1976-015

TEXTE SUR L'ART : Image numéro 1976-015.
De la page 281 à la page 320.


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fois, j’avais finalement été battue à mort.

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Encore maintenant, je ne distingue
pas la mort et ‘’être laissée pour morte’’ :
inconsciente…
Comme notre expérience ‘’extérieure’’ se
lie à notre évolution ‘’intérieure’’ ! ! ! …
Je vois bien que la crise que je traverse
me concerne dans mes ‘’aspirations’’,
m’était ‘’dû’’ disons par mes aspirations
mêmes,
mais
comme sa ‘’forme’’et son ‘’moment’’
sont liés à l’ ‘’argument’’ du scénario
de ma vie :
il y a 14 mois, en ce moment, j’ai,
à l’incompréhension générale’’ (mais
après des années de réflexions), officiellement
‘’Abandonné’’ mes droits et
réclamations dans la poursuite de cet
accident…aucun argent,
rien, ni personne ne me dédommagera
de ‘’ma vie et mon sang’’ !
Comme je trouve que j’ai eu raison !

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je crèverais de faim, aujourd’hui,
au Carré Viger : je ne regretterais rien.
Je ne toucherai jamais à ce genre
d’argent et je ne ‘’plaiderai’’ jamais
de cette manière ignoble où quelqu’un
qui m’a ‘’accidenté’’ qui le reconnaît
va chercher à ‘’négocier’’ avec moi,
via des tiers, pour quelques dollars
de plus ou de moins ! !
Tu te rends compte ! Ils me rendaient

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folles, ces intervenants, surtout mes propres
avocats ; j’ai changé trois
fois et ils étaient tous ‘’du même
niveaux’’ quelque soit leur âge ou
leur culture.
Ce que j’ai éprouvé de souffrance
et d’affolement durant cette ‘’crise’’,
jusqu’à ce que je commence à me débattre,
à me ‘’défendre’’…c’est peut-

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être le visage de ce que j’ai
vécu durant les 14 mois, il y a dix
ans…et le sens de mon ‘’est-ce que
tu crois que ça va finir éventuellement ?’’

C’est dans l’ ‘’adversité que l’on reconnaît
ses vrais ami’’…
à mon retour en 1978, à Montréal
tu as vu l’ ‘’accueil’’ de ma famille !
J’avais tant besoin de ‘’liens de
souvenance’’…
Ils m’ont traitée comme un chien !
comme si de rien n’était !
sauf Sylvie qui a enfin dit quelque
chose ‘’là-dessus’, à Noël dernier quand
je lui ai téléphoné : elle m’a reproché
d’être disparue de la circulation
de 73 à 78 et d’être revenue
ensuite. Et m’a dit clairement qu’ils
ne voulaient pas des gens qui viennent
quand ils veulent…

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Rien ni personne ne pouvait hâter
et aider à mon équilibre mental
comme ton ‘’retour’’ actuel dans ma

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vie.
Lien de souvenance et de réalisme, s’il
en fut !
Et ce que je vis ‘’au plan affectif’’ comme
ton : ‘’acceptation de l’Art’’.
Je me sens tellement ‘’acceptée’’ par toi et
reconnue pour moi-même et non par mes
vêtements ou mon numéro de dossier ou
d’assurance sociale…ou ‘’tolérée
comme une contingence’’ comme par ma
fille…oui, c’est comme ça que je me
sens avec elle…je ne sais pas si
c’est fondé, je me sens ignorante devant
les besoins d’une fille de 18 ans d’aujourd’hui,
je ne peux référer à moi-même au même âge !
18 ans dans ce temps-là, c’est comme si on avait
40 ans…responsabilités, responsabilités…mais

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elle…? Je me sens coupable d’être ‘’lasse
de tout ça’’, d’elle comme des autres,
c’est-à-dire de tous ces gens avec qui je ne
peux jamais savoir à quoi m’en tenir !
Je voudrais m’envoler
Je voudrais m’envoler comme je chantais
l’an dernier, avant cette ‘’grosse chicane’’
qui a éclaté en moi.
Je vais finir de te décrire les ‘’étapes’’
qui sont arrivées dans mes pensées parce
que je crois que ‘’certaines’’ chose,
dans l’émergence des phases, l’ordre, leur
nature, je ne sais trop…mais je crois
que ‘’certaines choses’’ sont très importantes
d’un point de vue théorique…je veux
dire…sur le SENS de l’Art…À quoi
sert l’Art…qu’est-ce que c’est au juste
pour nous les mammifères humains ?
Qu’est-ce qu’on fait quand on fait de

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l’art ( ça fait tant d’années que je
me le demandais) et à quoi ça nous
sert dans notre survie comme espèce.

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Tu comprends ?

Mais avant, je veux te dire…il me
semble toujours depuis quatre, cinq jours,
que ma vraie participation à ‘’ton projet’’,
c’est tout ce que j’écris.
Ici, dans ce texte, ‘’ce dont je voulais qu’il
traite’’, c’est du ‘’choc’’ de l’Homme (qu’il
soit homme ou qu’il soit femme, je veux dire ce
mammifère-ci, celui qui fait de l’Art), du
‘’Choc’’ de l’Homme devant la Beauté,…
c’est peut-être quelque chose qui relève
du discours de l’éthologie, parce que c’est
peut-être un aspect fondamental de notre
biologie, même si personne (à ma connaissance)
n’en a parlé…

- Le ‘’Miracle’’ de
Notre rencontre, du point de vue théorique,
pour moi, j’y vois également la preuve
…au moins la matière d’argumentation
du rapport entre l’Homme et son Art, l’Homme,
la bête-à-fragilité, la bête-à-bon-dieu, à amour

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cette bête à deux oreilles,
bête-à-mystique, bête-de-jeux
qui raconte des choses inutiles sur n’importe quoi
d’un côté
et qui écoute ses contes de l’autre
en intelligent des choses, toutes sortes de choses.

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Ce ‘’bourgeon qui s’épanouit dans un milieu favorable’’
bouton de pierre et de silence
qui tout à coup s’anime
et gazouille de toutes parts
parce que l’une de ses multiples ‘’tendres préférences’’
vient d’entrer incognito dans son
champ de perception.
Qui pour un sourire passe du jour à la nuit
La bête à foirer les tests.
dont le I.Q. varie selon les états d’âme.

Au ciel comme en enfer, nous crachons feu et
intelligence.
Aux limbes, dans le ‘’ so so’’, medium-cool,
inexorablement, nous sommes abrutis.
La Beauté nous stimule…Pourquoi ?

( je tombe de sommeil, à bientôt Marie !)

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***** (Bio., page : 1264) (1984)

***** (Extrait d’une lettre.)

‘’…Créer des liens et pratiquer l’Art,
exprimer et démarcher vers la ‘’communication’’,
me sont toujours apparus ‘’pulsions d’un
même ordre’’.’’

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***** (Bio., page : 1291) (1984)

***** (Extrait d’une lettre à son amie Marie-Claire.)


12 mars 1985
Ste-Adèle,
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Les Laurentides.


Ma chère Marie-Claire,


Je n’ai pas encore relu notre travail bout-à-
bout, mais je le regarde, j’y pense et je pense
à ‘’notre carrière’’.
J’ai relu attentivement chacune des ‘’notes’’
de Barbara Page, sur notre travail ; tout au long
de cette démarche’’…
Non plus avec la ‘’curiosité ‘’du début,
mais dans un effort sérieux de COMPRENDRE
ce que ces notes ‘’cherchaient à nous dire’’.
Il m’a semblé que l’on peut en dégager
deux grandes catégories de réflexions.
D’un côté, cette femme nous donne ‘’chaleureusement’’
tous les encouragements du monde.
Tout ce qu’elle a pu trouver pour rassurer nos doutes
et tout ce que l’on peut espérer pour avoir la confiance
en soi nécessaire à nous convaincre que nous ne
perdons pas notre temps, que cela Vaut la peine de
continuer.

