatre mois
jusqu’à aujourd’hui
où l’enthousiasme à son égard
semble renaître en moi’’
111
‘’Cette période de stagnation de l’œuvre
me semble correspondre à un cycle
bien précis d’évolution’’
1V
‘’Je sais qu’elle renaît par une (l’œuvre)
de l’énergie accumulée par une
grande souffrance,
souffrance qui s’est intensifiée depuis
un mois jusqu’au point de submerger
presque totalement toute autre préoccupation’’
V
‘’Je reprends (re-senti) aujourd’hui ce thème
de la libération mue par une préoccupation
d’une étendue nouvelle, moins anecdotique
et plus universelle.
donc : la libération s’étend à un
niveau d’intervention nouveau
c.à.d. : à l’origine, je me libérais de mon
incapacité personnelle d’exercer mon libre
arbitre dans et sur ma vie ; incapacité occasionnée
par l’état d’infériorité (dépendance) auquel un accident
de voiture m’avait réduite
aujourd’hui, je parle de me libérer d’une
Page 100
incapacité sociale d’exercer mon libre arbitre
de façon concrète dans et sur ma vie ; incapacité
occasionnée par l’état d’infériorité
et de dépendance auquel les règles et structures
de mon environnement social m’avaient
réduite’’
V1
‘’On pourrait dire à l’analyse de cette
toile (lorsqu’achevée) que son interprétation
peut se faire à deux niveaux, bien sûr…
MAIS, on peut aussi penser :
si on reconstruit le cycle d’évolution
suivant :
1 – maladie
2 – recouvrement de la santé
3 – intégration à la vie de la communauté
4 – souffrance
5 – (évaluation, révolte, rejet) libération
V11
‘’Voici que se pose une nouvelle question
hypothèse :
la souffrance requiert
pour apparaître une autonomie
une expérience
une santé
la souffrance est une action positive
profitable et qui n’est
(beaucoup moins) pas à portée de l’organisme
malade dans la mesure
ou l’organisme malade
n’a pas suffisamment de moyens de s’informer,
d’évaluer et de
réagir avec indépendance
et autonomie
V111
Page 101
‘’Il est très ennuyeux que
lorsque la souffrance,
nous ayant poussé à l’exaspération nerveuse,
nous amène enfin à contester, l’éducation acquise nous
porte elle, à refouler et contrôler systématiquement nos
contestations ou du moins à les mépriser en
essayant d’en minimiser la
valeur tentant ainsi d’anéantir
le fruit d’un long processus d’évolution de la
santé…
1X
‘’Si quelque hypothèse ici énoncée
avait quelque valeur objectivante,
ce serait dire combien l’éducation
acquise, ce solide résumé concentré
de notre culture (ou civilisation) pourrait
être considérée comme le symptôme
visible et extérieur d’un étrange état
de la santé (ce mot utilisé comme terme
descriptif général de l’ÉTAT d’un être sans
considération évaluative de bien-être ou de
mal-être)…
X
Enfin dans ma démarche de
recherche de moi-même, de ma pensée
et de mes besoins, combien, ô combien
de temps et d’énergie à reconnaître ‘’ lesquelles de
mes pensées sont les miennes et lesquels de mes
besoins sont les miens’’
et combien, ô combien peu de temps et
d’énergie restent-il pour ‘’penser’’ et vivre la
vie sans ma pensée et mes besoins ! ! !
X1
Hélas ! Hélas !
X11
Page 102
Qui encore prétendrait, réalisant dans les
conditions actuelles de notre culture
la nature et l’ampleur d’un tel
défi au bonheur, à l’équilibre, à l’objectivation,
à la connaissance ou tout bonnement à
l’absolu diront certains historiens de l’art,
qui donc encore prétendrait sachant tout
cela, que l’artiste à un caractère difficile !
C)
Quand je disais en parlant de mon travail : ‘’l’œuvre
de ma vie…’’, je ne réalisais pas que des
‘’œuvres- de- vie’’ on ne peut en produire
qu’une seule comme on a qu’une seule
vie…
comme dans tout autre domaine, il ne
faut pas s’attendre qu’elle soit transmissible
avant d’avoir pris forme et vie vraiment…
c’est un peu comme dire que ni chance,
ni fortune, ni puissance ne peuvent empêcher
que le début de la naissance active d’une
telle œuvre ne corresponde ni plus ni moins à
la fin de la vie de son auteur.
