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TEXTE SUR L'ART : Image numéro img135
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intérieurement…et même de grogner un peu devant elle parfois…Maudite soumission ! On dirait des fois
qu’elle passe d’une marâtre à l’autre : de Arlette à l’Université !
Avec tout le respect ‘’raisonnable’’ que je peux reconnaître à l’une comme à l’autre !
Mais, on ne peut tout de même pas s’empêcher de penser ce qu’on pense tout de même.

Mais voilà le coup dÉtat : Marie-Claire vient
de virer de capot !

Moi, j’ ‘’interprète’’ froidement : dis-moi pas que les goûts de Marie-Claire valent AUTANT que
ceux du premier trou-de cul-venu qui ENSEIGNE ! ! !’’

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(Bio., page : 1646) (16 mai 1985)

***** (Autre extrait de la lettre à Michel.)

‘’…C’est au cours de cet entretien qu’elle me dit que l’Art pouvait au moins servir à ‘’défouler’’. Je n’argumentai
pas trop ce jour-là, je n’en n’avais ni la force, ni le cœur. Mais je SAVAIS depuis trop longtemps, disons…
les POUVOIRS de l’Art pour ne pas savoir qu’en se ‘’défoulant’’ de cette manière-là, on fait TOUJOURS
‘’aussi’’ autre chose…je ne sais pas comment, mais contrairement aux autres activités, l’Art se trouve de
MODIFIER l’ ‘’artisan’’…En tout cas, je me disais, elle le verra bien assez tôt elle-même si elle continue de
tâter de cette magie-qui-marche-là !’’

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(Bio., page : 1647) (16 mai 1985)

***** (Autre extrait de la lettre à Michel.)

‘’…‘’Je sais parfaitement ce que je veux dire MAINTENANT, mais mon problème, c’est que je ne sais pas
comment le dire’’.

C’était donc ça le chat de son sac !

Alors, mi-figue, mi-raisin, je lui dis (nous étions tous très attentifs et sérieux depuis un moment) :
‘’Excuse-moi Marie-Claire, mais est-ce que je pourrais te poser une question ?’’

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‘’bien sûr, dit-elle, quoi ?’’
‘’Hé, bien, à ton idée, qu’est-ce que c’est la vie d’un artiste ; dans la vie de tous les jours, je veux dire.
Le côté job de l’art. À quoi passent leur journée les artistes qui produisent à plein temps. Qu’est-ce qu’ils
font en fait, du soir au matin, dans la vie de tous les jours, d’après-toi ?’’

Ayant compris la question que je lui posais ; elle s’aperçut qu’en vérité, elle n’y avait jamais pensé.
Mais maintenant que je le demandais…justement, elle s’apercevait qu’elle ne savait pas comment ils
emploient leur temps au juste…

Elle ne comprenait toujours pas, mais à mon sourire, elle se doutait que j’avais une idée derrière la tête.

Je profitai savoureusement du fait que j’avais l’attention de la salle et les spots sur moi. Tranquillement théâtreuse,
me levant de long en large pour bien placer ma réplique shakespearienne, je laissai ‘’tomber’’ avec les syllabes et
les silences bien placés dans les mesures :
‘’À chercher et à inventer des TRUCS pour faire voir aux autres ce qu’ils veulent dire….!’’

Comme ‘’ce’’ que je venais de MONTRER venait juste de commencer à apparaître dans son esprit (je le suivais sur son visage),
pour m’amuser un peu : j’enfonçai le clou jusqu’à la hampe en ajoutant, sur un tout autre tempo ‘’très social très ingénument
scientifique-et-sûr-de-l’être ‘’ :
‘’D’après moi, Marie-Claire, tu ne pourras peut-être plus jamais continuer d’étudier, parce que tu es atteinte irrémédiablement
de la maladie ; t’es pincée dans l’engrenage : tu es une artiste pour le meilleur et pour le pire. Bonne ou minable t’as plus
le choix, faut que tu t’acceptes. Il est déjà trop tard !’’’’

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(Bio., page : 1670) (18 mai 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Robert admit avec moi que ‘’d’un côté’’,
‘’LA CHOSE LA PLUS IMPORTANTE DANS LA VIE D’UNE PERSONNE’
C’EST LE JUGEMENT DE SES PROPRES PAIRS’’

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n’est-ce pas ?

Tenant les Fleurs du Mal dans ma main, je dis à Robert :

‘’Voici mon premier diplôme Honoris Causa.
Regarde cet objet : c’est le Jugement
des citoyens de ma rue MAINTENANT.
Après, les années écoulées et accomplies,
malgré les moments d’amour et de haine
de crédulité et de trahison,
d’envie comme de jalousies ;
aujourd’hui : ils jugent,
de tout ce que j’ai dit, de tout ce que j’ai tu,
de ce que j’ai fait, rêvé,
de ce que j’ai pu Et ce que je n’ai pas pu.
Ils disent AUJOURD’HUI que l’un dans l’autre,
mon dieu est le Vrai Dieu,
parce que la beauté dont je parle
illumine la vie de ceux qui en ont
entendu parlé MÊME
si on NE LA VOIT PAS…
ils me pardonnent tous mes mensonges,
ce qui DEMEURE pour eux des mensonges,
parce que mes mensonges leur
donnent quand même quelque chose
que le bon sens seul n’avait
jamais donné.’’

Ils VOIENT ma Beauté même si elle n’existe pas…comme ma Chaise Fugitive…

Moi, je dis de ‘’tout cela’’ qu’ils me disent de continuer à ‘’ne pas comprendre le monde COMME je ne veux
pas le comprendre’’.
Moi, je dis que, ‘’Marie-Claire vient me le signifier ayant JUGÉ par elle-même, qu’elle n’est pas SEULE
pour qui compte la Beauté’’…
Elle veut m’informer ‘’qu’il n’y a pas selon elle, que les enfants qui écoutent mes contes de rêves tel que
je lui ai souvent montré récemment que je le pense’’…
Remarque que ‘’pour les jeunesses SEULEMENT’’, cela a toujours suffit quand à moi pour que
‘’cela vaille la peine’’ d’être peint ou raconté…

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mais je ne suis pas une voix ‘’hors de la situation interrelationnelle’’ même si je parle-dans-le désert…
et l’angoisse assaille mon intellect quand à la validité de mon esprit et de ma Vision des choses…toutes les choses…
Je vois bien que plus j’avance en âge, plus c’est pire : c.à.d. ‘’plus c’est TOUT que je vois autrement’’ que tout le monde…

Personne ne dit jamais rien aux enfants et aux vieillards, alors moi, je dis ce que je peux… n’importe quoi peut-être,
mais au moins ‘’de quoi’’…il faut bien qu’une personne se fasse adresser la parole ‘’personnellement’’ de temps en
temps pour vivre, il me semble…

Mais, on ne me parle guère ‘’personnellement ‘’ à moi non plus…ça m’affecte évidemment…beaucoup…

Mais…si Marie-Claire en plus de me parler personnellement, PRÉTEND qu’il y a quelques valeurs à me
connaître et à entendre ce que je MONTRE en prétendant de le voir parfois, même si j’ai les mains en somme…
généralement plutôt vide…
Les microscopes de ce siècle-ci ne sont pas tellement bon pour voir les choses que je raconte qui existent…

Si c’est MA PART du ‘’diplôme’’ qu’elle m’a apportée là…alors : je ne suis pas ni folle ni de ‘’mauvaise influence’’…
ce que je montre nul ne l’a vu, c’est vrai, mais c’est une magie-qui-marche, ceux qui suivent la direction où je
prétends que se trouvent les choses…attrapent des diplômes entre autres,…qu’ils n’auraient jamais cru être
pour eux…même si ce que je promets n’arrive pas ‘’bien vite’’ en effet…

En tout cas, l’affaire n’est pas encore ‘’éclaircie’’ tout à fait,
Mais de toute façon je sais bien que le ‘’débat’’ est re-lancé depuis le ‘’Retour de Marie-Claire.’’

Et RIEN ne saura jamais me rendre ‘’quitte’’ avec Marie-Claire pour CE qu’elle a fait pour moi en
re-venant dans ma vie pour Noël comme elle le fit cette année !