De l’autre côté, et c’est peut-être ‘’maintenant’’
le plus important :

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‘’dans ses annotations’’, Barbara nous prévenait
on dirait, qu’il y aurait DES OBSTACLES.
Au début, notre emballement nous masquait
peut-être ‘’ce’’ que cela voulait dire.
Aujourd’hui, ces ‘’prophéties’’ (tout comme
le pourquoi de ces articles de Parachute qu’elle
nous demandait de lire) acquièrent un SENS
que je commence à comprendre.

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Je commence ‘’à lire entre les lignes’’ :
j’y remarque une liste simple d’écueils
existants que rencontrent peut-être toutes
les artistes…et qu’il faut savoir surmonter
et dépasser pour arriver vraiment sur la scène
de l’Art et dans ‘’un milieu de vie où
nous puissions vivre vraiment, progresser et
nous sentir entourées de se que nous aimons
et de personnes qui nous comprennent
et aiment aussi le Beau et…l’Absolu’’.

Je le vois aujourd’hui car après les avoirs
Intuitivement sentis, je RECONNAIS ces
‘’écueils’’…et je vois qu’ils sont bien là
autour de nous.

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‘’Travail de recherche de création
tout à fait unique
et très remarquable’’ disait-elle.

Elle ajoutait énigmatiquement :
‘’seriez-vous capable
de continuer
ensemble ?’’

Au début, tu te souviens, je ne comprenais pas
pourquoi elle disait cela.

‘’Ensemble’’ : elle reprend ce thème plus loin
en écrivant là où toi, tu dis :
‘’Seul l’Art nous a donné un vocabulaire pour
rompre les barrières’’ – Barbara ajoute ici :
. plus votre amitié
. dans un effort à l’unisson
et à l’UNITÉ !
……………………………………….
…………? ?...........

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Oui, je crois que je peux comprendre cette
incidence de l’amitié : disons, que je comprends
en effet le ‘’support’’ que la sororité nous
a apporté et PEUT nous apporter.
Disons aussi que je comprends TRÈS BIEN
que nous avons ‘’en masse’’ besoin de support,
(comme les cinéastes allemandes en auraient
également bien besoin pour…continuer).

‘’Continuer ensemble’’

CONTINUER – voilà ce qui en fait était
Le mot-clé de cette note de Barbara Page.

CONTINUER – condition fondamentale de
notre réussite…

Cela semble simple quand on le dit comme ça.
Pourtant, aujourd’hui, il me semble bien
comprendre pourquoi cela inquiétait Barbara
Page, il y a déjà quelques semaines, lorsque
tout avait pourtant ‘’l’air de rouler sur
des roulettes’’.

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Peut-être est-ce la voix non seulement de
L’intuition,
mais aussi de l’EXPÉRIENCE qui
avait ainsi poussé notre Barbara à nous
‘’avertir’’ de l’existence de certains écueils
qui jalonnent le parcours que nous avons
souhaité emprunter…

La vie, Marie-Claire…
pas la Vie, non la petite quotidienneté de

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tous les jours, le train-train des choses,
le : ‘’c’est la vie !’’ si cher aux non-artiste.

Donc, la vie, ses charmes, ses sortilèges et
ses pièges. La vie qui cherche et cherchera toujours
à ‘’occuper’’ et retenir tout le monde
bien ‘’loin’’ de…l’ ‘’Atelier’’…, quitte à employer ‘’tous’’
les ‘’moyens et APPARENCES’’, même celle
d’un atelier…
La vie et ses filets mangeurs d’énergie qui
attise toutes les passions, qui profitent de
la sensibilité de l’artiste pour le ‘’retenir’’
dans de vaines contestations, chicanes, etc…
toutes ces petites passions (syndicats, alcool et drogue)

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qui favorisent les conversations qui ‘’échauffent’’ stérilement,
luttes sans forme avec des ‘’institutions’’ mise en place
par et pour de tout autres personnes que celles qui
éprouvent le besoin et désir d’appartenir et se consacrer
à l’art…les prisons entre autres, etc…
la vie quotidienne et toutes les petites passions
sans grandes conséquences, qui retiennent
l’artiste et le font ‘’GASPILLER’’ tout
son pouvoir personnel d’imagination, de volonté,
de courage et de création…et même toute
son énergie – non seulement physique et nerveuse,
mais AUSSI, intellectuelle et spirituelle.

Comment, dans de telles conditions, une artiste
pourrait-elle CONTINUER ?
Même si elle n’a pas 5 ou 6 enfants à laver et à bercer,
Même si elle a une sécurité d’emploi,
Même si elle a toute l’amitié et la sororité nécessaire,
Même si elle a tous les encouragements souhaitables.



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Non, le talent, la Foi, le désir,
seuls : ne suffisent pas

Il faut une prise de conscience claire,
Marie-Cadi,
Il ne faut pas passer ‘’de la sculpture à
la planche-à-voile’’, SANS S’EN RENDRE
COMPTE.
il ne faut pas inconsciemment passer de
l’Art à l’art…
C’est aussi vrai pour moi, crois-moi.
Il ne faut pas confondre ‘’mijotements
psychologique’’ inutiles et efforts de dépassement.

Lorsque l’on ‘’travaille dans l’Atelier’’ : on
SENT la différence.
Autrement,…ça nous échappe ; tout ce que
l’on remarque de temps en temps, c’est que
l’on se sent…comme ‘’moins vivre’’…comme ‘’plus

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confuse’’…

Ho ! Marie-Claire, je m’inquiète beaucoup
pour les chances d’avenir de cette ‘’carrière
d’artiste’’ dont je vois pourtant très bien l’intérêt
et la valeur (j’ai tout de même beaucoup d’années
d’expérience pour ‘’juger’’, tu sais…), oui
ce cache professionnel que nous avons tracé
ensemble et qui commençait à se ‘’mettre en
place’’ et à ‘’produire’’ quelque chose
de possible et de valable artistiquement
parlant, existe bel et bien.
N’en doute pas.

Marie-Claire, je t’EXHORTE,

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si tu veux vraiment ‘’faire quelque
chose de ta vie’’… il ne faut pas
que tu dilapides tes forces à gauche et à
droite, dans des conflits de personnalités (comme ton
nouveau proff.) ou dans quoique ce soit qui au
lieu de te donner des idées et de te ‘’clarifier’’ :
t’épuise et dilue ta conscience et te ‘’confuse’’.

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* Marie-Claire…tu sais que j’ai le droit
de t’écrire tout ceci…

C’est toi, qui m’en a donné le droit ;
dans notre travail, tu as écrit ceci :

‘’- je cherche des amis…qu’est-ce que
signifie APPRIVOISER ?

- c’est une chose trop oubliée, ça signifie
‘’CRÉER DES LIENS’’,
si tu m’apprivoises, nous aurons besoin
l’UNE de l’AUTRE.’’

…oui, c’est toi qui a choisi d’écrire ce passage-là
dans notre travail…

Oui nous aurions besoin l’une de l’autre,
Désormais…OÙ ? - DANS l’ART !

Ne le vois-tu pas ?

Notre ‘’travail’’ est…comme laissé en plan…

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Je sais bien moi, qu’il n’est pas FINI
ÉPUISÉ
LIMITÉ

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Non, il est là, il n’attend que deux artistes
il n’attend que ‘’ses auteurs’’ pour poursuivre
son chemin, son œuvre et devenir
professionnel.

il n’attend qu’une chose : savoir si ses
auteurs VEULENT OU NON ‘’faire carrière’’…


Travailler et vivre
tout en besognant de-ci de-là, en étudiant pour
se tenir en forme, au minimum, se ‘’perfectionner’’
en ATTENDANT d’être assez
grande pour vivre vraiment…
Je pense à la chanson : ‘’J’aurais voulu
être une artiste !’’,
je pense à mon père qui disait toujours : ‘’Ça

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ne coûte pas cher de rêver’’…
ces gens ne sont pas nous.