--------------------
fin mars 77
Tous les personnages que je trace
pourraient se subdiviser en au moins deux
grandes catégories par la forme le mouvement qu’ils
expriment.
Certains sont gracieux, équilibrés, élégants, voluptueux
ou tendres, etc…
D’autres sont rigides, désarticulés, froids, retenus,
inquiétants, comme empêtrés ou déséquilibrés etc…
J’ai pas de jugement de valeur à apporter là-dessus,
dans chaque catégorie de plus et de moins excellents.
Dans chaque groupe l’image produite peut être ingénue
Page 103
mignonne, prenante ou plate, profonde ou
superficielle, violente, visionnaire, apocalyptique, mystique
etc…
Ce sont peut-être les humains tels qu’on peut les voir
versus les humains tels qu’ils peuvent se voir…
--------------------
(Suite du cahier, bio., page : 551)
Pourquoi Moles parle-t-il d’égalité de tous les
consommateurs devant le droit à la ‘’Beauté’’ ?
Beauté est-ce la fonction de l’art dans
la société ? et les art-décoratifs, et l’architecture,
la mode, et les loisirs alors ?
Probablement qu’il base sa certitude
et son assurance sur quelque chose qui
m’échappe ! ! ! ! ? ? ?
L’ART – loisir des dieux et riches
l’art – loisir de tous
à ce tient l’énigme
alors que l’art classique était le loisir des riches
seulement, ils l’ont probablement apparenté à
l’immersion dans la beauté
et c’est ce qu’ils veulent nous transmettre aujourd’hui
que la conjoncture sociale les pousse à démocratiser
leur fortune
Cependant en ce temps-là pour nous
le manque d’art n’était pas perçu comme manque
de beauté, mais de sens ;à la vie , de dieu, d’âme,
de vérité, de relations cosmiques, d’enseignement et
de message. Nous ne CONVOITIONS pas les
châteaux comme contenu. Chacun sait de l’air et le soleil des
plaines vastes est meilleur pour le cœur et le corps, que les jeux
Page 104
de l’amour sont plus tendres et plus passionnés aux champs que dans les lits à
baldaquin. Nous convoitions les châteaux comme des calices contenant de contenu
de vie, la substantifique moelle de vie, de connaissance et d’amour conscient.
Naïveté sûrement mais nous attendions ‘’Lycaniôn’’.
Moles p. 191 sur ‘’l’art des sons : création et synthèse’’
…’’Il n’y a pas de musique dans la nature : toute
musique et donc synthétique’’ ? ? ?
question à P. Vaillancourt : ‘’Qu’est-ce qu’un son
naturel (…ou des Formes affectives, Moles p. 191) ?
question à P. Vaillancourt : que va-t-il donc advenir des
compositeurs de musique à bras et
à oreille comme lui ?
pourquoi lui a-t-on accordé le
lauréat ? à Concordia pour cette
mélodie artisanale et romantique ?
à moins que le jury n’ait considéré
l’ensemble de la performance de tous
les candidats que comme un simple
exercice psychique de dégrossissage à la
pelle à charbon pour débutants
et pour débutants seulement ?
avec aucune valeur absolue
d’existence dans l’univers de la
MUSIQUE ? ? quoi ? ?
Pourquoi A. Moles chaque fois qu’il parle
d’une picturale ou musique (classique ?)
produite de l’inspiration et de l’exécution
d’un auteur humain, à bras quoi,
tout en la dévaluant dans son utilité populaire
et contemporaine etc. (inapte a répondre aux besoins
réels des consommateurs) ajoute-t-il toujours
en même temps le concept de ‘’GRANDEUR’’ de l’œuvre en question
(presque comme s’il s’agissait d’une faute de goût d’ailleurs) ;
mais qu’ont-elles donc de si grand
nos œuvres humaines et uniques et fragiles. De quelle grandeur
parle-t-il.
cf. p. 193, p. xx (pour la peinture ? ? ?)