Mais qui voudrait être ‘’quitte de tout’’ avec qui que ce soit ?
Il y avait si longtemps que j’attendais, que j’espérais que l’on me donne quelque chose qui ayant
un SENS GLOBAL : serait sans prix pour moi !

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Alors, c’est pour cela, Michel, que je te disais toute la semaine : ‘’je pense qu’il m’est arrivé quelque chose
d’important pour moi en fin de semaine…’’’’

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(Bio., page : 1746) (23 mai 1985)

***** (Extrait d’une lettre à sa mère.)

***** (Voici une citation où Monique, dans une lettre, répond à sa mère qui lui avait fait la remarque
‘’qu’elle ne s’occupait pas assez de sa carrière’’ :)
‘’… Et moi, pas plus fine que lui, je me décarcasse pour lancer une nouvelle Collection de bijoux où je
mets davantage d’accent sur les Valeurs spirituelles et humanitaires, encore une fois ! Pauvre Monique,
elle ne ‘’pensera donc jamais À SA CARRIÈRE ! ! !

Qu’est-ce que tu penses qu’on peut faire avec ‘’ça’’ une CARRIÈRE ? Moi, je ne sais pas : c’est comme
pour le travail : j’ai toujours eu ‘’trop de choses à faire pour avoir le temps de travailler’’, alors,
j’ai AUSSI ‘’trop de choses à penser pour m’interroger sur mon AVENIR’’ comme disent les gens-de-bien,
faut croire ! M. J.’’

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(Bio., page 1762) (25 mai 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…La nature m’abrita quand j’étais jeune.
Dans ses sons, ses lumières, ses couleurs, ses mouvements…
tant d’Amour et de Beauté.
Si cela me donna un langage, des goûts et une allure que le monde social appela :
artiste, pour moi tout cela demeura plutôt amour-de-la-Nature qu’expression professionnelle…’’

Parallèlement, dans la Société, cela fit-il aussi de moi…une artiste ?

Monique Jarry’’

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(Bio., page : 1768) (29 mai 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Ce que je voulais te dire là-dessus, c’est que
celui des personnages qu’on y rencontre peu à peu
sous le nom de ‘’Michel-de-Science’’ sera et restera
un médecin.

Ça m’a flaché, hier après-midi,
le bon coup que cela donne en soi de faire
dialoguer une artiste et un médecin
sur l’art et…la psyché, quoi !

Quelle honte !

Un artiste qui se respecte a toujours ‘’un
psychanalise-de-ses-amis’’ i-i-i
Mais il ne dit jamais rien de ce qu’il peut
lui confier !

Voyons, c’est ‘’intellectuel’’’ point !

Des plans pour ruiner davantage la réputation
des artistes en les confirmant : ‘’Fous’’
EN PLUS DE
‘’crotés’’ !’’

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(Bio., page : 1770) (29 mai 1985)

***** (Autre extrait de la lettre à Michel.)

‘’…Je relis cela ce matin : un autre qui est sûr
que je vais ‘’mourir’’, si ce N’est déjà fait : si je
ne m’attèle pas à faire des CADRES (!), ho ! pardon,
des…’’tableaux’’ ! ! ! !

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Quand je peignais, on me disait que c’était
de la névrose de ‘’gaspiller tant d’INTELLIGENCE
(ho ! ho !) à barbouiller des cartons’’

quand j’écris, on me dit ‘’Quelle tristesse, que
tant de talent se perdent ! Tu devrais te corriger de
ce côté pamphlétaire (dixit) qui cause tant de perte
pour l’Art !’’’’

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(Bio., page : 1831) (1 juin 1985)

***** (Extrait d’une lettre à un ami, Pierre.)

‘’…ET je me dis que une ‘’personne dans ton
genre’’, conscientisée intellectuellement et spirituellement
serait a real useful ASSET pour la
cause globale de la Communication dont j’ai
fait le Sens de ma vie…’’

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(Bio., page : 1833) (1 juin 1985)

***** (Autre extrait de la lettre à un ami, Pierre.)

‘’…Car je comprends MAINTENANT
que biologiquement et psychologiquement
mon ‘’travail’’ vient qu’à PÂTIR de mon
propre isolement ( pour Robert ce fut
pareil) : on peut affronter la Vie, le
Monde et même la société, SEUL
avec ‘’succès’’ (beaucoup d’artistes
le font et y réussissent)
MAIS, ‘’à condition’’ dans ‘’les
Coulisse d’être BIEN entouré
d’amitiés profondes qui COMPRENNENT
les raisons de ton travail,

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le SENS de ton œuvre et l’importance
à lui accorder…’’

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(Bio., page : 1853) (5 juin 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Quelque chose comme : À la vision SYSTHÉMATISÉE
du monde, j’oppose la peinture, l’art en
général ; et je ‘’gagne’’ MALGRÉ mon inquiétude
car vivante et belle, reste La peinture. Seule
‘’vérité pour moi’’
En gros, j’y vois l’expression d’une lutte et d’un
dénouement : l’Idéologie CONTRE l’ART

8

C’est l’Art qui gagne.
Quant à l’Idéologie, elle perd par défaut : par
ennui et effondrement sur elle-même, quoi qu’on y
face.’’

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(Bio., page : 1864) (11 juin 1985)

***** (Extrait de notes personnelles en vue d’une rencontre avec Michel.)

‘’…l’art est un refuge
où notre liberté de pensée ‘’peut’’ s’exercer sans
‘’trop’’ nous nuire bien sûr,
mais c’est parce que l’art est ‘’discret’’ de
par son imprécision, contrairement à l’idéologie et
au prosélytisme.’’

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(Bio., page : 1866) (11juin 1985)

***** (Autre extrait de notes personnelles en vue d’une rencontre avec Michel.)

‘’…mais ça n’est retarder l’affrontement
que de peu, très très peu d’années
car…
déjà quand une Barbara ‘’note’’ l’un de nos travaux
de session à l’Université du Québec, ça donne ‘’A+’’
et quand la même semaine nous présentons
nos travaux et porte-folio pour nous inscrire au
cour suivant : nous sommes refusés ‘’à l’unanimité’’
par des jurys sans avoir le droit de connaître
les ‘’raisons’’, tandis que nous remportons ‘’haut
la main’’ les soumissions que nous présentons aux
mêmes ‘’personnes’’ dans leurs compagnies privées ‘’à
but lucratif’’, etc…nous ne sommes jamais acceptés
dans les ‘’concours publics’’, mais on vient
nous demander d’accepter de ‘’produire les verrières
commanditées par le gouvernement’’…mais sous la
‘’signature’’ de ‘’leurs artistes’’…on leur offre des
objets d’art et ils les acceptent, alors qu’ils refusent
d’exposer nos tableaux dans leurs bureaux même
si le ‘’tout’’ leur est offert ‘’gratuitement’’…peut-être
certains d’entre eux sont encore sincère et ne
s’en aperçoivent pas…
mais il y en a d’autre, les hauts fonctionnaires

E

qui le savent et nous le disent ouvertement depuis
quelques mois…et cela faits au moins deux ans
maintenant que même dans les expositions commerciales
où l’on paye le gros prix en cash, chèques certifiés
À l’AVANCE, on nous refuse le droit de vendre
nos produits à la dernière minute et on ne nous

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remet pas nos dépôts…cela fait déjà au moins
quatre ans que nous ne signons plus nos produits
qu’avec nos sigles, ce qui nous permet encore de
les céder à leurs vendeurs…à condition de vendre
en dessous des prix courants…
nous les laissons nous parler, nous examiner
le plus qu’on peut, nous psychologiser mais cela
ne les apprivoise pas plus qu’avant, au contraire

et nous avons de plus en plus peur d’eux nous-
même, alors, ça n’améliore rien…
nous ‘’essayons’’ de nous intéresser à leur ‘’culture’’
mais nous sommes de moins en moins capable
de nous ‘’tenir à jour’’ avec leurs différentes versions
successives de ‘’leur histoire’’…partout sur le territoire,
on sent que tout le monde est dans le même
état…nous ne valons plus grand-chose nous-même
et ils semblent qu’il en va de même pour la plupart des
autres groupes ethniques…
les banques nous courent après de plus en plus
pour nous offrir du crédit non-financé : marge de
crédits, billets à demande, etc…les notaires savent
et nous préviennent clairement ‘’de personne à personne’’
de l’ampleur des conflits ‘’à l’intérieur même
du personnel décisionnel des institutions financières’’
…plusieurs de nos propres parents commençant
à être décédés…le respect que nous leur avons porté
ne nous retenant plus…les numéros commencent
à ‘’paraître’’ ACCIDENTELLEMENT de plus en plus

F

souvent…du moins dans les terrains de golf des
Laurentides…je ne suis pas encore retournée, ni
personne de ‘’mes amis’, non plus, d’AILLEURS, au
golf de Rosemère…?...
La construction est ‘’pratiquée’’ mine de rien par
de plus en plus d’intellectuels comme moi.
Nous sommes de plus en plus nombreux à jouer

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‘’low profil’’ comme moi.