Nous, nous pouvons.
Dès maintenant.
Non pas ‘’être des artistes’’,
non : cela nous l’avons déjà été.

‘’Ce que nous pouvons ?’’ – NE PAS CESSER de l’être.


Ho ! Marie-Claire, comprends-tu ce que j’essaie
de te dire ?
Je ne trouve pas de meilleurs mots…

Avoir des complexes personnels, ou des complexes
de ‘’classes sociales’’, cela peut EMPÊCHER
une personne d’être une artiste, professionnellement.

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Cela nous l’avons vu, découvert et compris en-

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semble, n’est-ce pas ?

Mais…tout ce qui, sous un ‘’prétexte’’ ou
un autre, pour une ‘’raison’’ ou une autre,
ARRÊTE l’ ‘’œuvre’’ et la ‘’création’’ de se PRODUIRE,
empêche la personne d’être une
artiste.

TOUT.

‘’Cela’’ peut prendre toutes sortes de formes, ces ‘’écueils’’
qui peuvent nous ‘’empêcher de CONTINUER’’.

…’’étudier’’ l’art aussi, peut empêcher
une personne d’être une artiste…
C’est par notre ‘’sensibilité’’ que l’on peut
découvrir l’art…
C’est avec ‘’notre tête’’ que l’on choisit…l’art,
tout comme le reste dans la vie…
Une carrière d’artiste ? Ça se dirige, ça s’orga-

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nise, ça se GOUVERNE avec ‘’notre tête et ses
choix’’…

il faut choisir…

comme pour les enfants : être celle qui en a
huit ou être une autre sorte de femme.

L’art, c’est pareil : il y a au moins deux voies
et il faut choisir…la bonne : ‘’celle que tu veux vraiment’’.


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--- Marie-Claire Larocques, sculpteure, où es-tu ?

‘’On demande Marie-Claire Larocque, sculpteure,
à l’Atelier, de toute urgence.’’


Ton amie,

Monique

A

Note : je ne sais pas si cela est important ou
non…
en tout cas, voici : ‘’entre autres’’ choses,
j’ai rencontré Michel, hier.

Nous avons longuement discuté
à cœur ouvert ‘’de part et d’autre’’.
Pas une simple discussion ‘’psychologique’’,
non, une très sérieuse discussion
intellectuellement réaliste
sur la vie, les pulsions contradictoires
de l’esprit, l’orientation et ses voies
d’accès, et qu’est-ce que : l’accomplissement,
l’ ‘’heure juste’’ quoi !
la différence entre soi et les autres,
entre l’essentiel de la vie et l’accessoire,
l’ ‘’irremplaçable’’ et le ‘’facultatif’’…
etc.
Rencontre et conversation TRÈS importante
…même, je dirais, comme Robert d’ailleurs,
‘’conversation d’une élévation très rare’’
‘’que l’on ne rencontre pas souvent dans
sa vie, que ce soit avec un médecin, un
professeur, un ami, ou qui que ce soit’’.



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B

…peut-être, cela a-t-il aussi contribué
à ce que je n’ATTENDE pas de
voir ‘’la suite des événements’’…’’pour voir’’…
mais qu’au contraire, dês ce matin,
j’ai voulu aller volontairement ‘’AU DEVANT’’
des choses en t’écrivant tout ceci.

Ce n’est pas directement de toi et moi que
nous avons discutés, ni de notre amitié…
mais bien de la vie et de la Vie,
et de l’art et de l’Art, entre autres choses.
Du ‘’réel solide’’ et du ‘’réel possible’’…
Tu vois un peu ?

Je lui avais mentionné en passant mes craintes quand
à l’avenir de ‘’notre’’ travail et à un léger…relâchement…

Mais justement, ce matin, je me dis : pourquoi
être ‘’fataliste’’ ? Pourquoi ‘’risquer’’ inutilement que notre
‘’réussite’’ ne se transforme à notre insu qu’en un autre
simple : ‘’Faux Départ’’ ? Puisque je m’en aperçois, pour
une fois, non pas APRÈS, mais PENDANT ?
Alors, à ma manière, ‘’comme je le peux’’ : je me grouille
pour défendre l’Art Accompli, et mettre ‘’le plus de chances
possible du bord de notre réussite’’ À LAQUELLE JE CROIS.

xxx bye, Monique


***** (Verso de B)

--- Au fait : Michel était d’accord et trouvait positive
mon attitude et mes activités dans ma compagnie
durant ces dernières semaines.
CEPENDANT, il a comme ‘’exigé’’ – pour
mon retour ‘’durable’’ à Léquilibre et la
sérénité intérieure, que je ‘’n’abandonne

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ou ne néglige le ROMAN SOUS
AUCUNE CONSIDÉRATIONS’’
je te ‘’rapporte’’ ce détail pour te
montrer qu’il n’y a pas que moi,
ou une Barbara ou des artistes de
métier, qui croient à l’importance
de continuer ‘’pour vrai’’ la
démarche ‘’créative’’…même
du strict point de vue du bien-être
et de la santé : ce Michel
place cela disons…’’HAUT’’…! ! !...

M.

--- et puis au fond : pourquoi te cacher le fond de mon ‘’expérience’’ ?

Voici ce que j‘ai observé, qu’il s’agisse de moi-même ou d’autres
artistes (dans n’importe quel domaine)…seul…on travail, et on
pense beaucoup, mais on n’y arrive pas tant que ça, à la longue…
Ex. : Même Claude Bertrand, on dira ce qu’on voudra de ses goûts ou
de ses idées, mais un ‘’fait’’ demeure : depuis qu’ils travaillent
ensemble ces deux écrivains très différents l’un de l’autre ;
Michel Morin et Claude Bertrand ont ‘’publié’’ à ma connaissance
au moins trois livres, séparément et ensemble.

Vois-tu, ‘’seule’’ Marie-Claire Larocques, sculpteure : ne
tiendras probablement pas le ‘’coup’’, quelque puisse être sa
volonté et son talent. Ce ‘’métier’’ de créateur est difficile à
définir ‘’à l’année’’ quand on travaille seule. Pour tout le monde.
Pas juste pour toi, ou pour moi : pour tous les artistes.
C’est normal au fond : comment pourrais-tu comprendre ‘’ce’’
que l’on va découvrir, AVANT de l’avoir découvert ? C’est pour cela
que Barbara parle de ‘’sororité’’ : les artistes doivent s’encourager et (1)
s’entraider mutuellement pour que l’Art puisse RÉELLEMENT
se produire, surtout à long terme.
(1) dans la vie de tout les jours, seule :
l’art tend à paraître…
bien ‘’abstrait’’…non ?

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M.


À TRÈS BIENTÔT J’ESPÈRE,

Monique

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(Bio., page : 1313) (23 janvier 1985)

***** (Extrait d’une lettre à sa mère.)


‘’…Avec le jansénisme et le puritanisme légendaire
des québécois, à quoi s’attendre d’autre ?
Même lorsqu’il se prétendent ‘’athées’’, l’idée
même de l’Art leur donne des tics nerveux : ils
ne croient plus à Dieu, mais craignent encore
le jugement de St- Pierre, et se demandent encore
ce qui, dans l’Art, pourrait être ‘’péché’’ ou
non ! ! ! !

Pour plus de ‘’sécurité’’, ils s’en tiennent
depuis trente ans à l’Art Abstrait’’ ! ha ! ha ! ha !

Ça me rappelle mes ‘’débuts’’, sur la rue Boyer,
qu’est-ce qu’on a pu rire ! ! ! – avec mes amis,
en parlant de ces ‘’gens de biens’’ qui passent
leur vie à peindre de l’ ‘’Abstrait’’, j’avais inventé
un surnom pour les décrire : l’art ‘’des-
gens-qui-dorment-en-pijama’’ ! !