--------------------
Page 105
15 avril 77
Notes : écrire sur genèse de l’art
au chapitre sur le besoin de dire au cosmos son message
en traçant sur la grève avec un doigt ou une branche
(où est la différence au juste ; préciser)
quelques signes cabalistiques SATISFACTION
conscience que la marée effacera le message
visuellement mais non virtuellement
versus : Art et ordinateur A. Moles Casterman
p. 183 Texte de Max Bense
--------------------
et la femme dit au critique d’art moderne :
‘’Je suis le contenant’’
‘’seul le contenu me fascine’’
et je l’exprime car ma curiosité et mon amour
dépassent dans ma volonté de devenir
mon narcissisme
--------------------
Note : comparer le texte de Max Bense
avec le carré dit chrétien dans ‘’Christ’’, Idées,
historicité du Christ,
contenant-contenu
Hypothèse : p. 183 Moles ‘’proposer une disposition matérielle
à la machine (à faire des bébés, à faire la race, à faire
la vie), comme un moule vide à remplir une proposition
de la séquence de ses actes qui concrétiseront une hypothèse sur
le mécanisme créateur, une structure syntaxique donnée’’
et si la machine elle-même se mettait à apprendre à la
longue à ordonner elle-même les données ces propositions
de séquences et à traduire non plus une hypothèse
strictement sur le mécanisme du créateur, mais une hypothèse
Page 106
tout court ou une hypothèse de ‘’son’’ mécanisme à elle
de créateur….
un produit alliant contenus et contenant ? ? ?
***** (Fin du cahier.)
----------------------------------------
***** (Bio., page : 561) (1976)
***** (Précision : l’énumération de la première ligne du prochain texte sont des titres de quatre de ses peintures :
No. : 1968-005, (1968-025, 1969-010), 1973-220)
réf : conversation avec Holy
sujet : ‘’parler tout seul’’
…le fighter, l’angoisse d’Amérique, l’homme-qui-marche,
…,…, tout cela c’était avant que je
maîtrise le langage parlé…
les idées affleuraient à travers le langage conceptuel
de l’image et ce langage comportait en soi-même
sa satisfaction expressive de conscientisation
le langage la PAROLE parlé aussi comporte en soi-même
sa satisfaction expressive d’entendement
cependant
alors que cette satisfaction profonde n’est entachée par aucun
blâme (directif j’entends : oublions tous ceux qui veulent nous
décourager de la ‘’ligne’’). C’est-à-dire que lorsque le public
ne comprend pas la démarche du créateur-peintre, l’usage
est qu’il s’en frappe la poitrine et n’impute jamais
au grand jamais cet inconvénient à l’auteur. Plus
celui-ci ira loin, plus il sera même respecté, parfois
même aimé (mais cela est plus rare ; enfin, n’en demandons
pas trop)
cette même satisfaction profonde si elle origine
Note : l’art comme exutoire à l’intelligence solitaire.
d’une création-parlé sera cependant entachée
salie, mutilée, calomniée, méprisée même
car les démarches verbales qui étonnent ou
Page 107
surprennent le public, qui échappe à
l’entendement de ce dernier, ou même plus
simplement : les démarches qui lui sont accessibles mais dont l’origine, la finalité ou
l’à-propos échappent à la conscience immédiate
du public
sont critiquées-condamnées
. au meilleurs dans un cercle privé et favorable
à priori à l’individu-émeteur, notre créateur sera
toléré (comme on tolère parfois une tendance à
l’alcoolisme ou à la violence chez un être aimé)
. généralement le créateur-verbal, bien que
l’on apprécie la valeur de ses œuvres et bien
que soit reconnu NORMAL que l’on utilise et
exploite ses ‘’trouvailles’’, tout public
NORMAL (proche ou éloigné) lui signifiera clairement
de se retirer et de ‘’faire place aux autres’’*
* ce qui signifie en subtil comme en clair : ‘’écoute
en hochant la tête d’approbation ou participe à ton tour
à ‘’l’entertainment’’ général’’, entertainment qui peut
varier entre le miel ‘’cheap’’ de Pierre Lalonde, le miel
de qualité de Michel Fugain et l’incohérence des
amateurs qui s’attaquent avec emphase à un
niveau d’intervention beaucoup plus ‘’élevé’’ mais
sans aucune connaissance de base ni de la structure
de la pensée, ni de la structure du LANGAGE lui-
même : intertainment pour gens intellectuels,
profonds et intelligents ! !