Et le pire, c’est que je crois que ce fut une
ERREUR !

Nous avons caché nos curriculum vitae croyant
que nos qualités personnelles pourraient
nous faire apprécier de quelques-uns, mais
comme cela n’a pas marché…

Hélas ! je crois que non seulement nous ne nous
serons pas fait d’AMIS véritables par notre
humilité,
mais ‘’qu’au contraire’’, dans l’énervement
des dernières années : nous venons juste
de commettre LA MÊME erreur que la dernière
fois…! ! ! mon dieu ! mon dieu !...putain de sa
race ! que c’est bête…!
Mais bête !
Quand ils découvriront que nous sommes beaucoup
plus riches de culture, contacts, etc. qu’ils
ne l’avaient cru…ça les ‘’insultera’’ comme
d’habitude !
Comme d’habitude : ‘’ A trop vouloir en faire pour
plaire, nous les aurons blessés dans leur orgueil’’
et ne pouvant pas ‘’encore’’ le dire ouvertement, ils

G

nous haïrons et nous craindrons de plus en plus
et se vengeront encore plus…

Il est beaucoup plus urgent de pas avoir
d’ennemis
que d’avoir des amis.

Il faut réagir.

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Le comment du pourquoi demande trop d’énergie.
Moi personnellement, cela m’épuise.

Signé : moi-qui-ne-suis-
personne.

alias : la ‘’compréhen-
sive’’, Elle.’’

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(Bio., page : 1992) (25 juillet 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Je ne veux pas vivre à ‘’compartiment’’, d’un côté
‘’la personne’’ et de l’autre ‘’l’artiste’’
OU BIEN je recommence ma ‘’grève’’ inter-professionnelle
Où les ‘’médecins’’ sont mes ennemis et de l’autre
‘’ceux avec qui je peux parler d’Art’’
sont ‘’amis’’
Une semaine plus tard j’annote en rouge tout ceci avec l’intention
de montrer tout ‘’cela’’ à Michel, mon ‘’chum de bêtises écoute ‘’

30 juillet 85 M. »

…et une autre partie : des Performances.

Quant à moi, je ne vois pas trop l’utilité
de DIVISER deux morceaux d’un même langage,
mais ‘’pour le moment’’ c’est encore la
règle chez les critiques, marchands et montreurs
de l’Art. Un vieux reste de ‘’dualisme’’ je suppose.’’

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(Bio., page : 2008) (26 juillet 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

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‘’…Remarque : je réalise soudain en relisant ces écrits d’il
y a quelques jours…souvenirs…les ‘’visages’’ de tous
les ‘’autres’’ artistes en bas de 50 ans que je peux
connaître….’’La Malbaie’’, dit C. I. M. E….je me rappelle…un…
puis l’autre…encore un autre…etc…au ‘’temps’’ où je les
croisais ‘’plus souvent’’…Caractéristique principale de nos

***** (Verso de la page)

rencontres…

1 – moi, j’enrage généralement en
m’en souvenant car ils ne
me parlent même plus d’art
tellement nos ‘’styles’’ en apparence
se sont éloignés : pas tant que
ça, ILS CONTINUENT de suivre
l’establishment INUTILEMENT…
et moi…je continue de
ne PAS le suivre…tout aussi
inutilement semble-t-il…
Vu de l’extérieur, ça conne ceci :
. moi je fais toujours pareil : mon
possible…et j’arrive à rien.
. eux : ne cesse de ‘’recommencer à
neuf’’ et de RÉ-aboutir à rien.
(d’après moi, nous ne sommes ni plus près, ni plus loin qu’avant.)

2 – ils me parlent de n’importe quoi
sauf d’art.

3 – TOUJOURS, tous d’une manière ou
d’une autre me disent : que je ne
change pas, que je ne vieillis pas, ou
comment fais-tu pour aimer encore
faire quelque chose, etc…
Réponse INTÉRIEURE de (1965 à 75)
‘’Ils sont fous ma parole’’

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depuis (1977)
‘’Qu’est-ce qu’il on elle a vieillir et
surtout : qu’est-ce qu’ils sont DÉPRIMÉS ! ! ! ‘’
(le visage complètement
DÉFAIT, l’intellect tout DÉSARTICULÉ. etc…terrible ‘’défaite’’
à voir, vraiment triste…
on me dit même (Marie-Claire)
que notre ‘’chromé’’ A. Vaillancourt
roule dans l’alcool lui aussi…

CE QUE JE VEUX DIRE :

‘’Peut-être le climat est mauvais pour tout
le monde À LA LONGUE
pour les autres ‘’EXACTEMENT’’
comme pour moi ?
? ? La question est posable
en tout cas, non ?
Faut que j’y pense !

M.

***** (Page suivante)

Pourquoi tous les artistes au Québec
sont-ils si déprimés depuis que je
suis jeune ?

(Avant, je haussais les épaules avec mépris :
ils n’avaient aucune ‘’discipline personnelle’’.
Ouais.
Moi, j’en avais…et qu’est-ce que cela a
empêché, à part, la ‘’démotivation’’ de mes
capacités intellectuelles’’ AU CAS OÙ j’en aurais
besoin ! ! ! Mais, c’est pas avec la tête que
l’on est un artiste. C’est avec le cœur et le corps
alors…j’ai fini par déprimer AUSSI !)

Peut-être, n’y a-t-il aucun rapport entre

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la Déprime générale et moi, mais
peut-être aussi qu’il y en a…
Faut vérifier.’’

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(Bio., page : 2027) (27 juillet 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Non, je ne conçois pas un ‘’art’’ qui serve à faire connaître le Passé d’une
façon qui divise les gens dans le Présent : encore d’avantages.’’

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(Bio., page : 2036) (30 juillet 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…J’avais, quoi, 20 -21 ans. ‘’tout le
monde’’ se pâmait pour rivaliser à qui mieux
mieux ‘’Monique me disait la semaine dernière…’’
‘’Jarry dit que…’’, ‘’Mon amie Monique…’’, ‘’Monique
me faisait justement remarquer que…’’ et patati et
patata et tout le tra-la-la du jet-set 1968, mon
cher, ‘’Huxley d’ailleurs admet les conclusions de
Jarry’’, ‘’quoi qu'il en soit elle a tout de même refusé
de rencontrer Dali le printemps dernier !’’, ‘’tu la
connais aussi bien que moi, elle ne voudra rien savoir
de Barras, tout comme Guy Robert’’, ‘’tu
te souviens, même rendue à New-York l’an dernier,
elle a refusé d’aller chez Marcel Barbeau et
lui a dit de se garder son atelier pour ses ‘’has-been’’
et elle est revenue la fin de semaine même, alors !