C’est peut-être simple, mais quand on est
jeune et ricaneuse comme je l’étais avec mes
amis ! ! Cette expression nous a fait rire si sou-



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8

vent ! Nous imaginions même qu’ils avaient
peut-être gardé leur pyjama (et va voir, peut-être
une ceinture- de- chasteté ?) sous leurs habits propres,
les soirs de vernissage ! ! !...

Comme il était bon alors d’avoir le cœur
si léger et d’être des ‘’artistes’’, pendant que
nos parents se torturaient et se rendaient
littéralement malades à cause de leur confusion
intérieure et intellectuelle sur les nouvelles
valeurs, et tout, et tout…ou ce que le pape
Jean-Paul appelle si ‘’gentiment’’ en nous enjoignant
de vous comprendre : ‘’…ceux qui ont vécu
la révolution SOCIALE…’’

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(Bio., page : 1314 (23 janvier 1985)

***** (Autre extrait de la lettre précédente à sa mère.)

‘’…Enfin, pour en revenir et en terminer concernant
‘’ma peinture’’ : il est évident qu’une œuvre aussi
OUVERTEMENT remplie de la nature, d’hommes et
de femmes nus se promenant librement, d’animaux,
de poissons, d’oiseaux et de fleurs aux milles
couleurs, ne peut qu’être difficile à ‘’avaler’’
pour les critiques d’art québécois qui ont tous

10

été élevés par ‘’des robes noires’’ et bien enrégimentées
dans des paroisses et districts électoraux
où le crucifix ‘’pointait’’ pour qui tu
devais voter ! !
Résistance aux changements, malgré Vatican 11,
malgré leur Révolution ‘’TRANQUILLE’’ ! ! !

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On appelle ça : les ‘’mentalités’’, l’évolution
des mentalités…il paraît que c’est partout
pareil : c.à.d. ‘’C’EST BIEN LONG !’’

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(Bio., page : 1321) (25 janvier 1985)

***** (Extrait d’une lettre à sa sœur Marie- France.)

‘’…Il me faut me mettre au monde comme artiste,
je suis ‘’trop grande’’ pour attendre plus longtemps…

C’est dans la contradiction et la division qu’il me
faut monter à l’assaut des éditeurs, galeries, critiques
d’art…je n’ai jamais eu la force de le faire…mais
je n’ai plus la force non plus de demeurer une artiste
‘’underground’’…les ‘’caisses’’ de peintures et de textes
qui moisissent dans ma cave…commencent à
me faire ‘’honte’’…si même ma propre mère, tout
comme mon père jadis, et les critiques d’Art (…’’ces ratés
sympathiques’’…) ne veulent pas voir cette peinture…
si ma mère dit qu’elle n’y voit que ‘’douleur et folie’’,
si mon père dit qu’il n’y voit que ‘’bêtise et perte de temps’’,
si les critiques d’art n’y vient que ‘’drogue et pornographie’’,
comme ils le prétendent…
‘’MOI’’, je sais que tout cela est faux. Que cette peinture
est un monde de rêve, de magie, de nature et
qu’elle contient toute l’Acadie, celle d’Elisa, du
Nouveau-Brunswick ; celle de la Paroisse de Lafayette
en Louisiane où je suis allée jadis, celle de ‘’Huntsick’’
et des ‘’débuts’’ de la rue Boyer où je vivais avec ma jeune

3

mère de 23 – 24 – 25 – et 26 ans, qui, comme une Ophélie
était belle et s’ennuyait du ‘’pays’’, qu’elle me racontait
sans cesse d’une façon bien plus ‘’vivante’’ et merveilleuse
que les insipides Contes de Tante Lucille !...ne le raconte

Page 300

pas : c’est une confidente…mais : elle me parlait même
parfois en…ANGLAIS…Bien sûr pas pour m’apprendre
l’anglais ! Seulement pour ‘’raconter’’ les personnages de façon plus vivante…(mais je retins aussi…l’anglais…’’

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(Bio., page : 1334) (25 janvier 1985)

***** (Autre extrait de sa lettre à sa sœur Marie-France.)

‘’…Aujourd’hui ?...
Je crois que j’ai acquis ‘’le respect’’…
…sans lequel je ne mesurais pas l’importance
et la valeur et la Réalité de l’Art.

22

Respect de l’Art.

Crois-moi, le monde est bien sourd, fermé.

Le monde, pourrait peut-être même mourir
sans l’Art du tout,
mais,
IL NE LE SAIT PAS…

Il faut recommencer…
Il me faut reprendre l’art en main
Je sais maintenant que ça ‘’importe’’.

Mais je ne suis pas vraiment moins fragile
et sensible qu’en ma première jeunesse…

Le monde où je DOIS me mouvoir et trouver
le courage de ‘’produire’’ et défendre la
‘’VOIX’’ de mon travail, n’est pas moins ‘’sec’’
et désertique qu’avant…

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la chaleur et l’encouragement de ton
amitié, et ton amour du Beau…m’ai-

23

deraient…et aiderait l’Art autant qu’avant
à naître, trouver forme et raison de
vivre.

L’entourage d’un artiste est pour beaucoup
dans son œuvre, je le sais.

Ce que tu appelles parfois, ‘’ne pas savoir’’,
moi j’appelle cela la disponibilité, l’intelligence
et la sensibilité de sentir la richesse du
monde, savoir qu’il n’est pas facile de ‘’choisir’’
parce que l’on a la conscience intuitive
que les possibilités sont ‘’multiples’’,
qu’il n’y a pas que le blanc et le noir,
le bon et le mauvais choix,
mais toute la ‘’multitude’’ des couleurs
de la gamme…de l’ensemble des sentiments,
sensations, émotions…perçus…
…percevables…
Cet univers, pour un artiste, cela ne s’appelle
pas ‘’ne pas savoir’’, cela s’appelle : LA MAISON
DE LA LIBERTÉ…de l’AIR…

24

Vois-tu parmi les amis que je peux me
faire pour ‘’le monde intérieur de l’art, de la
sensibilité, de la couleur et du mouvement’’,

qu’ils soient intellectuels ou non,
eux-mêmes, artistes ou non,

vois-tu
il m’arrive plutôt rarement de rencontrer

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des personnes qui connaissent ‘’en même
temps’’, comme moi, le ‘’space’’ du Québec
ET le ‘’space’’ de la lande et du vent
d’une petite île…comme Lamèque…
et de la mer…

tu vois ?

l’art c’est surtout une question de ‘’LANGAGE’’
…faut ‘’pratiquer’’ aussi, des fois, pour ne
pas perdre sa langue natale…’’

Monique

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(Bio., page : 1357) (14 février 1985)

***** (Extrait d’un texte/lettre.)

‘’…Et puis des questions d’économie, c’est le
‘’mini-bricks’’ du monde ; on en a vu, on
en voit et on en verra encore…c’est
pas dans la catégorie ‘’grave’’, non ?...?...
Je veux dire, on a des ressources (documentation) là-dessus,
non ? Beaucoup de codes aux arcs de nos
imaginations ?...C’est notre spécialité depuis que le
monde est monde, non ?