Et rien à faire,
car si lors de l’émergence d’une ‘’belle passe’’ qui
est en péril d’être noyée sous l’agressivité de la cacophonie
la plus inconsciente, l’artiste verbal tente de s’immiscer
pour restituer à cette belle passe toute son ampleur
ses origines, ses finalités, ses implications, ses corollaires,
etc…, son existence propre entière et unique, quoi !,
il sera agressivement et vivement enjoint par le parleur-
émetteur du moment de se taire sous PEINE QUE
CE DERNIER NE PERDE SON IDÉE ! ! !
Page 108
Si pour la beauté du geste, l’artiste verbal accepte
l’injonction, il aura alors le ‘’plaisir’’ d’assister
en auditeur complice (à son corps défendant,
c’est sa seule excuse) à une très longue et très
luxuriante (parfois…) diatribe sans objectif
précis vraiment démontré, diatribe durant
laquelle en majorité (il y a exception pour
l’apprenti-artiste qui s’auto-critique et tire profit
Note : artiste = manipulateur possédant une structure
de pensée et la structure d’au moins un langage.
tangible de sa moindre expression), diatribe
durant laquelle donc, en majorité, de parleur-émetteur-
du moment se sera finalement contenté de faire
un étalage descriptif de ce qu’il savait
DÉJÀ, avant même de commencer d’émettre,
et ce dans un enchaînement causal si
subjectif et si peu explicité qu’en somme
nul dans le public ne peut en retirer
quelque profit durable, ni même le parleur
lui-même. Paroles, paroles, paroles ! ! !
c’est comment manquer tellement de contacts
humains sans s’en rendre compte que
l’on en apprécie au plus haut point les
moindres, même les bousculades impersonnelles
dans le métro…
Et même lorsque cette indignation de
‘’vanité devant’’ (1)
(1) réf. la Bible
ou bien encore le silence
plat et ennuyé guette un salon, chacun
semble croire que tout cela vaut mieux que
l’audition d’une véritable création verbale.
Enfin, qu’y faire, c’est l’usage consacré
depuis des générations et des générations !
Qu’en penserait Pavlov ?
Qu’en sera-t-il de la société adulte
future que constituant les quelques rejetons
privilégiés d’aujourd’hui
Page 109
qui peuvent ‘’apprentir’’
plus librement la structure des langages
parlé en même temps que la structure de
leur propre pensée car enfin, pour ces
rares privilégiés la voix de stentor toute
puissance (en taille, non en sagesse)
ne s’abat pas constamment sur leurs premiers
apprentissages d’expressivité en les noyant
d’’je le sais mieux que toi’’, ‘’je te connais mieux
que toi-même car je t’ai tricoté…’’, etc…
etc…enfin n’importe quoi signifiant
en forme ou en substance : ‘’tais-toi, c’est
moi le plus grand, donc le plus fort tu parleras
plus tard (sous entendu : en faisant taire les
plus jeunes) quand tu seras à ton tour le
plus vieux’’ (on comprend aisément le succès
de la publicité pour la loterie québécoise :
‘’Demain, ce sera ton tour !’’
Cette génération nouvelle saura peut-être enfin
parler et écouter,
ce sera un plaisir velouté à entendre
pour le créateur-verbal de profession, l’artiste.
Peut-être cette société future sera –t-elle
plus qualitative dans sa sélectivité ! ! !
----------------------------------------
***** (Bio., page : 584) (1977)
‘’…maintenant : je parle et j’exprime
‘’encore un peu de temps’’ : et je me lève et ce sera expression
et ‘’encore un peu de temps’’ : et je marcherai et ce sera
expression
et ‘’encore un peu de temps’’ : j’exprimerai et ce sera création.
J’arrive au seuil de ma vie active, j’arrive à l’âge où
c’est à notre tour.