7

Et oui, j’étais le ‘’seul’’ ‘’VRAI’’ peintre psychédélique
‘’authentique’’ au Nord du X ième

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parallèle !
Que je n’aie jamais même ‘’essayé’’ de leur
arsenal de psychotrope ? Bien sûr qu’ils le
savaient tous : ça ne me rendait à leurs yeux
que ‘’plus in’’ que Thimoté Leary ! !...qu’est-ce
qu’il ne faut pas entendre !
Malheureusement pour moi, je n’ai entendu parler
d’Alpert que très récemment : quelqu’un
qui avait eu du ‘’sens commun’’ ‘’dans le
sujet‘’ et non seulement ‘’au sujet’’ du sujet !
Ça m’aurait reposé les esprits.
Remarque qu’en plus du fromage, il y a la
danse qui me reposait tout de même.
Quand à moi, c’est ce que la jalousie que
contient ‘’toujours’’ tant de flatteries qui me
préoccupaient… : ma fille…talon d’Eschilles…
comment l’exploiterait-on ?...
Ha ! Oui, pour être le Loup Blanc, dans ce
temps-là, je l’étais !
Qu’au moins cette ‘’expérience’’ me serve à
quelque chose d’utile aujourd’hui !
Alors ;
ayant ‘’envisagé’’ la possibilité de t’adresser la
parole ‘’normalement’’ aujourd’hui,
tout bien considéré…je m’en vais passer la
soirée à ‘’penser à autre chose’’ et même qu’avec
Robert, on va ‘’justement’’ se faire une bonne
petite Raclette au vin blanc.

Délire controlément vôtre,
Monique Jarry’’

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(Bio., page : 2048) (31 juillet 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…question : Et si l’Art, c’était la vie ?

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si l’Art et la vie même, aussi, tout
bonnement : la vie dans la ‘’vraie’’ vie ?

Réponse : (Très ‘’garochée’’)…les pensées des
artistes seraient la politique comme
celles des députés quand
aux ‘’bougements’’ de l’environnement
(dont la Bourse est un élément
‘’comme’’ les autres)

les familles seraient et le ‘’public’’
et la ‘’société’’ même de l’Art

et peut-être MÊME que
les ‘’pays’’ seraient justement
et alors bien assis sur les États…

et nos civilisations culturelles accotées
sur nos ‘’régimes’’…

etc…etc…

Ho ! quelle artiste ‘’terre-à-terre’’, je ferais
si ‘’heureusement’’ pour tout le monde
je n’étais pas assez déprimée pour me sentir
perdue personnellement !)
Ha ! La-la !

Bye Mon.’’

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(Bio., page : 2140) (15 août 1985)

***** (Extrait d’une lettre à sa fille Cybèle.)

‘’… ET ne jamais oublier que
des pays, par exemple : il y en a BEAUCOUP.
La plupart des pays malheureusement ‘’passent’’

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rarement , à la télévision ou dans les journaux, etc.,
pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas beaucoup de pays qui
aiment la guerre, les tremblements de terre, les accidents

3

d’auto et autres histoires de chiens écrasés.
Où est le rapport ?
Ben, voyons, Cybèle ! C’est pourtant une ÉVIDENCE :
‘’dans cette société-ci, tous les mass-média survivent
uniquement en vendant des PHOTOS de chialage’’
Et c’est pareil dans toutes les autres ‘’diffusions de
masse’’ de cette société-ci…
Pourquoi ?
Ben voyons, Cybèle : parce que c’est ça et exclusivement
ça qu’aiment les gens dans cette société-ci !
Comment on peut savoir ça si clairement et carrément
que je l’affirme ?
Ben voyons, Cybèle : Regarde autour de toi. Il n’y a
PAS que des livres qui montrent les troubles des
choses et des gens etc. actuellement en vente dans
les Librairies, mais tous les livres qui parlent
de la vrai vie et non des cas d’exception qui
viennent qu’à réussir une ‘’bonne passe’’ pour se mettre dans
le trouble,
donc tout les livres qui n’investissent pas ASSEZ dans
la ‘’couleur’’ et les photos de violence, troubles
ou autres chialage : NE SE VENDENT PAS, point !
Est-ce assez clair à ton goût : pour tout éditeur, libraire
etc…en tout cas, c’est en masse assez clair pour
Moi, artiste véritable ; c’est même ‘’très exactement’’ là
que chaque artiste, tôt ou tard, vient qu’à ne ‘’plus
pouvoir’’ attendre d’avantages pour prendre sa DÉCISION.
1 – Tu lâches l’Art et tu te recycles autrement : alors tu
peux Peut-être’’, être accepté dans cette société-ci.
2 – Tu fais ‘’semblant’’ d’avoir lâché l’Art (comme Denis)
et tu essayes de te faire passer pour ‘’pauvre’’. Si ça marche :
alors tu peux PEUT-ÊTRE être accepté dans cette société-
ci. En tout cas, tu vas la savoir assez rapidement : si

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la réponse c’est ‘’oui, nous vous acceptons’’ alors par la poste,
en général, tu vas recevoir un chèque de ‘’bon diable’’’’

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(Bio., page : 2189) (15 août 1985)

***** (Autre extrait de la lettre à sa fille Cybèle.)

‘’…‘’je t’ai pincée SUR LE FAIT,
pire que les culotte-à-terre,
pas de culotte du tout TU
T’AIS POINTÉE la tête
la première (ça, c’est bien toi)
en pleine vie,
tête la première, presque ‘’d’une shot’’,
presque toute ‘’élevée’’ (10 livres)
paf ! dans l’existence et hop, la compagnie.
JE T’AI VUE. Je peux pas jurer si tout le monde

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était ‘’contents’’, tu sais comment
qu’ils sont le monde, hein ?
on sait jamais trop, trop
à quoi ils pensent quand ils
pensent, ni même quand ils
sont dans la lune, etc…
mais, je peux parler pour
‘’moi’’ en tout cas : à mon
goût-à-moi-ta-mère-l’artiste,
‘’j’ai trouvé que t’étais pas
mal SHARP’’
avec tes beaux, beau, grands, petits
petits ongles,
avec ces espèces de beaux, yeux
lumineux tout en ‘’dégradés’’, on
dirait comme…tu sais les plus
réussies porcelaines bleus et blanches

Page 340

de la Dynastie de ‘’ming’’
et puis…le diable au corps avec
ça, la colonne vertébrale forte
comme celle d’une belle petite
crevette rose et fière de Nantes
ou St-Nazaire, ou La Rochelle…
le corps fort et plein de ‘’cette
sorte’’ de sal caractère ‘’en particulier’’
qu’il faut absolument avoir
pour danser le ‘’trucque-espagnol,
en space, avec bag’’
et surtout un espèce de doré
dans le pigment de la peau
qui ‘’fittait’’ parfait avec le ‘’moulé’’
du profil du front et des joues pour
accentuer un petit air ‘’oriental’’
côté Tibet et mauresques…
en fin tu vois, le bag de
ce 17 janvier du matin de

52

Suite du 15 août 1985

cette année-là qu’est 1967, n’est-ce pas ?
Vu de MON POINT-DE-VUE : ça swignait
j’me frottais les mains, j’étais bien
fière de moi
(pourquoi le cacher ! Même
tant qu’à y être, je trouvais
ton entrée et ton allure
tellement DANS MES GOÛTS
‘’personnels’’ que figures-toi
que quand ils ont fini de
‘’m’achaler’’ tout le monde
pour ‘’m’aider’’ et que je
t’ai enfin eu là couchée
et gigotante sur ma poitrine
un peu au côté de mon cou,

Page 341

vers mon épaule gauche,
pendant que j’étais assise
sur le dos, un peu couchée,
par en arrière, bien accotée
sur mes deux coudes et
bien tu sais pas ce que je
me suis dit à moi-même ?
‘’Monique, tu vas être une
Grande Artiste !’’
‘’parce que c’te p’tit fille-là, O. K. est venue au monde à
matin ‘’comme’’ peut-être
bien d’autres enfants un
peu partout dans le monde,
O. K. mais CELLE-LÀ ici
sur ta poitrine : était
pas obligée d’arriver si
belle et si harmonieusement
que ça : ça fait que
r’garde-la bien c’te p’tit

53

‘’enfant-là, ça Monique, c’est
ta propre p’tit fille, r’garde-là
en masse. Ça c’tune Vie
que tu viens d’accoucher-là :
aucune sculpture ‘’accotera’’
jamais ça, ni aucune peinture,
pis toi, la, Monique-la-jeune-
peintresse-en-herbe-là, bien, c’est
toi qu’a réussi à amener c’te
vie-là à terme TOUTE SEULE,
toute SEULE : JUSTEMENT…’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2204) (15 août 1985)

***** (Autre extrait de la lettre à sa fille Cybèle.)

Page 342

‘’…et je m’en allai chez moi pour téléphoner à
Paul Beauchamp, un vieux peintre que je fréquentais
plus dans ce temps-là et lui demandai
son opinion sur l’idée qui me trottait en tête
à cet instant-là :
1 - Tout peut-il ‘’en soi’’ avoir
un prix ?