‘’Incitation’’, il me semble que ce fut souvent

8

notre talon d’Eschiles…
Enfin chacun son idée !
C’est toujours le ‘’coup’’ du Club de Rome, qui
revient entre la presse et moi !
Mais le vieux ‘’coup’’ de Breton et Fernand Léger
dans la préface au Troisième Manifeste du Surréalisme

Page 303

avec peurs médisances sur l’art prolétarien !
Pourquoi…des morceaux de cette médite
de la mauvaise foi semblent-ils parfois…
comme se réaliser…par la porte de derrière,
toujours par la même porte d’économique
de derrière !
On se fait toujours ‘’pincer’’ à la sortie !
Pourtant on n’a pas ça d’écrit dans le front,
il me semble…
On les a nos ‘’arts’’, là n’est pas le problème !
On se fait toujours ‘’emboîter’’ dans une
ou l’autre des étapes de la DIFFUSION ! ! !
Quand c’est pas dans les trucs économiques
qu’on s’accroche le pied…c’est dans ‘’les mots

9

qui le disent’’…quand on ne nous traite pas
de huron- à-‘’plume’’ ou de folklos…c’est la
nouvelle injure : ‘’native’’…et c’est reparti !
Ha ! Bichette ! C’est pas bien drôle des jours…


…’’

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(Bio., page : 1360) (14 février 1985)

14 février 1985

7ième TEXTE

vous vous dites sans doute que je suis
une artiste.

vous pensez que je suis très ‘’originale’’

vous vous souvenez sans doute de mon

Page 304

manteau de fourrure de Mouton de
Mongolie, oranger, ombragé de noir,

voici ce qu’est ma vie :

LETTRE DE P. P. ***** (Architecte sur l’un de nos projets.)
SUR LES DROIT D’AUTEUR.
‘’…vos murales étant construites à même les murs du bâtiment
je puis les signer moi-même et tout également en va-t-il de la
Compagnie Calcicoat qui a obtenu la sous-traitances des murs
intérieurs : car je suis le
maître d’œuvre de tout le chantier, moi, l’architecte’’

Je ne crois pas qu’il en soit plus drôle
pour les autres artistes, esseulés, chacun
en eux, comme moi, ‘’solitaire dans la foule,
comme (plusqu’) en foret’’. (1)

(1) Claude Dubois, compositeur.

2

…quand j’entends dans le Média
au sujet de l’édification d’un palais
de congrès d’une métropole que…
la matérialité n’ayant pas abouti
exactement selon les plans et devis
escomptés…

On ‘’parle’’ que les artistes pourraient
peut-être sans ‘’trop de mal’’ amputer
à la scie-ronde une partie de l’œuvre
Sculpté…plutôt que d’agrandir le trou
prévu pour les portes…

Aucun sous-traitant, en cette fin
de vingtième siècle, ne saurait comment
agrandir l’espace nécessaire à l’œuvre
d’Art…

Page 305

Sans même, ni violence, ni bavure, je
crois qu’à la hache, j’y arriverais…

3

et le monde ‘’interlope’’ comme on dit ?
Même eux ?
Le Média montre pourtant bien des
murs volés en éclat pour des règlements
dont le compte s’élève moins
dans la Visibilité que celui d’une
Œuvre d’Art…

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(Bio., page : 1442) (15 mars 1985)

***** (Extrait d’un texte.)

‘’…Ma peinture…totémique qu’elle est tout
au plus. Parle de tout dans la vie, oui,
mais montre : le merveilleux des choses.’’

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(Bio., page : 1447) (19 mai 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Prenons un exemple :
si une expérience particulière, sans peut-être
vraiment changer ma vision-du-monde, change
cependant ce que j’en pense, la hiérarchisation
que j’en fais, etc…

Cela me fera me sentir ‘’autrement…nouvellement’’.

Cela me fera me ‘’poser’’ autrement par rapport à

Page 306

certaines choses.

Peu à peu cela investira mes écrits.

Cela tendra à modifier mes rapports avec les gens (et
non à les rompre, sauf si j’insiste bêtement pour qu’eux
et moi restions dans le même rapport’’ sans envisager que
j’ai peut-être de moi-même pulvérisé ce rapport en
me modifiant et en me resituant dans le réel…n’est-ce
pas ?)

Cela peut marquer une césure radicale dans
la thématique même que je pourrais traiter en
peinture…j’ai déjà vu le phénomène s’opérer
chez certains peintres sans en comprendre le ‘’pourquoi’’.
Même chez un peintre que j’avais connu personnellement
il y a 15 – 20 ans : Jordi Bonnet…tous (La Presse)
crurent ou à une conversion subite (passé), ou à une vision
futur (sa maladie), etc…quand à moi qui vois toute
peinture comme abstraite et concrète tout à la fois, je
commençai à me demander ce qui était arrivé, où et
quand, et quoi l’avait enfin décidé à exprimé cette
‘’part’’ de l’imagerie universelle : selon ‘’cette’’ esthétique
(c’est vrai qu’il était d’Espagne, il y avait perdu son bras) ; à
l’exclusion des formes habituelles de son expression : des thèmes ?
Rien ne ‘’prouve’’ de changement dans les thèmes à mes yeux.’’

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(Bio., page : 1449) (19 mars 1985)

***** (Autre extrait de la même lettre à Michel.)

‘’…Donc, faire comme tout artiste, c’est-à-dire : ‘’feu de
tout bois’’ en tant que moyens et matière à création,
réflexion, invention, découverte, etc…’’

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Page 307

(Bio., page : 1451) (19 mars 1985)

***** (Autre extrait de la même lettre à Michel.)

‘’…J’ai même connu personnellement (les 4 ou 5
dernières discussions importantes de sa vie), vers 1967
je crois, Henri Charpentier, fondateur des Beaux-Arts
à Montréal (au Québec) en 1927, ami de
Modigliani, maître de Soutine… : au début
de sa carrière, quand il avait mon âge (en 1967)
il avait travaillé avec Eiffel (de la tour) au
premier laboratoire d’aéronautique en France.

tout ce feed-back, ‘’abreuvement-en-retour’’,
m’amène aussi…me ‘’re-donne’’ devrais-
je dire, un jugement très précieux aujourd’hui
qu’Henri Charpentier, dans un contexte bien
particulier, dont je me rappelle et que je comprends
mieux à 37 ans (message de son lit
d’hôpital il me fit transmettre par François Paris
- de chez Art-tec et galerie Paris) : ‘’etc…excusez-
moi auprès d’elle de…etc…quoi qu’il en
soit elle a un message, elle a une force,
cette femme !’’…je dois avouer que de
toute façon, à cet âge, je ne pouvais pas
me reconnaître dans l’expression ‘’cette femme’’

8

…je connaissais la vision-de-la-femme du vieux
et je crus qu’il devait délirer et s’être trompé
sur mon nom, et qu’il devait parler de
la peinture de quelqu’un d’autre…une
‘’femme’’, c’était quelque chose de lié à l’âge
et plus vieux que moi.
Pourtant, il m’avait bien expliqué Pablo
Casals et sa difficulté de reconnaître la musique
dans le rock, et tout….et tout…

Page 308

Je vois et comprends mieux aujourd’hui,
non seulement ‘’ce que voulait dire’’ Charpentier…
mais aussi ‘’pourquoi’’ il fallait
qu’il dise et explique ces choses-là.

Peut-être est-ce cette maturité qui me
fit tant apprécier récemment l’entrevue
télévisée que j’ai de Moravia.

Comprends-tu le processus d’harmonisation dans
‘’la bouilli-pour-les-chats’’ qu’était encore
il y a deux mois tout ce secteur de mon expérience ?
Il me semble que tel que ce déroule maintenant
ce secteur : ‘’fluently’’, je peux comme…l’oublier
et, non plutôt : cesser d’y penser en toute quiétude
et m’en servir au besoin sans autre arrière-
pensée…sauf peut-être cette idée que j’ai
depuis quelque temps que je devrais peut-être
écrire et raconter au sujet de tous ces peintres
que j’ai connu ‘’hors’’ des circuits officiels…il y
en a beaucoup…René Richard, Vincelette, Giunta,
Jorge Flores de Siquièros, le président et vice-présidente
- j’oublie leurs noms, pas notre rencontre,
je dois avoir ça dans mes ‘’dossiers’’ et même un
petit dessin je crois – de l’Association des Artistes derriè-

9

re le Rideau de Fer – faudrait retrouver le nom exact,
ai des photos d’eux quelque part – J. James de Jamaïque
- ai photos de sa ‘’sculpture’’ ; il est surtout
connu en Europe pour sa ‘’peinture’’, etc…

Autre exemple de ‘’lieux de tourments’’ qui se
résolvent somme tout facilement d’eux-mêmes :
toute l’affaire culturelle et religieuse,…
depuis que je ‘’défends’’ ma collection de
bijoux, je n’ai plus ‘’besoin’’ de ‘’défendre’’ individuellement,
continuellement, tous ceux et celles qui

Page 309

me les ont enseignés et inspirés…

Tu vois, comment ‘’ça marche’’ ? Du moins,
c’est ce qu’il me semble observer ? ? ? ?...