Page 110
C’est tout de même curieux même pour moi-même
cette façon que j’ai maintenant d’employer le temps et
l’énergie normalement dévolue à l’action créatrice généralement
génératrice d’objet- d’art- de- consommation
pour écrire ces pensées qui ne sont pas à toute fin
pratique, ou du moins n’en n’ont pas l’apparence immédiate,
des objets-d’art-de-consommation-publique
écrire, peindre, composer, etc…créer, c’est être prêt
dans une certaine mesure à se compromettre non seulement
intérieurement mais aussi de façon tangible et
durable (laisser des témoins de nos actes et pensées derrière soi) – (note :
le discours et l’enseignement-verbal sont aussi tangible mais leur longueur¸
de pénétration à dans l’autre un minimale puisque ne restera pour
témoigner de nos actes et pensées que ce qui de la globalité du discours
exprimé par le parleur aura pu être enregistré dans l’instantanéité
de la parle auditionnée.
Cela peut être utilisé par l’apprenti désirant en venir à se compromettre
réellement, vraiment et entièrement
comme excellent exercice de réchauffement
alors qu’il sent poindre en lui avec insistance le désir et la
matière d’un engagement plus profond mais lorsqu’il
se sent encore, timide, insécure, brouillon, pas suffisamment
gonflé de sève ou de décision, etc…
le discours bien sûr préserve encore les arrières du
parleur, ce en quoi il peut sembler utile dans
une certaine phase de l’évolution
Cependant il rend très peu et même très mauvaise justice
à l’exprimeur qui sème, qui sème, qui sème mais
dont bien peu de graine joignent l’objectif visé,
objectif qui varie selon l’intention de l’exprimeur et de degré de
précision qu’il souhaite ; certain professeur désireront viser : la mémoire,
ou bien l‘entendement, ou bien…certain artiste : le cœur,
ou bien l’âme, ou bien…certain amoureux :…ou bien…
Dans la compromission (mot juste ? ? ?)
tangible de l’œuvre exécutée
existe aussi des niveaux d’intervention
correspondant chacun pour le créateur
à un degré et une nature spécifique d’engagement
Page 111
quelques exemples :
parler du général (sociétés, familles, religions, amour
sciences, etc)
au niveau anecdotique
parler du particulier (histoire, joie, peine, détresse
amour, espoir, hésitation, etc…)
au niveau anecdotique
parler du général au niveau universel
parler du particulier au niveau universel
la différence entre les niveaux, parfois subtile et difficile
à percevoir (quoique d’autre fois éclairante)
peut bien sûr dépendre pour une certaine par du
degré de maestria de l’auteur
mais surtout et essentiellement (essence) du degré d’engagement
de ce dernier.’’
----------------------------------------
***** (Bio., page : 601) (1977)
‘’…Ma pensée m’a conduit à une approche et une philosophie de la vie qui
attirent et nourrit ceux qui se cherchent. Ma peinture fait
vibrer ceux qui la connaissent. Avec un tel équilibre en ces
trois niveaux de productivité, je crois que je
devrais pouvoir sans trop de risques pour mon
équilibre et mon économie personnelle cesser d’être une colonie
et accéder à mon indépendance et à mon autonomie. Mes
différents états de service ne m’ont pas acquis la ‘’reconnaissance’’
à ce jour mais je crois qu’il en va de même pour toute colonie
avant le moment de son indépendance réelle. Seulement un
problème demeure encore épineux. Aucuns des services ou
produits issus de chacune de mes trois ‘’industries’’ n’est
administré de façon à m’assurer entière sécurité matérielle…
Page 112
…
Le problème n’est pas je crois que mes produits et services
ne répondent pas à la demande du marché.
Si vous saviez combien de temps, d’énergie et d’argent tout
et chacun ont dépensé pour tenter à qui mieux mieux
de s’approprier mon enfant ! Si vous saviez comme mes idées
sur la vie, la structure de la pensée, les besoins individuels
et de groupe, l’expression de soi, le besoin et le rôle de création, le sens de
la vie, le rôle de la mort, de l’enfance, de la vieillesse, le
sens de la guerre, du couple, de la famille, etc…si vous saviez
comme mes idées soulèvent et reflètent
exactement les préoccupations de mes contemporains.
Si vous saviez comme l’impacte visuel, psychologique et philosophique
de ma peinture est général et rapide. Dès le premier contact elle
soulève des questions et réactions. Elle ne laisse jamais indifférent.