2 – n’est-ce pas une question
sémantique complexe
à résumer dans un ‘’oui’’
ou dans un ‘’non’’ ?

3 – est-ce que déclarer un
boycot d’expositions-comme-
si-de-rien-n’était par
une espèce de moratoire
sur la question ne serait
pas un ‘’acte d’Art Libéral’’
en soi ?

4 – Beauchamp trouva que
vu du point de vue
de la liberté d’action
et non seulement de
pensée qui est ‘’l’apanage
MÊME’’ des Beaux-
Arts, mon idée n’était
pas ‘’HORS DE LA
QUESTION’’

5 – C’est ainsi (parce que je
m’exécutai et commençai
une rupture de ban avec
l’establishment de l’Art,
- C. E. G. E. P.s et Universités,
en tête – que me

Page 343

68

v’la : commetu me
VOIS !
Admettant, comme tout le
monde d’ailleurs quand
on leur demande : non, je
ne peints pas comme tout
le monde, ni même ‘’comme’’
qui que ce soit,
non, je ne
réagis pas tellement ‘’comme’’
tout le monde, sur le
même-sujet-en-même-
temps-et-tout-et-tout :
PAREIL, PAREIL, quoi !

Est-ce bon, est-ce mauvais ?
Je ne peux pas te dire encore, ça ne
fait pas encore assez ‘’longtemps’’ pour
JUGER vraiment…mais, je commence
à me douter de quelles que petites
choses sur l’ ‘’occupationnel-réel’’ de cette
sociétéci, en ce momentci…

Et je trouve que le ‘’monde’’ en gros en général,
est PAS ENCORE prêt…’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2229) (17 août 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

***** (Comme vous avez pu le constater dans quelques extraits précédents, Monique avait aussi
un sens de l’humour parfois caustique, noir, sarcastique, ironique et parfois aussi hilarant et
toujours pertinent. Voici un extrait d’une lettre écrite en août 1985 :)

‘’…Et bien voici : ‘’simple comme l’œuf de Colomb : suffisait d’y penser’’

Page 344

« Dans le curriculum-vitae-de-Monique-Jarry : j’y
suis marketée comme ‘’expert-spécialisée’’ en

POLYVALENCE ! »

En tout cas pour ‘’un temps’’, ça a beaucoup aidé à ce que les ‘’intervenants’’ de ma vie et mon travail,
cessent d’avoir ‘’peur’’ d’un cas comme le mien : qui sait rien faire en particulier, mais qui peut ‘’le’’ faire avec Art !
(Jadis, si mon souvenir est bon, on appelait les ‘’cas’’ comme moi : ÉRUDIT)(1)
(1)Note en passant : j’ai pas souvenir ‘’aux temps jadis’’ que ‘’faire dans l’érudition’’ ait été
MAL VU EN SOI mais depuis une dizaine d’années : les choses ont bien changé n’est-ce pas ?

Vers 1974 (5), en quinze jours au plus, je suis passée d’inculte sous-prolétaire à polyvalente d’avant-garde.

C’est un ‘’hasard’’ si j’ai ‘’pensé’’ à COMPOSER ce document, car, je ne l’ai même pas fait pour le plaisir
personnel mais parce que mon agent à Paris voulant absolument inclure certaines de mes gravures et quelques
dessins d’une de mes collections ‘’dans un exposition thématique (je crois) à Paris, exigea ‘’au moins un curriculum
compte tenu que je ne pouvais pas me présenter personnellement’’ en Europe avec un bandeau sur le front
et un œil – car tu sais l’Art, ailleurs, c’est un peu comme ‘’La Bourse’’ et si j’avais perdu et la tête et les deux jambes,
cela aurait été correct et même bon (exotique), tandis qu’au contraire, si la rumeur ‘’partait’’ que c’te peintresse-là
AURAIT eu quelques problèmes visuels que ce soit : automatiquement ‘’tout le monde’’ s’éloigne de ce ‘’poulain-là’’
(les yeux, ‘’voir’’ quoi : ça leur semble directement lié au fait de ‘’POUVOIR’’ peindre ENCORE) Là je te parle du
‘’Temps jadis’’ d’il y a encore une dizaine d’années, car DEPUIS la ‘’mode’’ en peinture c’est de ne plus peindre et
donc être aveugle ‘’pour vrai’’ ça doit probablement ‘’aider’’ dans le jet-set…tu crois pas ?

Évidemment, entre me présenter moi-même en personne à Paris au C. I. P. A. C. (l’expo en question) et envoyer un
curriculum dare-dare…

• il y aurait eu une autre solution… : la ‘’normale’’, la ‘’habituelle’’ pour les artistes tant de gros pays tout meublés,
que des colonies toutes démeublées - en gros en général, un COMPATRIOTE de l’artiste se présente au vernissage
et à la presse locale de l’exposition pour ‘’attester’’ que :
oui, le Canada existe,
oui, c’est en Amérique du Nord

Page 345

oui, cette ‘’femme-exposante-là’’ est une de nos ressortissantes.
etc. etc. au moins ‘’un’’ journaliste ou encore une réceptionniste-de-desk d’une ambassade
ou département consulaire quelconque, etc…tu vois ?

Mais pour nous ici, c’est pas pareil ‘’qu’ailleurs’’, ni le
Canada nous connaît, ni ne nous reconnaît, ni la Délégation du Québec ni les Échanges Franco-québécois : RIEN
Non, jamais, personne. Pas juste pour moi : c’est égal pour tout ‘’maudit’’ artiste qui serait né…’’meutons’’
dedans l’Hôpital de Ste- Justine.

‘’Parce’’ les Arts, ça ‘’l’ ‘’existe pas encore ici : tout le monde AIME ça par contre et nous RESPECTE autant
presque qu’une estatue de Mârie il y a 20 ans ou qu’un Loup Blanc que personne ne voit même quand ‘’i’’ passe
devant la porte, etc…
Tu sais ‘’ce que je veux dire’’ ?
Admirer, idolâtrer même presque, mais : ‘’PAS TOUCHE’’.’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2240) (18 septembre 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Monique Jarry alias ‘’qui-vous-voudrez’’
car l’âme appartient à l’être qu’elle est mais les œuvres de son corps dimensionnel demeurent
‘’propriété-de-fait’’ de la dimension dont ils émergent (1)

(1) autrement dit : mes œuvres, dont ces ‘’écrits’’ entre autres vous appartiennent plus qu’à moi
(pour qui ils ne sont qu’outil d’existence, donc d’avantage ‘’résidus’’ d’apprentissage authentique, que
‘’source’’ ‘’d’apprentissage) Corollaire de cet énoncé : ‘’Tes paroles à toi, Michel, m’apportent plus à
moi qui les ‘’entends’’ qu’à toi qui les ‘’dits’’. Du moins : à court terme et plus ‘’facilement. OK ? ? ?
Bye M.’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2246) (18 septembre 1985)

***** (Autre extrait de la lettre à Michel.)

Page 346

‘’…Note :
Mc Grégor et co. ont
‘’busté’’ (avec Maslow, conf.
Harvard, G. M.) sur la ‘’Motivation’’
après la découverte du
‘’seeker’’
Si la MÉMOIRE était l’un des
facteurs de motivation ?
Cela ne saurait étonner lorsque
l’on songe au FIEF de l’ART que
tous reconnaîtront sous l’expression
suivante : ‘’Puissance d’évocation’’. M. J.