Alors j’aimerais mieux, si ce qui précède te semble,
logique, humain, correctement ‘’pensé-vécu’’,
…j’aimerais mieux me creuser moi-même les méninges
pour inventer-découvrir des ‘’problématiques’’
qui ‘’m’intéressent’’ avec des idées et des questions à
moi…qui se posent AUJOURD’HUI (non hier) à mon
imagination au sujet des…’’souvenances’’ disons, que
j’ai noté la semaine dernière…mémoires en
provenances des ‘’états altérés’’ de la santé, que j’ai
pu connaître…

Par exemple : poser une hypothèse et élaborer 3 – 4 questions
précises sur le fonctionnement de la perception
dite ‘’psychédélique’’ ; c’est un aspect de la perception
(côté visuel) sur lequel j’ai beaucoup de documentation
et expériences. Et voici qu’ ‘’un’’ aspect VISUEL
du délire dû à la fièvre (Malaria : dans l’avion), un as-

10

pact dont je me souviens (la ‘’valeur’’ de mon souvenir
vaut bien celle des souvenirs de ceux qui ont absorbé
des psychotropes, non ?...c.à.d. ‘’relative’’…et pourtant
‘’plusieurs’’ ne se sont pas gênés pour élaborer et publier
à partir de ces ‘’souvenances non-vérifiables’’
des tas de données sur la perception qui continuent
d’influencer la conception du monde qu’artistes
et médecins diffusent encore…)
donc un aspect visuel dont je me souviens : questionne
mon intelligence, ma mémoire, mon associativité, mon imagination…

J’aimerais bien mieux commencer à ‘’parler’’ de
ce qui a été et demeure encore, un temps de
‘’confusion’’…de cette façon disons : UTILE.

Page 310

Que de la façon chronologiquement ou symptomatiquement
‘’normale et traditionnelle’’…rien
que d’y penser, ça y est, je sens ‘’le cœur me
lever’’…et pourtant je sais qu’il faut parler,
du moins POUVOIR parler de tout.
Premièrement parce que le ‘’temps n’arrange rien’’ : ça
ne veut pas se refouler complètement et gentiment et
poliment, comme j’aurais souhaité…
Deuxièmement, parce que les dernières expériences
(3 – 4 mois) semblent laisser entrevoir un ‘’moyen’’
plutôt facile (comparé à ce que je présumais-craignais)
…disons…d’user, gaspiller, banaliser ‘’ce’’
qui m’embête ou m’effraie.
J’ai l’impression que là où le temps et la raison
n’obtiennent ‘’qu’empirement’’ de l’importance
du ‘’moindre détail’’’ l’art, la curiosité et la créativité…
clairement la voie comme un rouleau
compresseur…

J’aurais même le goût, rendue ici, bien que je

11

ne sache pas quelles sont tes réactions et opinions
à tout ce que je trace et affirme à l’emporte-
pièce depuis dix pages…
j’aurais quand même le goût de ‘’badiner’’
dans un langage que je connais et qui me le
permet donc :
‘’c’est bien de l’étourderie de ces occidentaux,
confiait le vieil Holyman à son voisin, de s’esquiver dix
ans à ouvrir le troisième œil et retourner au trafic
de la maya, sans même une pensée pour l’apprentissage
de sa fermeture !...’’
‘’Mais que croient-ils donc voir de mieux, répondit
le compère, en ne voyant que l’envers, plutôt qu’en
ne voyant que l’endroit ?’’…
Sourires.’’

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Page 311

(Bio., page : 1495) (9 avril 1985)

***** (Extrait d’une lettre écrite à sa fille Cybèle.)

‘’…D’ailleurs, soyons réalistes, pour le peu
que tu en connaisses, tu le sais bien toi aussi
que : ma ‘’peinture’’ n’a rien à voir ‘’plastiquement
et esthétiquement’’ avec la peinture
‘’officielle’’ que font les ‘’autres’’ personnes de
mon âge…tu vois…’’

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(Bio., page : 1508) (13 avril 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…À Michel,

Voilà ce qu’il faut que je dise à Cybèle ‘’dans cette circonstance-ci’’.

Tu me reproches de prendre mon temps ?

‘’Toute ma vie’’, ‘’tout le monde’’ m’a toujours reproché de prendre mon temps. Alors ? Tes propos ne me prennent
pas ‘’exactement’’ au dépourvu.
Je ne courre pas pour être la plus parfaite.
Je veux seulement toujours m’assurer que je fais ma part le mieux que j’en suis capable.

Je suis lente, oui.
Certains disent : ‘’looser’’
d’autres que je vis ‘’under’’ de moi-même
d’autres que je me cache quelque chose
d’autres…tous ont des mots et des raisons pour condamner l’imperfection, les erreurs et surtout tant et tant
de Raisons pour ‘’être pressés’’ et idolâtrer ‘’le rush’’.
Moi j’aime mieux ne pas ‘’polluer’’ les dialogues INUTILEMENT. Parler moins, mais au moins dire des choses
qui ‘’disent le plus possible ce que j’éprouve’’. Effectivement ma manière n’est pas davantage ‘’garantie d’éclairement’’.

Page 312

Ça je n’en vois pas de recette. Mais au moins, en me

***** (Page suivante.)

‘’re-rencontrant’’, (mes mots, mes dires, écrits ou dessins), je peux reconnaître que c’est moi-même qui avais dû éprouver
cela pour telle personne, ou telle chose, en telles circonstances, ‘’en tel entendement.’’
Ce que ça fait ?
Ça fait que je ne comprends pas toujours ni la vie, ni ma vie, mais ça fait que je RE-CONNAIS les être et situations et
mes propres éprouvements face à ceux et ça m’aide, sinon à comprendre mieux les autres, au moins à les
‘’sentir’’ ‘’Personnellement’’. Présence.’’

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(Bio., page : 1513) (15 avril 1985)

***** (Extrait d’une lettre à sa fille Cybèle.)

‘’…pour cette fois-ci ! (soupir !) – faut bien que je
me ‘’venge’’ un peu pour me consoler de ne pas
être ‘’le-maître-du-monde-qui-arrangerait-
toujours-tout-à-son-goût’’, non ? ! ! ! Ne pas
pouvoir peindre la vie à son goût comme un
tableau ! ! ! quelle déception tout de même pour
une artiste, tu admettras, non ?’’

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(Bio., page : 1520) (15 avril 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…En même temps que, l’ ‘’inéluctabilité de l’être’’ émergeant, est occultée : Minerve. Minerve, les arts,
les sciences et les Lettres…Les sciences surtout pâtissent en cette époque-ci où la recherche est bannie.

Je m’achèterai un beau cheval.
Et je parcourrai chemins déserts, villes et bourgs.

Page 313

Et je dirai que Visible est la Beauté. Visible aux yeux physiques du corps et non de l’imagination. Et je dirai
que la Vie existe : à l’ ‘’état libre ‘’ : partout.
Pour éviter que l’on ne se méprenne sur le sens de mon ‘’image’’. Je dirai : ‘’je suis Celle-qui-n’a-aucune-utilité’’.
Aucune, je le dirai doucement, tout doucement en parcourant doucement ma promenade.’’

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(Bio., page : 1521) (15 avril 1985)

***** (Autre extrait de la lettre à Michel.)

‘’…Pour moi, ramener les faits et modes culturels de communication à l’interprétation qui peut en faire une
affaire de famille, une affaire de femmes, ou une affaire de sentiment, ou une affaire d’erreur, de bien, de mal,
d’honnêteté, de peur ou d’affirmation de soi, etc…’’scrupulosité et jansénisme’’ : voilà comment cela sonne à mon esprit.