Avec une introduction simple et appropriée à peu près tout
le monde la saisit, s’y retrouve. Je dis ‘’à peu près tout le monde’’,
car bien sûr, ici, j’exclue les intellectuels purement cérébraux
et l’académie car en ce moment ils semblent assez souvent
s’intéresser davantage aux recherches plasticiennes d’organisation
spatiale et esthétique, etc…etc…tandis que moi je mets surtout
l’accent sur la nature et le rôle de la démarche créatrice
dans la démarche de l’humain qui tend au plein épanouissement
de son devenir global. Mais enfin, la coupe du marché représentée
par l’académie et ses fans est tout de même très, très minime
en regard de l’ensemble du marché représenté en ce moment
par tous ceux pour qui ‘’S’EXPRIMER’’ a maintenant une
valeur intrinsèque reconnue.
Donc mes produits et mes œuvres répondent directement à des
besoins précis du marché. Le marché le consomme et les utilise
bel et bien. Comment ce fait-il que j’aie même pas la garantie et la
jouissance d’une sécurité matérielle minimum ? Pourtant, je ne suis pas
en affaire avec moi-même dans la vie depuis hier seulement !
Depuis l’âge de onze ans que je participe et produis en étant
tenue pour responsable de moi-même et mes actes tant matériellement
que moralement. Avec ma gueule, mon tempérament,
mon intelligence, comment ce fait-il me direz-vous
que je n’aie pas songé depuis tout ce temps à m’orienter
différemment ? J’y ai songé. Mais je crois encore que les
Page 113
domaines sur lesquels se sont portées et se portent mon action
et mon énergie DEMEURENT ceux qui correspondent le
mieux à ce que je veux ÊTRE au cours de ma vie sur terre
en tant que mammifère humain femelle.’’
----------------------------------------
***** (Bio., page : 617) (1977)
‘’…C’est ce qu’il y a dans la danse
qui permet d’y entrer entier corps et bien
avec âme et problème (angoisse)
et d’en ressortir sans oubli
en y laissant ses angoisses.
En peinture, c’est le soul
expression.
La simplicité n’est pas une vertu
mais un besoin
n’est pas une attitude
mais un besoin
n’est pas un comportement
mais un besoin.’’
----------------------------------------
***** (Bio., page : 650) (1977)
***** (Oct.- nov.- déc. 1977 : Textes, réflexions et autres, dans un carnet.)
***** (Premier texte)
Peinture
Visages
jeunesse – maturité
René Lévesque
+ le jésuite économiste à
l’université de Montréal.
Page 114
+ ? ?
‘’Si tous les visages autour de
nous avaient cette beauté
il n’y aurait aucune né-
cessité pour le peintre de les
pasticher pour en faire res-
sortir l’expression…je
pourrais alors peut-être
m’attarder à peindre des
concepts plus abstraits…! !
----------------------------------------
***** (Deuxième texte)
Je dois peindre ce
que j’ai vu.
Ma version des dix com-
mendements.
Mettant en relief l’im-
pact de la contradiction
entre ce qu’on nous dit
et ce que j’ai moi-même
vu que l’on fait…
------------
ce que j’ai vu ?
‘’TOUTES’’ les causes sont
infiniment profondes et émou-
vantes. Et pourtant…nul ne
peut être lapin, chacal, belette, ai-
gle, loup et lion tout à la fois !
que faire ? A quoi peut servir
de tout avoir vu ? que penserai-je ?
----------
Page 115
Nul n’est protégé ici
même pas par la pureté
de son intention
ses connaissances
sa force personnelle
sa force publique
ou quoi que ce soit d’autre
ou tout ça ensemble
Martin Luther King…
----------
Et c’est au XXième siècle
que ça se passe.
----------
Et ça se passe partout
autant chez hautement évo-
lués ‘’yankey’’
que chez plus près de la nature
fils d’Amin Dada
----------
Et bien sûr, c’est pas accidentel
enfin, ça crève les yeux !
----------
Je ne dirais pas : voilà notre époque
ni voilà notre culture,
je dirais : voilà notre nature,
voilà notre monde.
----------------------------------------
Page 116
***** (Bio., page : 678) (1978)
9 oct. 77
Au cours d’une conversation avec 3 élèves de
Pierre, Marie-France et Pierre lui-même sur les
temps qui changent beaucoup en ces décades :
l’art abstrait : l’art de ceux qui dorment
encore en pyjama.