12

Quel est le rôle
de la mémoire dans la
MOTIVATION ?
(note : de là, le danger que je vois dans
tout prosélytisme) M. J.

. l’emplacement, le vol, la destruction
ou la mise en désordre
des objets autour d’un être
peuvent dans certains cas être
plus FATAL que dans
d’autres. Notamment,
chez l’artiste d’Objets
(Beaux-Arts)’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2265) (18 septembre 1985)

***** (Autre extrait de la lettre à Michel.)

‘’…En Art pour moi, c’est comme
ça : seule – jamais eu le trac

Page 347

metteur en scène : oui

23

la forme de pensée ‘’géométrique’’
qui est la mienne
(c’est juste parfois si quand je
pense (acte) je ne visualise
pas une neurone et ses synapses !

(je ne pense plus par ‘’images’’ depuis…
1973…l’accident ? l’affaire du métier
à tisser quelques jours avant ? ? ? ?)

Plus la ‘’multiplicité (1)’’
(1) j’y inclus les responsabilités diverses.
de mon expérience s’accommode
mieux d’organigrammes
que d’anecdotique.

24

- je n’aime pas la politique,
mais l’homme à la
quête de son être

- Je n’aime pas l’économie
mais le multi-écologisme de
la ‘’Création’’, ses aspects ‘’dimensionnels’’,
connus ou non, connaissables
et inconnaissables.’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2271) (7 novembre 1985)

***** (Extrait d’une note dans un carnet.)

‘’…. ‘’…cela me fit-il artiste ?...’’

Page 348

. Non.
. (Cela) (L’Art) fit cependant ce que
je suis.’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2284) (1 janvier 1986)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Voici copie de la dédicace que j’inscrivis en pages
de garde au livre sur Vincelette que j’envoie à
Marie-Jeanne Stanton en lui retournant son livret-
sur-la-pensée-de-l’Art. Relisant mes
propos à ce sujet, d’il y a bientôt cinq ans…je
n’y ajouterai qu’un petit mot en toute dernière
page, en date du Premier de l'an 1986, ‘’après
réflexion’’ : ‘’…n’hésitez jamais à succomber
aux inspirations de l’Art, JAMAIS’’.’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2545) (6 février 1986)

***** (Extrait d’une lettre à un ami.)

‘’…1 – Pour gagner sa vie
en vendant des ‘’ob-
jets de fabrication
d’Art’’ : il faut faire
bien autre chose que
d’ouvrir notre ate-
lier au public.
Il faudrait s’embar-
quer a créer une pe-
tite INDUSTRIE avec
ses pompes et ses oeu-
vres, distribution, import-
export, matières premières, person-

Page 349

nel et formation, gestion et
management, etc…
Un ‘’artiste’’ n’a rien
à VOIR là-dedans d’a-
près moi.

2 – il est MAUVAIS pour
l’âme et l’esprit créa-
teur de produire ‘’sans
âme’’ des objets-à-fonc-
tion-commerciale-
PRÉMÉDITÉE.

3 – Les métropoles comme
Montréal ne sont pas
des écologies ‘’propices’’
à l’évolution et la
croissance d’un Art
Vivant.’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2572) (1 septembre 1984)

***** (Extrait d’une lettre adressée à Monseigneur Valois, évêque du diocèse de St- Jérôme. Note :
Les prochains extraits sont tirés d’un dossier ‘’Verrière offert au pape Jean-Paul II’’. Ce dossier débute en 1984
et se termine en 1988 ; de là que la ‘’chronologie’’ habituelle des extraits en est modifiée dans ce cas-ci.)

‘’…Ce pape nous a fait découvrir
le rapport entre la culture et le sacré au
niveau de l’authenticité et de l’identité
même de la personne.
Ce sont des éclaircissements qui
nous concernent beaucoup, nous les artistes,
dans l’attitude psychologique à
travers laquelle nous appréhendons l Univers
et le sens de l’Art.
Plusieurs synthèses du pape nous

Page 350

ont aidés à déblayer le terrain de la
‘’réalité’’.’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2582) (Octobre 1988)

***** (Extrait du même dossier : Extrait de la lettre que Monique adresse au St- Père.)

‘’…Après mes efforts de convalescence, ce combat intellectuel m’opprimait. J’éprouvais un grand besoin
de ‘’liberté’’, j’avais à nouveau à m’exprimer et à ‘’témoigner’’ mais comment, où, de quoi ?
C’est là que l’Art Sacré m’est apparu comme le jardin de lumière où mon cœur et mon intelligence
pourraient collaborer enfin. Mais mon cœur et mon intelligence se combattirent…je continue cependant,
car mon cœur sait ce qu’il veut et mes expériences de rationalisme excessif ne me nourrissent pas.
J’avance avec émotion certes, mais aussi avec fermeté.
L’Art Sacré m’apporte l’intelligence de la vie, l’unité et le vent libérateur, que j’ai tant cherchés.
Ma démarche m’oppose à mon ancien milieu et à ma famille…mais elle me redonne le monde et une
famille spirituelle nouvelle.’’

Monique Jarry

----------------------------------------

(Bio., page : 2596) (17 décembre 1988)

***** (Extrait d’un carnet.)

‘’…Il y a beaucoup à peindre
Pour qui parle sa propre image
Et ne se laisse pas déconstruire
En s’y camouflant.

Sans aucun mérite
je suis limpide dans ma joie et
mes faiblesses
car je vis de ton cœur

Page 351

qui bat en place du mien.’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2601) (20 décembre 1988)

***** (Extrait du même carnet.)

‘’…J’ai souvent choisi de peindre
pour déguiser ma pensée
car ma voix pouvait te révéler
et mon peuple était en colère contre toi.
Je pensais que son cœur s’apaiserait bientôt
comme il en va si souvent des émotions
vives flambées muettes, révoltées et brèves,
car mon peuple souvent ne sait pas se dire.’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2610) (20 janvier 1989)

***** Extrait d’un carnet.)

‘’…20 janvier 89
St-Jérôme

Prologue

Notre chair était possédée par la convoitise
Au lieu de s’épanouir, son expérience nous
emprisonna.
Michèle l’Archange

l’artiste reprit son chemin dépouillé
enfin de l’idolâtrie, en quête de l’autre
œuvre de Beauté.’’

----------------------------------------

Page 352

(Bio., page : 2613) (29 août 1989)

***** (Extrait d’un texte.)

‘’…exemple de mes ‘’petites’’ visions :
. presque toujours en art
. la femme-cathédrale ***** (Toile no. : 1970-500)
. les anges accourant
vers l’enfant-Éternel ***** (Voir photos de la chapelle.)
doux l’éclairage du Père
enrobé de l’Esprit pour
ma murale de l’Incan-
tation. (Évêché St-Jérôme)
. le visage de Diana Porte-
lance, avant que je la
connaisse, pendant
plusieurs jours, trans-
figuré (halos roses, jau-
ne, bleu clair, un peu
de blanc, et ses yeux
qui pétillent…)
durant toute la pério-
de où j’ai besoin de
quelque chose pour
peindre le visage de mes
anges dans la murale
pré-cité. Je crois alors
que je pourrai peindre
indéfiniment des têtes
d’ange SANS EFFORT
j’achète même une
quarantaine de petites
toiles montées à cet effet.
Mais voici que les anges
de la murale exécutés,
je fais amples connais-
sance avec Diana et
je perds complètement
mes compétences à pein-

Page 353

dres des anges-minutes-
comme-je-respire…’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2619) (23 août 1990)

***** (Lettre (intégrale) de Monique au Centre de Formation Diocésain. Vous noterez qu’elle ne
déroge pas de sa philosophie de l’Art de toute une vie.)

- en réponse à votre lettre du 23 août 1990

A l’équipe,

la christianité écartelée incarné par une femme au cœur
divisé dont les deux moitiés s’expulsent…je ne vois vraiment
pas comment la christianisée serait mieux symbolisée par
un troupeau d’homme et de femmes.