On dit autrement : interprétation freudienne de la phénoménologie existentielle, c.à.d. comme je te le disais un jour
au sujet de ma perception du caractère personnel de Freud (1) : romantisme et réduction de l’univers à ses dimensions
familiales et amoureuses. L’approche du charme et du tourment scrupuleux.
ma perception d’Avant que je ne la confronte avec celle de Michel et la culture. Depuis,
‘’Moise’’ le monothéisme tout ‘’totem et tabou’’ m’apparaissent tout autrement. Et Freud ?...peut-être…
l’un des grands artistes de notre siècle : une grande écriture et une vaste pensée. Je croyais qu’il nous avait
apporté le jansénisme mais je vois au contraire quelqu’un qui du beau milieu du jansénisme parvint à venir
jusqu’à nous, dans le champ du réel dans une ‘’mesure’’ très honorablement grande pour un écrivain.’’

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(Bio., page : 1530) (Avril 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)



Page 314

‘’…2 – Revenons à l’objet no 2 de cette démarche de 1973. Depuis une couple d’années, je m’interrogeais sur
la spécificité de la conception que je me fais de l’Art. Rien que de plus normal à cet âge-là dans une démarche
normale de jeune artiste.
‘’Cependant’’ depuis la dernière année (1972) un facteur particulier m’était apparu ‘’soudainement’’
et qui alors, me troublait…beaucoup même.

***** (Page suivante.)

Tous les autres peintres que je connaissais, jeunes et vieux, en plus de chercher leur voie comme moi, avaient
beaucoup de temps et d’efforts ‘’à consacrer’’ à l’aspect technique de la réalisation de leurs tableaux. Ce que
je veux dire, c’est que, toutes proportions gardées ‘’les autres’’ devaient PEINER techniquement pour EXÉCUTER
leurs dessins et tableaux, là où (difficulté pour difficulté, facteur technique pour facteur technique),
moi je réalisais ‘’en général’’ d’un premier jet tout ce que je projetais de réaliser…
Je n’ai jamais, ce que l’on appelle ‘’mal dessiné’’, ou ‘’fait des couleurs sales’’, etc…
comme si je n’avais pas eu à ‘’apprendre’’ cette étape-là à laquelle les autres semblaient ‘’tous’’ soumis.
Il suffisait pour moi de ‘’taire le monde’’ comme il faut en moi, de bien construire et voir mon motif et/ou mon sujet…
puis de le RE-produire sur la toile. Point.
J’en étais venue à croire que je ne faisais que ‘’copier’’…que donc peut-être : je n’avais aucun talent réel en peinture…
qu’il vaudrait peut-être mieux abandonner cela à ceux qui ‘’peinent pour l’Art’’ etc…ha ! ha ! ha !
Ne t’inquiète pas, je n’ai plus ce ‘’problème-là’’ : je SAIS que c’est moi qui construisais les images que je peignais.
Je sais ‘’comment’’ j’évitais cette phase-de-maladresse où beaucoup s’embourbent longtemps. Et je sais comment
l’enseigner, et via l’enseignement approprié : tout le monde peut y arriver. Note : passé 30 – 35 ans l’apprentissage
est plus difficile pour cette ‘’méthode’’. L’âge idéal se situe entre 14 et 17 ans. En bas de 12 ans la méthode est nettement
inefficace. Toutes les observations pédagogiques quant aux ‘’causes’’ de la subdivision des groupes d’âge me permet
d’en comprendre les fonctionnements et raisons suffisamment pour les expliquer et en discuter. Le nombre de personnes
et de groupes à qui j’ai enseigné selon ma méthode est assez grand et varié pour m’avoir éclairée.’’

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(Bio., page : 1537) (20 avril 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…L’homme aimerait sa prison plus que tout au monde, disent plusieurs…et suppose qu’au
mieux, aimer son prochain comme soi-même, cela veut dire : s’empresser de l’enchaîner aussi…

le prisonnier de Chillon, pourtant ?...
Je ne crois pas que Byron ressemblait aux autres hommes…tous s’agitent autour du chatoiement de la création,
mais peu, bien peu s’y abreuvent…
Byron était un artiste…et la Chevalier Harold…non, on ne peut rechercher dans la société, le regard existentiel
que pourtant l’on rencontre infailliblement chez tous les artistes, de tous les temps, et de tous les continents…
même chez ce vieux bastard de Henry Miller…même Updike…tous, tous. Ils sont là. Nous avons besoin de leur
contact pour approfondir les outils planétaires de notre métier ; ce faisant nous apprenons à les comprendre et
les connaissant, nous les aimons…cet amour nous comble évidemment, puisqu’il est si totalement total chez chacun d’eux…

Puis le reste du monde nous laisse, longeant une rue, adossée au bas ou au haut côté d’un mur, regardant frileusement
passer nos frères, tous à leur affaire, de densité si tenue qu’un coup d’œil les traverse et ne voit…que les arbres autour
de leurs petits parcs de travail et de maisons…

Et le cortège des petits-pêchés-sans-conséquences envahit la ville…vite il faut savoir se détourner à temps, car ces
scrupules infinis où se débattent les êtres dont la domestication tronque le ‘’soi’’ inéluctablement, nous peinent…l’amertume
des limitations humaines ne doit pas se répandre dans notre regard et nous aveugler devant la toile et la feuille
blanche qui attendent un mot de nous…un mot…un mot humain.’’

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(Bio., page : 1547) (25 avril)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Quoi qu'il en soit : je me connais et SI

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j’ai ‘’déjà’’ ainsi supputé des tenants et aboutissants des comportements de ‘’ma famille’’, ALORS, je sais que
j’avais obligatoirement posé un jugement de valeur
et de conséquences sur ‘’moi-même et eux’’ qui a dû régir mes actes ET mes sentiments par la suite…

sinon ? – Rien de ce qui est ‘’peint’’ dans ‘’ma cave’’ n’y serait. Ces tableaux prouvent d’après ce que je sais
de moi que : j’ai agi librement.
Autrement, ils n’y seraient pas pour témoigner de moi.
Je n’aurais pas agi ‘’sans savoir’’, d’une part je n’aurais pas, ni écrit, ni peint : non-librement, d’autre part.

Ce comportement, à tord ou à raison : me représente bien…mes idées sur la hiérarchie des priorités tout autant
que la conception que je me fais de l’ ‘’expression et l’authenticité’’.

Ne pas savoir, c’est une chose.
Le répandre volontairement de façon inconsidérée détruit la vocalité de l’exprimant plus que l’environnement
que cela pourrait atteindre.
La vérité n’est qu’un point de convention entre entités pour les fins de la communication, fonction de langage.
La sincérité affère au locuteur lui-même dans ses rapports à l’existence même.
Agir en fonction de ce qui est ET de ce que l’on est en sorte qu’advenant toute modification à ce qui est ou à
ce que l’on est, l’on soit toujours en position de ‘’découverte’’ et non de ‘’regret’’…
tu vois un peu…’’

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(Bio., page : 1552) (25 avril 1985)

***** (Autre extrait de la lettre à Michel.)

‘’…Parfois, et c’est le cas pour la plus part des amis de Minerve, la coïncidence de point-de-vue, donc de Vision
est constamment rompue par la volonté du Conteur de sciences tout comme d’arts…

Dans ce dernier cas,


Page 317

cela insécurise parfois ‘’plusieurs’’, mais comme on dit ‘’ils ne sont pas tout seuls’’, justement ils sont à plusieurs
pour nier ‘’les faits’’…jusqu’à ce qu’ils s’y adaptent !...et finissent comme juste par les considérer comme ‘’leur’’ Histoire !
Cependant que pour le Conteur-de-menteries-nouvelles, qu’elles soient d’Art ou de Science : le fait n’a rien de ‘’trop’’
insécurisant parce qu’il résulte d’un effort consenti et même recherché…
…quoique, bien sûr, là aussi…on ne découvre pas toujours ce que l’on recherche, mais bien, ce que l’on trouve…
et le sourcier lui-même peut s’effrayer parfois de voir jaillir le noir pétrole, plutôt que la transparente eau vive,
là où il avait indiqué que l’on creuse…

Enfin tu vois un peu comment ‘’marche’’ le système de perception dans sa ‘’conscience-de-soi’’ tel qu’on s’y attache
à ce moment-ci de notre Histoire, et dans les mots de mon historiette.