----------------------------------------
***** (Bio., page : 705) (1978)
***** (Petit texte dans un cahier à dessin)
***** (Début 1978)
Je n’ai rien d’autre
à peindre que le
bonheur et la peine,
l’amour et la violence,
le courage et le mensonge,
l’audace
et l’insécurité,
l’absolu et
la misère,
la foi
et l’assassinat,
la générosité et la
solitude,
la vie et la mort.
----------------------------------------
Page 117
***** (Bio., page : 706) (27 février 1978)
***** (Extrait d’un texte où Monique parle d’elle-même et de son rapport à l’art et au langage.
La personne nommée, Pierre, est son conjoint de l’époque : Printemps 1973 à l’automne 1978.)
‘’…J’observe beaucoup et je perçois beaucoup,
transmettre et extrapoler, voilà, en substance une
définition acceptable de ‘’l’art’’.
Mon impuissance à communiquer (ce qui est bien
autre chose) a certes dû constituer l’un des éléments
les plus puissants qui ont fait que j’ai consacré
une si grande masse de mes énergies psychiques
à la création entre 15 et 25 ans.
Quoi de plus utile pour un artiste-en-herbe que
d’être incapable d’UTILISER quoique ce soit des ressources
immédiates de son environnement ? Il ne lui
reste alors qu’à créer à partir des éléments de cet environnement
et de lui-même.
La jeunesse qui conteste la froideur et l’emmurement
de notre époque et de notre civilisation raffole bien sûr
de mon œuvre. Tu parles, c’est bien facile d’être leur
tête-de-proue. Qui mieux que moi a tant d’intérêt à vomir
l’incommunicabilité et à la dépeindre et la traquer
par l’image dans toutes ses facettes…avec la
puissance de la violence et…la fougue de la
révolte ou…du désespoir ?
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Quand moi j’avais 15 ans, nous recherchions les
œuvres des ‘’existentialistes’’ : les désespérés méprisants
et blasés, les poètes du ‘’néant’’.
Quand j’en avais 25, ceux de 15 ans recherchaient
les poètes en colère, les artistes de la révolte. J’ai
très bien ‘’fitté’’ là-dedans jusqu’à 1973 environs.
Mais depuis, mon désir a changé. Quand je regarde
les enfants de 5 ans de la première génération de
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hippis, je pense aussi que leurs désirs dans 10 ans seront
bien différents.
Le temps de la contre-culture est dépassé
(les contre-choix, les anti-choix, comme de dire tout
ce qui est caché, de faire tout ce qui est défendu)
Déjà partout dans le monde, on sent bien que
la contestation a perdu son vrai sens révolutionnaire,
elle porte en elle-même sa propre mort
car de plus en plus, partout, la contestation dégénère
en simple chicanes-de-chiffonniers.
Pendant que les vieux jeunes de 35 ans se pensent
de la gauche parce qu’ils s’acharnent à démolir
et à dénoncer toute institution quelle qu’elle soit,
les vrais jeunes, leurs enfants, leurs élèves construisent
tranquillement leur réalité à l’image de leurs
besoins mettant tous à la fois dans le même sac
les aînés ; qu’ils soient pour le système ou contre
le système, aux yeux des jeunes, ces aînées
demeurent des ‘’demeurés’’ accrochés à des
histoires-de-systèmes. Et quant à eux
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ça leur importe peu puisqu’à leurs yeux le grand
intérêt de la vie, c’est de vivre.
Et moi non plus ces jeux ne me distraient
plus (du moins, de moins en moins) puisque j’ai
assouvi ma révolte et mon chagrin et que contester
sans désespoir, c’est somme toute bien fatigant et
ridicule.
Mon art est devenu peu à peu ma profession et se
confond de moins (beaucoup) en moins avec ‘’une
vocation’’.
Il est admis que l’on ne vit pas pour travailler, mais que
l’on travaille pour vivre. Encore davantage faut-il
admettre la sottise que serait ‘’travailler À LA PLACE
de vivre’’ !
Alors l’accent bien sûr se porte depuis lors, pour moi,
vers vivre. Et ma foi le plaisir de vivre offre bien
***** (Suite : Image numéro 1971-060.)