***** (Monique réfère ici à sa toile photographiée (Bio. à la page 344.)

L’art est une vision qui s’exprime par des symboles.
Je ne m’attendais pas a ce que vous puissiez pénétrer ‘’toute’’
la symbolique d’une telle œuvre en quelques minutes et surtout
avec quelques mauvaises photos. Je m’attends cependant que sur
une période d’environ deux ans d’exposition votre compréhension de
cette vision commence à maturer sérieusement.
Si Lise Baronni vous a bien expliqué la situation telle quelle
est : ces photos vous ont été soumises afin de voir si vous pouviez
vous engager à ce que l’Église en action soit symbolisée par une femme
plutôt que par un homme et qui plus est, femme représentée avec ses attributs
naturels c.à.d. des seins dans une interprétation où le vêtement
tient le moins de place possible. Voilà donc la seule question que je
soumettais à votre attention en vous envoyant ce dossier photographique.
Une œuvre de cette envergure est une affaire de quelques milliers
de dollars, vous avez semblé l’ignorer ; je vous le précise donc.
Je consacre déjà énormément d’heures bénévoles à l’intérieur
du diocèse pour que ceux qui me respectent ne m’en demandent pas
davantage.

Page 354

Pourtant il y a ici quelque chose dans votre lettre qui ne peut rester
sans réponse. Citation : ‘’…nous aimerions que tu nous présentes une esquisse

***** (Page suivante)

de ce qui pourrait…’’
une esquisse ? à qui ? à un groupe de peintres ou d’historiens
de l’Art Sacré ?...à un groupe de ‘’clients’’ ! ! !
C’est d’art qu’il s’agit ici et non de publicité, d’affiche,
ou autre.
Je ne serai jamais une mercenaire et j’aurais aimé que vous
me connaissiez assez pour le savoir.
Si vous désirez qu’un ‘’exécutant’’ réalise une ‘’illustration’’
dont vous aimeriez décorer la salle du Centre de Formation
vous trouverez sans peine.

Quant aux thèmes et objectifs propres au Centre je crois
qu’une bonne lecture de mon tableau vous amènerait à les
y retrouver facilement. On ne peut guère être debout, en
marche, au sein de la communauté séculière davantage que
ne l’expose ma vision.

Je crois que ce qui nous (oppose ?) ici n’est qu’un problème de
‘’connaissance’’ du langage de l’art.

Vous avez un Centre aux murs vides et sans grâce ; vous
avez une ‘’artiste-maison-professionnelle’’ ! Parlez-moi ( vous le
faites déjà au long de l’année à travers vos préoccupations) laissez-
moi écouter, entendre selon le cœur de mon charisme : l’art.
Et faites-moi confiance.
Ce manque d’accueil, ce refus de la confiance me blessent profondément.
Trouverais-je d’avantages de confiance hors de mon Église,
hors de mon groupe de collègues et camarades de travail ? ? ? Mon expertise
est qualifiée pour vous conseiller concernant l’habillement des murs du Centre. Pourtant les
malentendus s’accumulent. Je prendrai à titre d’exemple un échange entre Lise et moi :

***** (Verso de la page)

Page 355

« Non Lise un fusain n’est pas moins dynamique qu’un tableau couleur. C’est autres
choses voilà tout. Tout comme une poésie est autre chose qu’un monologue, mais pas ‘’moins’’
(certainement pas moins). Cependant l’endroit où l’accrocher compte. Mon fusain de
la vierge enceinte est mal situé. Cette éducation à l’art qui fait si cruellement
défaut dans notre région (le sacré et le néo-sacré surtout) je vous l’apporte avec joie,
il vous suffit d’en vouloir. Si les gens bien intentionnés continuent de dire aux
artistes quoi faire ou même de corriger leurs œuvres (ce sacrilège s’est vu dans les
meilleures communauté – ex : Marguerite Bourgois ‘’retravaillée’’ depuis le 18ième siècle et
enfin ‘’restaurée’’ dans son originalité récemment !), si tout cela continue au Québec
et bien au Québec on continuera de ne pas avoir d’Art Sacré propre…que
des emprunts de style et de thèmes glanés ici et là. Pas de voix, pas de Parole québécoise
ou comme dirait Jacques Grand Maison ‘’ si nous n’atteignons pas de nouveaux consensus :
nous périrons’’. Un consensus nécessite l’audace et la confiance. Si
chacun veut être maître en tout nous n’aurons que la ‘’groupusculite’’. Et ça
je sais que ce n’est pas un objectif du Centre ! Dans cette christianisée éclairée il
faut être assez révolutionnaires pour faire confiance à nos camarades ‘’d’armes’’.
Sinon nous parlerons, nous parlerons encore des décennies et rien n’en restera.
Ce Centre ce n’est pas qu’un lieu, qu’une institution, c’est aussi un état d’esprit,
un état d’être.
(on ne peut ‘’marcher de l’avant’’ en censurant continuellement
les choix et propos des artistes)

***** (Page suivante)

Reprenez les objectifs du Centre, revenez vers ma peinture avec
un regard artistique et non politique ou commercial et…
vous trouverez ; oui je crois bien que vous avez trouvé votre
objectif. Cependant l’art ‘’surprend’’. On le croyait ici et il
est là. Il est mouvement et vie CAR il est INSPIRATION et non
DÉMONSTRATION. Retenez surtout ceci : l’illustration, la propagande,
la publicité sont démonstration.
L’Art est VISION, représentation symbolique et alors vous
verrez que le beau voyage auquel je vous convie vous attirera
peut-être.
J’espère que cette lettre peut un peu du moins remplacer ma
présence auprès d’une réunion de votre équipe. Je ne suis pas une

Page 356

femme publique, je suis une artiste.

Répondez-moi rapidement, j’ai si hâte de
savoir si je me suis bien faite comprendre.

Monique Jarry

----------------------------------------

(Bio., page : 2626) (1992)

***** (Recherche action est un projet d’étude et d’investigation sous la direction
de Jacques Grand’Maison. Ce projet cherchait à déterminer le ‘’statut’’ de la
‘’croyance’’ relatif aux différents groupes d’âge. Monique collaborait au
profils sociaux et religieux des 20 – 35 ans. Publication Fides, 1992. Ce
texte est le ‘’bilan d’étape personnel’’ que Monique a écrit à la demande
de Mgr. J. Grand’Maison. Voici un extrait de ce texte, page 2627 : )

‘’…Cette expérience est un jalon dans ma vie de personne
et même d’artiste ; non qu’elle m’inspire en soi mais elle me
porte à revoir le rôle de l’Art et celui de l’artiste dans un
monde-en-mouvement, sans presque de point fixe.

Monique Jarry’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2627) (1993)

***** (Ici je me permets une exception et un texte qui n’est pas de Monique, mais un commentaire
de Mgr. J. Grand’Maison sur l’artiste qu’est Monique.)

***** (Quelques mois plus tard, Monique remit son entrevue et son analyse à Jacques.
Je vous propose ici de lire ce qu’il lui a écrit.)

Chère Monique

Je suis ému, atteint
profondément…par l’interviewée, par ton

Page 357

analyse fine, prophétique.

Parfois, dans les dernières phrases,
je t’ai trouvée un peu dure, injuste et accablante
en souhaitant plus d’empathie pour ceux
et celles qui tentent de renouveler la pastorale
et l’Église. Mais que de vérités crues, brutales
dans ton scalpel, ton ciseau de sculpteure…mais
avec un je ne sais quoi de tendresse que je
sens en toi.

Ton apport est indispensable
incontournable !

***** (Signé Jacques)

Hélas, il faut
une note 90

----------------------------------------

(Bio., page 2630) (1 février 1993)

***** (Extrait d’une lettre à une amie.)

‘’…Nous avons longé le fleuve
jusqu’à Mont-Joli, puis traversé la Matapédia
puis fait le tour de la Baie-des-Chaleurs pour
enfin arriver dans mon archipel et à mon île : Lamèque.
J’ai revu ma paroisse, mais pas la ‘’première’’
peinture que j’avais vu de ma vie dans mon
enfance : ‘’Notre-Dame-des-Flots’’. Ma peinture,
nul ne s’en rappelle ! Il y a aujourd’hui
une autre peinture de Notre-Dame-des-
Flots mais elle date de 1960…avant personne ne
se souvient ! Curieux !’’