Alors voilà.
Dans le ‘’stock’’ où nous nageons selon l’idée qu’il s’agirait des paramètres de ma-vie-la-vie-de-Monique…
il faut savoir que pour chaque ‘’point’’ : une multitude de ‘’possibles’’ peuvent ORGANISER chacun d’entre
eux en ‘’tales of an intelligible line’’…

Oui, ‘’reconnectée’’ ai-je probablement été.
Oui, selon une ligne aux possibles bien ‘’probables’’ à la lumière de plusieurs aspects culturels, historiques, etc…

Et pourtant le résultat d’une ‘’si belle’’ chirurgie ne peut se sentir psychologiquement ‘’fitted’’’ car il exclut beaucoup
des nécessaires choix possibles, tant passés, que présent et à venir pour que puisse s’organiser harmonieusement ‘’tout’’
les points…du point de vue d’une artiste.

De plus

‘’là’’ où je semble connectée ‘’avec l’Histoire des autres’’ me semble….’’déjà-vu’’…

Impression d’avoir été re-connectée, sur une voie que…j’aurais ‘’déjà’’ rejetée, il y a longtemps.

Et que je suis…en train…de rejeter…encore.

Ai-je ‘’montré’’ mon histoire ?’’

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(Bio., page : 1593) (10 mai 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Remarque que j’ai…de l’amour, peut-on dire, pour ceux qui volent des tableaux pour eux-mêmes
(pas pour la ‘’revendre’’ : pas pour l’argent),…ils m’arrachent toujours un sourire…
je me dis : ça c’est le vrai ‘’amateur’’…
ça, c’est la personne pour qui
nous peignons au fond, nous les peintres…
ai-je raison ?
Il me semble toujours que dans ces cas-là nos tableaux sont dans les meilleures mains possible, c’est-à-dire
dans les mains de quelqu’un qui doit les aimer vraiment, à qui ils sont ‘’utiles’’, qui en a besoin. Quelqu’un qui e
n prendra meilleur soin que quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui ‘’sans le savoir’’ : conserve et abrite le patrimoine
avec passion…pour l’ensemble de la communauté.
Bien sûr, c’est parce que je n’ai jamais pensé que l’on ‘’pouvait’’ acheter une œuvre d’art : tout au plus paye-t-on
pour être la personne qui la conserve pour un temps et la ‘’porte’’ pour les autres dans la ‘’procession’’ continuelle
qu’est la vie de l’Homme…je ne crois pas que l’art ‘’puisse’’ appartenir à quelqu’un en particulier.
Ce n’est pas curiosité,
C’est nature.

Ces choses-là sont à tous et probablement…De tous.’’

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(Bio., page : 1638) (16 mai 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Comme je blague souvent Robert : ‘’mais serais-tu en train de t’imaginer que tu sais ce que tu penses, ma parole !’’
(Robert comprend mon humour existentiel. Ça en fait au moins un !)

Comment pouvoir se parler soi-même en toute simplicité si on ne sait pas qui on est.

Page 319

Et comment savoir qui on est si on ‘’se voit’’ si rarement au fil-des-jours, que l’on ne peut même pas se RE-CONNAÎTRE
quand on se rencontre soi-même au hasard !

Les artistes pourraient peut-être sans trop nuire ‘’à la recherche pure’’ comme ils disent, consacrer une esquisse ou deux,
de temps en temps pour MONTRER le portrait ‘’actuel’’ de l’être humain, non ?

Une quantité ‘’suffisante’’ de portraits m’apparaît nécessaire dans une société pour que l’individu puisse se re-connaître
lui-même. C’est pas trop demander, il me semble, ‘’sans perdre les acquis’’ comme tous craignent tant,
ce qui veut ‘’toujours’’ dire en art : SANS revenir à l’Expressionnisme.

Moi tout ce que je réclame, c’est pas l’ ‘’-isme’’ : c’est l’Expression.

Non seulement, la ‘’voix humaine’’, ça n’a pas d’âge en soi…mais, pour moi-même, j’en viens à me demander si l’on ne
peut pas crever carrément en cas de carence-trop-avancée d’Expression… quelque soit notre personnalité, notre
situation, notre I.Q., notre condition matérielle et tout et tout…

C’est une question-qui-se-pose en tout cas. Oui, bien, ‘’posable’’.

Aimez, aimez, il en restera toujours quelque chose !
Ouais ?
Où au juste, et quoi exactement.’’

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(Bio., page : 1642) (16 mai 1985)

***** (Extrait d’une lettre à Michel.)

‘’…Vois-tu, Michel…
moi la Nature m’abrita quand j’étais jeune.
Dans ses sons, ses lumières, ses couleurs, ses mouvements…tant d’Amour et de Beauté. Comme dans la légende
de Remus et Romulus, la louve…peut-être.

Même si cela me donna un langage, des goûts, une allure que le monde social appela : artiste…peut-être peux-tu
comprendre pourquoi
pour moi, tout cela demeura plutôt amour-de-la-nature que profession.

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Peut-être que cette relation ‘’personnelle, à la Nature paraissait encore à l’adolescence ; et peut-être est-ce pour
cela que ‘’plusieurs’’ tiennent tant, m’ayant alors surnommée Ti-Loup, à me conserver ce sobriquet jusqu’à l’âge
d’aujourd’hui lorsque l’intimité du ‘’privé’’ passe entre nous.

Au fait…quelque chose d’important m’est arrivée là-dessus, je crois en fin de semaine.

Du moins, c’est ce que je crois.

Marie-Claire a pris la décision d’annuler ses cours en Art pour six mois. D’abord elle part en Grèce dans une couple
de semaines pour marcher ‘’sur la véritable terre’’ comme elle dit du Péloponèse et de…l’Arcadie Antique.
Il s’agit d’une expédition privée de quatre semaines qu’elle a organisée avec une autre fille qui ‘’a de l’expérience acquise’’
dans les voyages-à-pied…oui ‘’à pied’’ iront-elle…elle n’avait pas encore entendu parlé de ma fable où j’irai sur
un beau cheval…non.
Je l’appris comme toi aujourd’hui lorsque ce fut chose rêvée-faite-organisée.

Ça, ça n’est que l’état d’esprit.
Le but de ces six mois sabbatiques sans études aucune, dans aucune classe d’Art, figure-toi que c’est parce qu’elle a
‘’trop de chose personnelles à l’intérieur’’ d’elle, dit-elle, qu’elle doit exprimer avant de poursuivre son
apprentissage ‘’technique’’ (elle dit toujours qu’il lui manque de techniques et qu’il faut savoir tout ça pour faire
de l’Art…elle sait que je n’ai pas trop de tendances à acheter cette idée-là, mais elle continue de me la ‘’marketter’’)

Marie-Claire, wathever it could be, prend ‘’du temps’’ pour sculpter À COMPTE d’AUTEUR !
Pardon, je veux dire…pour dire ce qu’elle a à dire pour elle-même et pas…pour faire de l’art au service de l’Art,
‘’comme’’ l’Art aime bien se faire servir, tel que ses études académiques des trois dernières années l’en avaient
convaincue dur comme fer…
Ce que j’en dis, moi…
C’est que, bien sûr, sa voie propre n’a pas à ressembler à la mienne ; et bien sûr, en principe, elle est la seule vraiment
placée pour savoir ce qu’elle veut faire…
mais
tout de même !
Quand je l’entends parler de l’apprentissage de la connaissance et de l’art…j’ai souvent l’impression d’un
véritable esclavagisme. Peux pas m’empêcher de gueuler

***** (Suite : Image numéro img135