----------------------------------------

Page 358

(Bio., page : 2631) (1 février 1993)

***** (Autre extrait de la lettre à une amie.)

‘’…Cet automne une nouvelle activité est entrée
dans ma vie : j’enseigne la peinture à trois groupes
de déficients intellectuels. Ça produit ces
gens-là ! ! ! Des cœurs d’enfants.
Comme on dit, pour être peintre qu’est-ce
que ça prend ? Un super quotient intellectuel
ou une ‘’grande sensibilité’’?
Ça la sensibilité : ils l’ont ! Des amours !’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2633) (1 février 1993)

***** (Autre extrait de la lettre à une amie.)

‘’…. La plupart des gens
détestent la politique ou s’en passionnent. Moi, ni l’un, ni
l’autre. Je sais que c’est important, mais…c’est comme
si ça m’ennuyait…j’aime l’organisation, penser un projet
de communauté, oui, mais me pavaner et courir partout !
Et puis…je suis une femme de Dieu. L’un n’exclut pas
nécessairement l’autre, pas nécessairement, non, mais disons
que ça se concilie difficilement.
Savoir ‘’parler’’ aux autres, j’aimerais bien, oui, mais mon affaire
c’est Dieu et la Théologie de la Beauté.’’

----------------------------------------

(Bio., page : 2635) (1993) (Ce texte va de la page 358 à 374)

***** (Je vous présente ce dossier dans sa totalité : Enseignement de Monique en Art Sacré. Je le présente
en entier parce qu’il serait très difficile de faire le partage entre l’apport religieux et l’apport artistique dans
les textes suivant sans en perdre la cohérence.)

Page 359

***** (Dossier : Ce dossier est au sujet de l’enseignement de Monique en Art Sacré. Il y a différente date,
mais j’ai choisi de vous présenter ces textes sous forme de dossier pour que vous puissiez avoir une meilleure
vue d’ensemble sur ça façon d’enseigner et aussi de quelle manière cela est reçu.)

***** (Le texte qui suit, est une transcription de deux cassettes qui furent enregistrées lors d’un cours en
intensif d’Art Sacré que Monique a donné à un groupe d’élèves à Rouyen-Noranda en février 1993.
Le cours d’une durée de cinq jours n’a pas été enregistré en entier : ces cassettes représentent plus ou
moins deux sessions. À la suite de cette transcription de cours, il y aura la transcription d’un carnet
de notes que Monique utilisait pour ses cours : notes, réflexions, organisation des cours, etc.
Le carnet couvre la période 1989 – 90. Puis le dernier texte est une transcription partielle d’une
entrevue qu’une des élèves de Monique a faite auprès d’une autre de ses élèves dans le cadre d’un
travail de cours qu’elle suivait ailleurs (1994). Le sujet de cette entrevue est l’Art et l’Art Sacré.
Les extraits de cette entrevue sont ceux qui ce rapportent à Monique et à son enseignement.
J’inscris cette entrevue dans la rubrique ‘’méthode d’enseignement’’ et aussi ‘’réflexions et témoignages’’,
représentatif de ce que pense l’ensemble de ses élèves à propos d’elle et de son enseignement.


***** (CASSETTES)

***** (Cassette no. 1)


…c’est jours-ci, ce qui me fait vivre, c’est mes amis, c’est d’avoir beaucoup d’amis. Je reçois des lettres de journalistes
plus jeunes que lui (un vieil ami) qui me dise ‘’j’ai travaillé avec toi il y a seize ans et je t’avais posé tel question et
tu m’avais donné telle orientation, tel renseignement, ça m’a bien aidé dans ma vie’’. Je lui dis, moi je ne me rappelle
même plus de ça. C’est de vous dirent quelle importance cela a dans la vie de tout les jours de donné le meilleur de soit
même parce que tu vas dire une petite phrase de rien du tout ça va aider un autre à vivre, ça lui aide a faire ça vie et toi
tu n’en te rappelle même pas. Alors l’accueil, l’ouverture en toute simplicité c’est….puis moi ça que j’ai aimé c’est ce
qu’il a dit, je ne m’en rappelais pas, je ne me rappelle pas de ce que je leurs ais dit et eux autres s’en rappelle et ils
l’acceptent même si ça les fait réfléchir. C’est tellement important tout au long de ta vie de donner le meilleur de
toi-même, même en passant une personne te pose une simple petite question…parce que tu ne sais pas ce que tu peux
apporter à quelqu’un sans le savoir mais pour l’autre ça peut être fondamental.

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…Ça me fait penser à quelque chose que je discutais avec Rita tout à l’heure et qui s’applique peut-être à certaines
d’entre vous aussi. L’éducation ancienne que l’on a reçue avec le catéchisme ‘’un peut strate’’ qui disait, bon
qu'est-ce qu’un mystère : un seul Dieu en trois personnes, ça ce comprend pas, il faut que tu le croies. C’est pas vrai,
un mystère ce n’est pas une chose que tu ne comprends pas, c’est une chose que l’on ne finit jamais de comprendre.
Et ça, des mystères il y en a bien plus que les dogmes de l’Église, il y a des mystères dans la vie de tout les jours.
Avant les poètes disaient tout le temps dans leurs poèmes ‘’d’où je viens où je vais’’, on peut bien rajouter ;
que suis-je, on ne le sait pas non plus. Notre réalité…il y en bien du monde qui le perde le sens de la réalité
de nos jours, mais notre réalité, on la tien de notre relation à Dieu, c’est ça qui nous donne une base. On est
tellement chanceux nous autres d’avoir eu Jésus qui c’est incarné, qui nous a fait comprendre comment on
pouvaient se situer avec Dieu puis avoir une relation personnelle. Il l’applique lui-même ; appelé le Aba, père,
puis même qu’Aba ça ne veut pas dire père, ça veut dire papa, ça c’est très intime. Pouvoir parler…tu parles
n’importe comment, moi je parle à Dieu, je lui parle n’importe comment, je me dis ; c’est pas moi Dieu c’est toi,
tu me comprends, c’est toi quoi doit venir à moi, moi je m’offre mais je ne peux pas t’atteindre mais toi tu me connais,
alors tu sais mieux que moi ce que je voudrais dire. Dieu est plus intime à nous autres même que nous autres même on
est intime à nous autres et en toutes circonstances. Il y a eu tellement de morales exagérées qui nous ont fermés
en fin de compte. Dieu est Amour, il ne veut pas nous achaler, il nous donne la liberté, il veut un amour gratuit.
Si on n’avait pas la liberté et que l’on l’aimait tous automatiquement, ce ne serait pas de l’amour. Alors, il veut
un amour gratuit, il nous donne la liberté, de là qu’il y à bien des problèmes mais aussi la possibilité d’entrer en contact,
mais Il est dans son coin puis Il nous attend, Il est discret sans bon sens…tu es en plein péché, tu as les deux pieds
dedans puis tu dis Seigneur et il cours à toi… des fois c’est comme si je n’avais pas confiance en moi, je lui dis
convertie moi, laisse-moi pas t’oublier, surtout laisse-moi pas t’oublier jamais dans ma vie.
…Un autre sujet qui me vient à l’esprit… est-ce que je vous ais parlée de la relation que je voyais entre les mystiques
et les artistes ? Est-ce que je vous ais parlée des couloirs ? Je trouve qu’il y a une très grande relation entre les deux,.
Les contemplatifs consacrent leur vie à une quête de l’absolu, mais il y a des couloirs dans ça, il y a des périodes
d’adoration, de prière, de vision très très forte, puis à un moment donné c’est le néant, c’est le noir, ça peut durer
dix ans et puis c’est ce que les contemplatives d’expérience nous disent comment on vie, il faut savoir s’organiser
pour durer parce que premièrement quand tu es enthousiaste avoir la foi ça va bien mais la vraie foi c’est quand tu
ne vois plus rien puis tu crois pareil, ça c’est la foi. Et puis les contemplatifs, les carmélitains ont besoin de savoir durer,
puis les artistes c’est la même chose parce que

***** (Suite : Image numéro 1977-054.)